Riad Sattouf, prodige du futur
Le 24 novembre 2022 paraissait L’Arabe du Futur 6, dernier tome de la série de romans graphiques et autobiographiques de Riad Sattouf. L’occasion idéale pour revenir sur le parcours exceptionnel de l’auteur, véritable phénomène actuel.
L’Arabe du Futur, une histoire personnelle
L’Arabe du Futur est un roman graphique devenu culte dont le premier tome est paru en 2014. C’est dans ce livre que Riad Sattouf raconte son histoire et celle de sa famille, de l’enfance jusqu’à l’adolescence. Et sa vie est loin d’être ordinaire ! Riad Sattouf est né en 1978 d’un père syrien et d’une mère bretonne. Petit, il déménage en Libye puis en Syrie où son père lui octroie une éducation musulmane. Adolescent, il retourne en France où il demeure en Bretagne suite au divorce de ses parents. Tous ces événements, il les raconte dans son livre de façon humoristique, satirique, trash mais aussi tragique. Celui-ci expose les choses telles qu’elles se sont déroulées, sans romance ni artifices. Mais en relatant son histoire tel qu’il le fait, Riad Sattouf aborde des questions plus générales sur l’immigration, la vie d’expatrié, la difficulté à trouver sa place, l’adolescence. Et c’est cela même qui donne la force à ses œuvres. Depuis 2014, la série L’Arabe du Futur a connu un succès absolument fulgurant avec plus de deux millions d’exemplaires écoulés et une traduction dans 22 langues. Les raisons de ce succès, Riad Sattouf tente de les expliquer dans une interview pour le magazine Télégramme : « J’ai pensé L’Arabe du futur pour les gens qui ne lisent pas de BD. Il fallait donc concevoir une BD facile à lire, expressive, longue et contenant beaucoup de péripéties et s’éloigner du format BD plus classique, c’est-à-dire des albums cartonnés avec moins de pages. Résultat : j’ai séduit de très nombreux lecteurs que je n’avais pas avant, notamment des mamies qui me disaient que leur première BD avait été « Bécassine » et la seconde, L’Arabe du futur. »
Un artiste touche-à-tout
Bien que L’Arabe du Futur soit une de ses œuvres principales, Riad Sattouf n’en est pas à son premier succès, loin de là. En effet, avant de s’attaquer aux romans graphiques, l’auteur publiait pour Charlie Hebdo La vie secrète des jeunes, des histoires en strip rapportant des anecdotes tirées directement de son observation des jeunes, avec leur langage, l’accent des banlieues et l’écriture texto. En 2009, Riad Sattouf passe derrière la caméra avec le film Les Beaux Gosses, une comédie mettant en scène les amours de jeunes adolescents. Ce long-métrage révèle le talent immense de Riad Sattouf en tant que réalisateur et permet également de mettre en lumière un jeune acteur encore méconnu : Vincent Lacoste. En plus d’être acclamé par la critique, Les Beaux Gosses est nommé trois fois aux Césars et remporte le Prix du Meilleur Premier Film. En janvier 2014, après un deuxième film au succès plus mitigé, Riad Sattouf quitte la réalisation ainsi que son journal Charlie Hebdo pour intégrer l’équipe de l’Obs avec qui il collabore sur une nouvelle série de strips : Les Cahiers d’Esther. Le succès est de nouveau au rendez-vous si bien que quelques temps après les albums entiers des Cahiers d’Esther sont publiés. Plus récemment, en 2021, Riad Sattouf a décidé de re-collaborer avec son ami Vincent Lacoste en créant un roman graphique entièrement dédié à leur rencontre : Le Jeune Acteur.
Cinéma, presse, dessins, romans graphiques… Autour de tout ce succès, une question réelle se pose alors : qu’est-ce que Riad Sattouf n’est pas capable de transformer en or ?
Adèle Buijtenhuijs
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