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José Martinez : d’étoile à directeur de l’Opéra national de Paris

4 mai 2023
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 © Jacopo Medrano

Le 28 octobre dernier, Alexander Neef, directeur général de l’Opéra national de Paris, a nommé José Martinez directeur de la danse ; il succède ainsi à l’ancienne danseuse étoile, Aurélie Dupont.

Un parcours hors du commun

Après avoir suivi une formation prestigieuse au Centre International de Danse de Rosella Hightower, José Martinez remporte en 1987 la médaille d’or du concours élitiste de Lausanne. Chaque année, les meilleurs espoirs en danse du monde entier s’affrontent en Suisse devant un jury d’exception. À la suite de ce concours, il intègre l’école de danse de l’Opéra national de Paris, avant d’être admis un an plus tard dans le corps de ballet de l’opéra Garnier.
Il monte les échelons de manière fulgurante, remporte la médaille d’or du concours de Varna, puis en 1997, lors d’une représentation de La Sylphide, José Martinez devient danseur étoile : pour la première fois, un danseur d’origine espagnole accède à ce titre d’exception.
À partir de là, sa carrière décolle, il enchaîne les succès, jusqu’à chorégraphier des pièces pour l’Opéra de Paris. Il quitte cette prestigieuse maison en 2011, à l’issue d’une représentation des Enfants de Paradis aux côtés d’Agnès Letestu.
Après son parcours brillant en France, il décide de retrouver sa terre natale et de faire vivre la danse classique en Espagne. Il va créer plusieurs compagnies de danse, son but étant de faire revenir les solistes partis danser ailleurs.

José Martinez – DR

La direction de l’Opéra national de Paris

L’Opéra est fragilisé depuis la succession de plusieurs directeurs : Benjamin Millepied n’a pas réussi son pari de « moderniser » cette grande maison, raison pour laquelle en 2016, Aurélie Dupont, ancienne danseuse étoile, le remplace. Elle se confie lors d’une interview et dit notamment vouloir apporter une touche de modernité tout en gardant un répertoire majoritairement classique, l’héritage de la danse en France.

Lors de ses premières années à la tête de l’institution, les choix d’Aurélie Dupont sont appréciés par le public. Elle invite de nombreuses compagnies, dont Martha Graham et conquiert les spectateurs. Cependant, la popularité de cette dernière a chuté suite au succès fulgurant de François Alu, Premier danseur pas comme les autres. Adulé du public, il l’est moins de l’opéra car il ne veut pas se plier aux exigences de la maison. Suite à la pression médiatique, Aurélie Dupont finit par céder et nomme François Alu au titre de danseur étoile en avril dernier. Lors de cette nomination le public s’est exprimé laissant échapper « Aurélie démission » : la directrice quitte alors l’Opéra.

François Alu © Julien Benhalmou / Opéra national de Paris

François Alu, voulant à tout prix être libre, quitte l’Opéra de Paris seulement six mois après sa nomination au titre ultime. L’opéra se retrouve donc dans un « turn-over » entre les danseurs et les directeurs.
L’héritage légué à José Martinez est donc assez bancal, laissant une maison fragilisée par l’épidémie du Covid-19, les nombreuses grèves, les scandales au sein de l’école de danse avec un répertoire qui nécessite un nouveau souffle.

Les points forts de José Martinez 

José Martinez souhaite avant tout renouer le dialogue entre la direction et les danseurs ; il semble important pour le nouveau directeur d’apprendre à connaître les danseurs de par leur identité et non seulement leur danse.
Par ailleurs, il mentionne l’importance de changer la programmation et de retrouver les ballets narratifs qui sont l’héritage même du ballet français, comme Le Rouge et le Noir, qui a connu un véritable succès.
L’un des enjeux majeurs est de moderniser l’Opéra : au-delà de proposer des pièces plus contemporaines, il s’agit aussi d’éviter la redondance de certains classiques. José Martinez à l’intention de redonner un côté vivant au ballet classique en créant de nouvelles pièces avec le langage de la danse classique. « Il est important que l’opéra résonne dans notre époque », José Martinez, Radio France, novembre 2022.

Le travail qui l’attend est colossal : José Martinez doit réinstaurer la confiance entre la direction et les danseurs, répondre à une demande de diversité au sein du ballet et enfin être vigilant sur la santé des danseurs. Sera-t-il à la hauteur face à ce qui l’attend ?
Pour l’instant, cette nomination est appréciée tant par le public que la direction de l’Opéra Garnier, mais les danseurs n’ont pas le droit de s’exprimer à ce sujet.

Marie Pehaut

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