“Le Malentendu”: une tragédie absurde mise en scène par Hao Yang
Blanche Vollais © Collectif les 8 Poings
Hao Yang met en scène l’une des pièces de théâtre d’Albert Camus Le Malentendu. Retour sur l’une des dernières représentations, jouée par le Collectif les 8 Poings au Théâtre Darius Milhaud.
Bien assise dans mon siège, me voilà emportée dans l’histoire de Jan, jeune homme marié et riche, qui décide de retrouver sa famille après plus de vingt ans sans l’avoir vue. Sa mère et sa sœur tiennent une auberge dans son village natal, et Jan décide d’y réserver une chambre sans révéler son identité. Sa femme essaie de l’en dissuader et ne comprend pas le comportement de son mari, qu’elle trouve absurde. Malgré l’avis de sa femme, Jan ira dans cette auberge, seul.
Cette auberge se révèle loin d’être paisible ! En effet, la mère et la sœur de Jan tuent dans leur sommeil les voyageurs séjournant dans leur auberge afin de récolter assez de moyens pour fuir leur village et s’envoler vers d’autres contrées. Malheureusement, la mère et la sœur de Jan ne le reconnaitront pas et réaliseront plus tard ce malentendu…
Tous les comédiens sont formidables, leur jeu est convaincant, percutant et chargé d’émotions. La sœur, interprétée par Pauline Darcel, nous dévoile un personnage au visage fermé et un regard froid, elle nous éblouit par la justesse de son jeu. La mère, interprétée par Blanche Vollais, nous fascine avec une voix capricante et une posture courbée de vielle femme : une belle prouesse de comédienne. Le fils, interprété par Oscar Paille, joue magnifiquement bien son personnage. Le domestique, interprété par Giancarlo Corredor est inquiétant par ses gestes, sa posture et son regard. Il joue à merveille ce personnage trouble et étrange. La femme, interprétée par Soizic Billet apporte une touche de légèreté et de vie, elle joue admirablement bien son personnage.

Pauline Darcel et Oscar Paille © Collectif les 8 Poings
Les deux heures passent sans que l’on s’en aperçoive, avec une plongée immédiate dans l’atmosphère étrange et troublante de la pièce.
Tout au long de l’intrigue, la musique, les sons de pluie, la pièce plongée dans un noir profond, les clairs obscurs intensifient l’atmosphère inquiétante et la dynamique de la pièce. Les silences abyssaux sont chargés d’émotion. La sobriété et le minimalisme du décor nous indiquent la condition financière difficile de la mère et de la sœur.
Alors que les costumes de ces dernières et du domestique sont sombres, Jan et sa femme sont habillés de vêtements colorés. L’opposition entre la tristesse de l’auberge et la vie et le bonheur du couple est d’autant plus tangible.

Soizic Billet et Oscar Paille © Collectif les 8 Poings
Un des moments les plus marquants de la pièce met en lumière la sœur, qui se met à danser. Ce passage apaise l’atmosphère, la met en suspens pendant quelques secondes et nous fait oublier la noirceur de l’histoire.
“Cette maison est vraiment étrange” dit le fils. “Peut-être que vous vous y comportez de façon étrange” lui répond sa sœur. Les échanges entre la sœur et le frère sont tout simplement froids, distants et étranges. L’histoire, dont le spectateur est témoin, est déstabilisante, tragique et sinistre. Cette pièce fait écho à la mythologie grecque comme le Mythe de Sisyphe et aux grandes tragédies ; elle nous interroge sur la condition humaine, son absurdité et son tragique. Ce moment de théâtre nous marque par son intensité, sa finesse et ses questionnements proposés : le tragique de la vie, un sujet profondément philosophique.
Un très beau moment de théâtre !
Zoé Lavanant
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