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“Berlin Berlin” et “Une situation délicate” : deux comédies explosives

Hélène Kuttner 16 février 2022
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© Bernard Richebe

Rien de tel que de bonnes comédies pour savourer des soirées au théâtre. À Berlin Est où des pieds nickelés font les 400 coups dans une ambiance à la Billie Wilder ou chez Alan Ayckbourn avec Gérard Darmon et Clotilde Courau qui s’inventent des vies ratées avec Élodie Navarre et Max Boublil en banlieue parisienne. Rire assuré et acteurs irrésistibles.

Berlin Berlin : coup de foudre à Berlin Est

© Bernard Richebe

Patrick Haudecœur et Gerald Sibleyras ont composé une truculente comédie dans la veine de Mel Brooks qui débute dans l’appartement d’une vieille Allemande de l’Est, dans les années 70. Maxime d’Aboville incarne le fils dévoué de la veille femme, peu avenante. C’est lui qui chaque jour lui apporte à manger quand elle hurle de son lit. Heureusement, une jeune aide-soignante, jouée par Anne Charrier, se fait engager pour s’occuper de la vieille dame sénile. Mais on apprend vite que derrière ce nouvel emploi se cache un projet d’évasion à l’ouest auquel Ludwig, l’ami d’Emma, campé par Patrick Haudecœur, s’attelle dès que l’appartement est au calme.

© Bernard Richebe

Sans prévoir que Werner, le fils, travaille pour la STASI (police secrète est-allemande) et qu’il tombe fou amoureux d’Emma, ce qui paralyse et parasite tous les plans de forage d’un passage secret. Loïc Legendre, Marie Lanchas, Guilhem Pellegrin, Claude Guyonnet et Gino Lazzerini complètent une distribution qui carbure à toute allure, menée par l’ébouriffant Maxime d’Aboville. Les situations les plus cocasses s’enchaînent sans temps mort dans la mise en scène de José Paul et l’efficace décor d’Edouard Laug. Patrick Haudecœur joue délicieusement les benêts et Anne Charrier est l’héroïne déchirée. Un joyeux délire !

Théâtre Fontaine 21h, samedi 16h30 et 21h et dimanche 16h

Une situation délicate : avalanche de quiproquos

© Bernard Richebe

Au départ, sur ce quai du RER B en direction d’une banlieue pavillonnaire, Julie et Nicolas ressemblent à un banal couple d’amoureux. Sauf que Julie, campée par Élodie Navarre, semble pressée de se débarrasser de son fiancé pour aller visiter ses parents. Max Boublil joue cet amoureux transi qui n’a peur de rien, surtout pas de désobéir à son amoureuse et de fouiller dans ses affaires. Résultat : il se retrouve là où il ne fallait pas, chez l’ancien amant de Julie qui a vingt ans de plus qu’elle, en compagnie de l’épouse de ce dernier, en pensant qu’il s’agit de ses futurs beaux-parents. Dans les années soixante, le Britannique Alan Ayckbourn avait écrit cette pièce vénéneuse sur les rapports de couples que Gérald Sibleyras a très judicieusement adaptée en français pour notre époque. Et il faut dire qu’un quatuor d’acteurs formidables, mis en scène de manière tonique et joueuse par Ladislas Chollat, est là pour la servir. Dans le rôle du vieil amoureux, possessif et manipulateur, Gérard Darmon est parfait de rouerie et de mauvaise foi, pris au piège de ses propres fantasmes. Clotilde Courau fait de son personnage de bourgeoise bon teint une copine au grand coeur, en jouant du ridicule avéré d’une situation plus que délicate. Elle est comique et délicieusement décalée. Elodie Navarre, frémissante et meurtrie par une passion destructrice, et Max Boublil, grand dadais d’une naïveté confondante, plongent avec surprise dans ce tissu de faux-semblants et de quiproquos qui, comme chez Molière, font finalement permettre de révéler la vérité. Un vrai régal.

Théâtre des Nouveautés à 21h, samedi à 16h30 et 21h et dimanche à 16h

Hélène Kuttner

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