Backwood et Blunt Boya – À la découverte de deux beatmakers de la scène urbaine parisienne
Rencontre avec Backwood et Blunt Boya, deux jeunes beatmakers passionnés de musique urbaine dont on retrouve dans les instrus, des sonorités américaines. Ils nous parlent ici de leur vision du métier, leurs envies, leurs projets à venir…
Pouvez-vous d’abord vous présenter en quelques mots ?
Backwood : Moi j’ai 31 ans, je me prénomme Manley et je suis beatmaker producteur au sein du Studio VVS. Blunt Boya et moi, on s’est rencontrés via des amis communs. On s’est tout de suite trouvés dans nos goûts musicaux et notre première collaboration sonnait vraiment bien alors on a commencé à travailler ensemble. Depuis, on ne cesse d’évoluer et de progresser artistiquement.
Blunt Boya : Moi c’est Numa, j’ai 29 ans, je suis beatmaker producteur et président du label et du studio VVS, ainsi que cofondateur de Sample Gate, un site pour vendre des loops.
Comment êtes-vous entrés dans l’univers du beatmaking ?
Backwood : J’ai grandi dans l’univers du jazz, de la soul, du funk et de la variété française à l’époque des vinyles, ainsi que du RnB et du rap des années 80/90. À l’âge de 8 ans, on m’a offert un synthé et j’ai appris le piano de manière autodidacte, en jouant à l’oreille. C’était ma première approche de la musique et de la création. Mais c’est en entrant au collège que j’ai eu une véritable révélation pour le rap provenant des États-Unis. J’avais 12 ans quand un grand de mon quartier m’a donné un logiciel, FruityLoops, pour faire des instrus et à force de travail, j’ai appris son fonctionnement tout seul.
Blunt Boya : J’ai toujours aimé le rap. Je me souviens qu’au lycée, j’ai demandé à un ami s’il connaissait un logiciel pour faire de la musique. J’ai commencé à utiliser FL 9, c’était l’époque de Rick Ross et Meek Mill. Par la suite, j’ai commencé à m’intéresser aux gens qui faisaient les prods et Lex Luger m’a notamment donné envie d’aller vers la trap.
Comment percevez-vous le métier de beatmaker aujourd’hui ?
Backwood : Quand on a commencé, le beatmaking émergeait et il fallait se débrouiller seul dans la compréhension des logiciels et dans l’approche de la composition. Aujourd’hui, n’importe qui peut aller sur YouTube et apprendre via des tutos. C’est un métier en pleine expansion et c’est désormais plus abordable d’envisager une carrière dans cette profession. Si tu as du talent mais surtout de la détermination, tu peux très bien y arriver. Je me rappelle que par le passé, on nous voyait comme des ovnis essayant de faire de la musique sur des PCs. Aujourd’hui, bien qu’on en soit qu’à nos débuts, c’est satisfaisant d’être reconnu et apprécié dans ce domaine.
Blunt Boya : Être beatmaker à l’époque c’était rare, alors qu’il y avait énormément de rappeurs. Maintenant, un rappeur peut se rendre sur YouTube et trouver des prods. Avant, si tu voulais poser sur une prod, il fallait trouver le beatmaker de ta ville. Maintenant, c’est plus facile de trouver des beatmakers, ça a permis de faire évoluer le métier. Beatmaker c’est un grand mot, dans le sens où tu as des “loop makers”, c’est-à-dire qui ne font que la mélodie, contrairement au beatmaker qui va faire la mélodie et la batterie.
Avec quels artistes souhaiteriez-vous collaborer ?
Backwood : Artistiquement et humainement parlant, je pense aux rappeurs français Dinos et Kalash. J’aime leurs univers et leurs plumes, on ressent un réel talent dans l’écriture. Évidemment, je penche aussi vers nos amis américains comme Future, Metro Boomin ou Kanye West pour ne citer qu’eux, car ils sont polyvalents et s’investissent totalement dans l’élaboration et la production de leurs projets.
Blunt Boya : Scott Storch, c’est l’un des beatmakers qui m’a donné envie de faire ce métier. Il a beaucoup apporté au milieu. Travis Scott est également un artiste que j’apprécie car il a révolutionné le rap. Il faut savoir qu’il a la même formation que nous, c’est un beatmaker au départ. Mais c’est un tout, il a une visualisation innovante. Travailler avec des gens pareils permet de te faire grandir en tant que beatmaker et d’aller plus loin dans la création.
Pouvez-vous nous parler d’un projet qui vous marqués ? Et de vos envies pour la suite ?
Blunt Boya et Backwood : On a récemment bossé avec un artiste qui se prénomme Jossi, c’est le deuxième projet qu’il sort en indépendant. C’est intéressant de travailler avec lui car il apporte une new wave dans le rap français. Il pose sur des prods qui sont plus américaines. Nous travaillons beaucoup avec les États-Unis car c’est un marché qui est plus intéressé par nos prods, ça ne plaît pas encore trop en France.
Sur le long terme, on aimerait travailler dans le milieu du cinéma. Ce serait un aboutissement pour nous. Mais dans l’immédiat, notre but est de se faire un nom et de collaborer avec des personnes qui ont la même vision que nous.
Plus d’informations sur les comptes Instagram de Blunt Boya, Backwood et de la boutique Sample Gate.
Propos recueillis par Pauline Marcovici
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