Prix d’art urbain Pébéo-Fluctuart 2022 : à la rencontre de Williann, gagnant du 3e Prix ex aequo
À l’occasion de la 6e édition du concours international d’art urbain Pébéo-Fluctuart, dédié aux artistes émergent.e.s de la scène du street art, nous avons rencontré l’artiste Williann, gagnant du 3e Prix ex aequo. Il est exposé, ainsi que les 24 autres finalistes, sur Fluctuart jusqu’au 20 août.
Pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre pratique artistique ?
Graphiste de formation, c’est surtout dans l’illustration et la fresque murale que j’aime m’accomplir. Mes outils sont variés : pinceaux, rouleaux, peintures acryliques, bombes de peinture, pochoirs, collages… J’ai pu expérimenter et acquérir diverses techniques au fur et à mesure de mes chantiers. De petits murs à grandes fresques murales, d’échelles à nacelles et échafaudages, mes illustrations sont passées de la rue aux chambres d’hôtel, des friches abandonnées aux festivals, de la France au Cambodge en passant par les Pays-Bas et la Croatie…
Mon univers artistique est un mélange inspiré des cartoons en noir et blanc des années 20 et des Pin-up des années 50, omniprésentes dans mon travail. J’aime jouer avec une palette de couleurs restreinte, à la manière des techniques de sérigraphie ou d’anciennes réclames. L’ensemble de mes illustrations, à la fois rétro et moderne, nécessite de prendre le temps d’observer et d’examiner leurs représentations ainsi que leurs détails. J’aime représenter des femmes fortes, toujours espiègles, accompagnées d’un trait d’humour avec des animaux souvent barrés. L’univers inspiré des bandes dessinées parle à toutes les générations, et chaque détail représenté demande à ce qu’on prenne le temps de les découvrir. À la manière d’un livre d’illustrations sans texte, j’invite les gens à se façonner leur propre histoire à partir de ce qu’ils voient et comprennent de ma démarche artistique.
Que souhaitez-vous exprimer à travers votre travail ?
Malgré mon univers très cartoon et très coloré, j’essaie surtout de faire passer des messages féministes. Il est souvent mal vu de représenter une femme sexy, désirable et aguicheuse (parfois dans des postures défiant les lois de la physique pour montrer toutes les parties de leur anatomie !). Ce que je souhaite, c’est que mes personnages soient non seulement inspirés des pin-up (qui finalement étaient fortes, indépendantes, et n’appartenaient à personne et en même temps à tout le monde), mais qu’elles dégagent une personnalité forte, déterminée, qui montre par son regard qu’elle est loin de se laisser faire. Dans une société où le combat contre le patriarcat n’a jamais été aussi présent (et il était temps !), il est important de donner de l’espoir aux femmes et de leur donner de la force, quel que soit le moyen. Moi je passe par l’image.
Quelles sont vos sources d’inspiration en tant qu’artiste ?
Ce personnage me suit depuis des années. Je ne sais pas d’où elle vient, mais elle a évolué avec moi, a grandi avec moi, et continuera de vivre avec moi. Mes inspirations sont tellement vastes qu’il serait impossible de tout citer ! Tout m’inspire : une enseigne dans la rue, une vieille porcelaine, des meubles, l’art d’autres pays, la bande dessinée, le cinéma et même la musique (en revanche je ne regarde jamais les clips des musiques que j’aime parce que je me fais une idée de la musique qui m’est propre).
Y a-t-il un échange ou une rencontre qui vous a particulièrement marquée au cours de votre carrière ?
J’aime rencontrer des gens, des artistes, des humain.e.s lors de mes déplacements en festivals, que ce soit en France ou à l’étranger. Les rencontres y sont toujours hyper enrichissantes et on en ressort changé à chaque fois, sur la vision des choses et du monde.
Qu’est-ce qui vous a poussé à candidater à ce Prix d’art urbain ?
J’avais vu bon nombre d’artistes talentueux.ses passer par ce prix. J’avais déposé ma candidature depuis quelques années et ayant eu l’occasion de créer une toile avec un produit Pébéo, j’y ai vu un signe d’y participer !
Pouvez-vous nous parler de la pièce présentée dans le cadre du Prix ?
J’ai souhaité revisiter le conte du Petit Chaperon Rouge pour faire écho à ce que beaucoup de femmes vivent au quotidien, rien qu’en sortant dans la rue. On y voit le Petit Chaperon Rouge version urbaine qui s’apprête à sortir et graffer. Elle est entourée de loups. On ne sait pas s’ils sont fourbes, crétins ou alliés. C’est un peu la question que se pose chaque femme lorsqu’elle croise un homme. Ici Le Petit Chaperon Rouge reste armée et prête à en découdre si le Loup se transforme en Grand Méchant.
Quels produits de la gamme Pébéo avez-vous utilisé pour votre œuvre ?
Il s’agit de la mixtion déco Pébéo, une colle spécialement conçue pour coller les feuilles à dorer.
Découvrez le travail de l’artiste sur Instagram
[Source : Pébéo]
Vous pourrez découvrir les œuvres des 25 artistes finalistes du concours Pébéo dans une exposition inédite jusqu’au 20 août 2022 sur Fluctuart.
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