Virginie Despentes, le féminisme par la lecture
Virginie Despentes baigne depuis petite dans un milieu agité et violent. Adolescente, elle se fait hospitaliser pendant quelques mois dans un hôpital psychiatrique. À la suite de ce long séjour, elle ne retourne pas en cours et se déscolarise. Elle se met à fréquenter des milieux assez sombres et côtoie punks et prostitués.
Trente ans plus tard, l’auteure vit au centre de Paris, et est une des écrivains les plus côtés de France. Cependant, elle ne reste pas moins contrastée : Virginie Despentes ne cesse de se mettre du monde à dos, affichant notamment son orientation sexuelle ouvertement. De plus, elle ne garde pas sa langue dans sa poche : son combat contre l’injustice des genres est sa priorité.
En 2006, avec son célèbre livre King Kong théorie, Virginie Despentes fait fort. Non seulement elle nous propose un livre féministe, radical, politisé, mais l’auteure ne s’arrête pas là. Bien loin d’écrire un roman classique, elle nous rédige un bouquin d’essais, rempli de témoignages et de théories : ce livre marque une génération.
Quelques années auparavant, Virginie Despentes avait choqué la France entière avec l’adaptation cinématographique de Baise-moi, son livre sorti l’année précédente. Alors qu’en 2000, le film sort à l’écran, le Conseil d’État se hâte de le censurer et d’empêcher sa diffusion…
Baise-moi est son premier livre. L’histoire tourne autour d’une jeune femme d’une vingtaine d’années. Après avoir subi un viol, le personnage décide de fuir sa ville et de partir en cavale. Sur sa route, elle rencontre une autre femme avec qui elle se lie d’amitié. Ensemble, elles feront tout pour survivre, braquant, tuant, et attaquant des passants.
Le roman dérange l’opinion publique, notamment à travers deux volets, d’où la censure du film par le Conseil d’État.
Pour commencer, c’est la cruauté des deux femmes qui dérange : sans aucun scrupule, elles agressent ou laissent pour morts des hommes. C’est une des premières fois qu’on voit une femme derrière l’arme blanche, et qu’elle y prend du goût.
Une autre raison du choc du grand public : le viol. Sans aucun ménagement, Virginie Despentes nous décrit une agression, dans laquelle chaque détail est développé avec un franc-parler et une cruauté extrême. Rien ne nous est épargné, nous ne pouvons échapper à l’action.
Or, ce n’est pas l’auteure qui commet le crime, mais les réels agresseurs de notre vie quotidienne. Censurer son œuvre reviendrait-il à les sauver eux ?
Virginie Despentes est l’écrivaine engagée du XXIe siècle à ne pas manquer. Son œuvre met au devant de la scène des sujets normalement étouffés. Elle développe les questions du genre, de la sexualité féminine, de la frigidité, du viol, ou encore la victimisation de la femme dans la société. Au cours de ses dernières années, le succès de ses romans ne cesse d’augmenter, montrant la soif du public de s’instruire et de déconstruire ses idées reçues.
Lire ses livres, c’est agir.
Aglaé Girard
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