“Les Papillons noirs” : un polar captivant et décalé
La série Les Papillons noirs a été présentée pendant l’édition 2022 du Festival Séries Mania à Lille. Cette mini-série a été créée par Olivier Abbou et Bruno Merle. Vous pouvez la découvrir en intégralité sur Arte.fr ou Netflix. Attention : déconseillée aux moins de 16 ans, certaines scènes sont d’une extrême violence. Avec Niels Arestrup, Nicolas Duvauchelle, Axel Granberger, Alyzée Coste, Sami Bouajila, Alice Belaïdi, Marie Denarnaud.
Adrien Winckler (Mody), écrivain en mal d’inspiration, est embauché par Albert Desiderio pour écrire ses mémoires. Albert, retraité, confie son histoire invraisemblable et son amour pour Solange, la femme de sa vie. Les deux hommes se voient fréquemmen ; très vite, Adrien comprend qu’Albert est un tueur en série… mais va l’écouter avec une fascination morbide !
Le jeu des acteurs
Tous les acteurs jouent leur personnage avec une justesse convaincante. Niels Arestrup campe un tueur en série inquiétant et sans remords, à la voix douce ; il crève l’écran par son charme et sa présence. Face à lui, Nicolas Duvauchelle joue merveilleusement bien l’écrivain tourmenté. Ce personnage est tiraillé entre sa vie privée, professionnelle et l’histoire sordide d’Albert. Les mémoires de ce retraité le captivent, le fascinent et le tourmentent. Aux côté d’Adrien, sa femme Nora, jouée par Alice Belaïdi et sa mère, jouée par Brigitte Catillon sont également des personnages très intéressants et indispensables. Axel Granberger (Albert Desidério jeune) joue admirablement un homme redoutable et angoissant, sans la moindre empathie. Sa femme Solange jouée par Alyzée Coste emporte le spectateur par la précision de son jeu. Le spectateur apprendra que son personnage, au charme naturel, est un être traumatisé par la brutalité, les chocs et les blessures de son enfance. Le spectateur découvre le personnage de Carrel joué par Sami Bouajila qui enquête secrètement sur des meurtres non élucidés.
Les images et les plans
Les décors, les costumes, les coiffures, rappelant les années 70, sont époustouflants, ce qui rend les images très belles. Le contraste entre les feedbacks violents et colorés et le présent aux couleurs sombres est étonnant et décalé.
Au début, l’ambiance générale de la série est très sombre mais cette ambiance dérive vers une atmosphère plus légère, décalée. En effet, les scènes de meurtres sont un mélange de styles, entre violence sanglante et érotisme : le Giallo italien des années 70. La mise en scène des meurtres en devient absurde et risible grâce au côté répétitif et à l’utilisation d’objets en tous genres comme un tire-bouchon, un couteau et autres objets coupants. Les projections de sang pendant ces scènes apportent ce côté “too-much” à la Tarantino, allégeant finalement la noirceur du tableau.
Les gros plans sur les visages après les scènes violentes sont intenses. À couper le souffle !
Le scénario et la musique
L’histoire est sordide, haletante et tordue à souhait, avec un scénario plein de rebondissements qui emporte le spectateur et le laisse sans voix. Le spectateur ne peut s’empêcher de vouloir regarder la suite, tellement le suspense est fascinant.
L’intrigue de cette mini-série est tissée avec minutie, les liens entre les personnages et leur rôle dans l’histoire d’Albert sont révélés au fur et à mesure des épisodes. Impressionnant !
Plusieurs éléments du scénario font penser à un cauchemar ou à une histoire irréelle tellement elle est poussée à l’excès. L’absurdité de l’histoire en devient comique et drôle, la fiction et la réalité s’entremêlent : le roman Les Papillons noirs, qu’Adrien alias Mody écrit dans la série, est sorti réellement en librairie le 7 septembre aux Editions du Masque. Le livre a été écrit par un prête-plume.
La série surprend le spectateur jusqu’au bout, avec un retournement de situation incroyable sur les derniers épisodes. Toujours plus, comme-ci toute l’histoire n’était pas déjà à son paroxysme. Incroyable !
La bande originale de la série créée par Clément Téry est très éclectique ; la légèreté de certaines chansons contrastent avec l’horreur du sujet.
Zoé Lavanant
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