Le cycle “Au Canada… Traversée documentaire” à découvrir à la cinémathèque du documentaire à la Bpi
Cet automne, La cinémathèque du documentaire à la Bpi arpente l’immensité du territoire canadien à travers une ambitieuse programmation de 35 films du 7 septembre au 17 novembre qui fait résonner les époques, les territoires, les cultures et les communautés. Comment habiter un lieu ? Comment faire société ? Comment transmettre ? C’est en faisant dialoguer les figures emblématiques du cinéma direct avec une relève tout aussi novatrice, irriguée par les cinéastes autochtones, que le cycle tente de répondre à ces questions.
On a souvent montré les réalisations de l’Office national du film canadien (ONF) comme des jalons dans l’évolution des pratiques documentaires. Des cinéastes se sont démarqué.e.s, au Canada comme à l’étranger, et certains films représentent aujourd’hui des références majeures. Les débuts du candid eye, qui ont mené vers ce qu’on appelle le cinéma direct, apportent un souffle nouveau, accompagné par des changements techniques et des réflexions théoriques sur la méthode documentaire et les relations complexes entre cinéastes et personnes filmées.
Toutefois, au cours de cette saison, il s’agit d’aller au-delà de cet héritage. Cette programmation nationale prend comme point de départ l’immensité du territoire et la diversité des communautés qui y vivent, pour tenter de saisir quelque chose des enjeux canadiens, en les observant de divers points de vue. Il s’agit d’associer un film court à un film long afin de créer un écho et faire résonner des paroles à travers les âges et le pays.
Le cycle propose de mêler les cinéastes les plus connu.e.s à une relève en mouvement, faire dialoguer francophones et anglophones, jumeler des films autochtones et allochtones. L’idée est de créer des liens, provoquer des discussions, à travers le cinéma, afin de voir qu’au sein d’un même territoire, des voix se répondent, se posent des questions d’un même ordre, à des échelles différentes. Comment habiter un lieu ? Comment nommer ce qui nous entoure pour le transmettre ?
Et comment faire société ? Avec ces vastes interrogations, on traverse les provinces canadiennes en rencontrant des problématiques telles que le rapport à la terre, l’attachement à la langue, la transmission d’une culture, les conditions de travail, le cadre des institutions, les luttes pour la reconnaissance ou l’égalité, l’installation sur le territoire…
Il s’agit de se frayer un parcours, entre pépites et classiques, entre ancien et récent, pour tenter de dessiner à grands traits le portrait d’un Canada complexe, qui a la volonté de se décrire et de s’inventer à travers des formes cinématographiques toujours dynamiques.
Ce besoin de cinéma se retrouve dès l’ouverture : Rien sur les mocassins d’Eden Awashish comme L.A. Tea Time de Sophie Bédard Marcotte montrent la volonté des réalisatrices de faire un film, envers et contre tout. Avec elles, on se heurte à divers obstacles, et notamment au silence, mais on garde espoir dans les capacités d’expression et de transmission du cinéma.
Un cinéma nécessaire, comme moyen d’affirmation, d’action, d’intervention est placé au cœur des séances spéciales. On valorise notamment le programme Challenge for Change de l’ONF, initiative qui met le cinéma direct au service des objectifs de changement de la communauté. C’est au sein de ce programme que se constitue la première équipe autochtone de l’ONF, l’Indian Film Crew dont font partie Willie Dunn et Michael Kanentakeron Mitchell. Est également présentée l’initiative menée sur l’île Fogo (Terre-Neuve) par Colin Low à la fin des années 1960 : un projet qui souhaite faire entendre les problèmes vécus par les habitant.e.s d’un lieu reculé.
Plus récemment, les actions menées par Wapikoni Mobile depuis sa fondation par Manon Barbeau en 2004, œuvrent aussi à faire du cinéma un moteur de changement. En plus d’être pour et avec les nations autochtones, les films sont réalisés par les membres des communautés, la réalisation devenant un véritable outil de gestion de crise, de thérapie, “d’empuissancement”.
Ce long périple cinématographique permet donc de découvrir les multiples visages d’une société traversée par de grands déchirements. Le cinéma documentaire accompagne luttes, remises en question, prises de conscience. Il fait entrevoir des manières de communiquer, de vivre et de faire ensemble, au Canada.
Marion Bonneau – Programmatrice du cycle
Quelques cinéastes présentés au sein du cycle :
Colin Low, Willie Dunn, Michael Kanentakeron Mitchell, Alanis Obomsawin, Pierre Perrault, Michel Brault, Gilles Groulx, Allan King, Guy Maddin, Eden Awashish, Kevin Papatie, Michka Saäl, Tahani Rached, Jannis Cole, Holly Dale, André Gladu, Pierre Falardeau, Denys Arcand, Peter Mettler, Luc Bourdon, Jacquelyn Mills, Jean-François Caissy, André-Line Beauparlant (cinéaste), Félix Dufour-Laperrière…
Découvrez toute la programmation du cycle Au Canada… Traversée documentaire en détail ici
[Source : communiqué de presse]
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...