“La Main de Dieu” ou les joies et déboires d’un jeune napolitain en quête d’ailleurs
“Notre lien avec Maradona se rapproche de notre lien avec le Divin”. C’est par ces quelques mots que Paolo Sorrentino explique la relation unissant les foyers italiens au footballeur argentin, arrivé à Naples en 1984. C’est justement sur l’un de ces foyers que se concentre le dernier film de Sorrentino, La Main de Dieu, et particulièrement sur le personnage de Fabio, adolescent de 16 ans fortement inspiré par le vécu du réalisateur. Le long métrage est en lice pour représenter l’Italie lors de la 94e cérémonie des Oscars, près de dix ans après que La Grande Bellezza (2013) ait remporté l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Le Naples des années 80 comme toile de fond
Fabio Schisa évolue au sein d’une famille tendre et exubérante dans le Naples des années 80. Hélas, entre un père au charisme écrasant et une mère à l’humour ravageur, l’adolescent peine parfois à trouver sa place. Quand la rumeur selon laquelle Diego Maradona intègrerait l’équipe de football locale est lancée, c’est l’effervescence. La nouvelle anime les conversations, réveille les fantasmes et suscite les débats. Fabio, lui, ne se destine pas au football. Le tournage d’un film de Fellini à Naples a réveillé chez lui des ambitions qu’il n’assume qu’à demi-mot. Ce n’est qu’après la survenance d’un drame familial auquel Fabio échappe miraculeusement que celui-ci décide, non sans peine, d’accomplir les rêves qui sont les siens et de s’affirmer enfin.
“La réalité est le point de départ de toute histoire” – Paolo Sorrentino
À travers La Main de Dieu, Paolo Sorrentino délivre un film des plus intimes. Le cinéaste à qui l’on doit notamment l’excellent La Grande Bellezza (Oscar et Golden Globe du meilleur film en langue étrangère en 2014) s’est fortement inspiré des drames et évènements qui ont jalonné ses quelques 37 années de vie passées à Naples, pour le personnage de Fabio.
Une galerie de personnages à l’excentricité revendiquée
On retrouve toutefois les ingrédients ayant contribué au succès de Sorrentino : une galerie de personnages à l’excentricité revendiquée, des références religieuses à foison et l’irrépressible sentiment de solitude du personnage central. Sorrentino excelle dans la représentation de scènes chorales. Celle du déjeuner familial, d’un réalisme confondant, met en scène une famille enchainant railleries, potins et éclats de rire. Si la première partie du film traite de l’entourage de Fabio, de la gouaille des italiens et du répondant des italiennes, la seconde partie se concentre sur l’adolescent, l’affirmation de son désir et de ses ambitions. Le tout est teinté d’une mélancolie manifeste que viennent sublimer les plans de Naples, de sa mer et de ses ruelles à la nuit tombée dans lesquelles on rêverait de s’immerger.
La Main de Dieu est disponible sur Netflix depuis le 15 décembre.
Anna Bouloux
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