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Ivan Frésard : “Le vrai talent dans ce métier, c’est de ne jamais désespérer”

Hiba Bennani 4 janvier 2022
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Ex-présentateur et producteur de radio et de télévision suisse, Ivan Frésard se lance aujourd’hui dans l’aventure de son premier film. Il nous raconte ici, avec passion, cette expérience. 

Comment décide-t-on de se consacrer à la réalisation d’un premier long-métrage ?

Je pense que chacun ressent cette envie d’une façon différente. Moi, c’est arrivé après avoir réalisé 12 courts métrages pour apprendre. Au bout d’un moment, on se sent prêt à écrire ce premier long-métrage : on a appris de notre travail, on maîtrise les différentes casquettes d’une équipe de cinéma. C’est à ce moment-là que commence le boulot, on doit aller à la recherche de l’histoire. Quoi dire ? On ne peut pas raconter n’importe quoi pour faire un long-métrage.

Quelle a été l’idée qui vous a inspiré l’histoire de ce film ?

Je me suis intéressé au cinéma qui me plaisait, celui de la Nouvelle Vague. Pas tant les films en eux-mêmes, mais leur manière de faire, l’idée de faire autrement avec des personnages un peu rocambolesques. Et c’est en faisant ces recherches que je suis tombé sur Truffaut. À partir de ce moment-là, je suis tombé sous le charme professionnel de ce qu’il a fait, je l’ai vu comme un maître. Chaque interview de ce réalisateur est une masterclass ! Une fois ma source d’inspiration trouvée, j’ai commencé à chercher l’histoire de mon long-métrage. J’ai adoré le film de Truffaut La Chambre verte, qui parle de célébrer ses morts, des esprit qui continuent à vivre après la mort. Truffaut croyait à cette idée et je me suis dit que s’il avait raison, ça voulait dire que je pouvais peut-être communiquer avec son esprit ! En allant sur sa tombe pour lui demander un coup de main, le personnage de mon film est arrivé, peut-être par hasard. J’ai vu cet homme en face de moi, à côté de la tombe de Truffaut : il était théâtral, il parlait des morts avec passion et j’étais bouche bée. J’ai tout de suite su que j’avais le début de mon film, et c’est là que la véritable aventure a commencé. Je voulais aussi faire un film avec beaucoup de références à Truffaut et à cette période, en tournant à des endroits où il a lui-même tourné. J’ai alors commencé un vrai travail d’investigation pour retrouver ces endroits, comme un clin d’oeil pour ceux qui connaissent. J’ai déjà trois comédiens qui ont tourné avec Truffaut, des object lui appartenant… J’ai également réussi à parler avec sa fille, ses amis, pour être sûr que j’étais le plus proche possible de la réalité, tout en écrivant une histoire qui n’a rien à voir avec sa vie.

Pouvez-vous nous résumer l’histoire de votre long-métrage en quelques mots ? 

Bien sûr ! Ça part d’un ras-le-bol des médias, de la façon dont on nous rappelle tous les jours que nous vivons dans un monde catastrophique, et que tout cela est à cause de nous. Je me suis demandé comment les jeunes réagissaient face à ça. Comment un jeune peut-il trouver l’envie de vivre ? Et c’est là qu’est arrivée Gala, une jeune qui décide de profiter, de s’éclater et de choisir sa mort. Elle veut échapper au monde sérieux : avoir une vie de famille, un travail et une routine. En voulant échapper au monde extérieur, elle va rentrer par hasard dans ce cimetière où elle va n’y rencontrer que des marginaux.

Qu’est-ce que l’écriture d’un premier film nous apprend sur nous-même ?

Qu’il faut prendre le temps ! Au début, on se met sur une page et on a l’impression qu’on va faire un travail de bureau, que ça va venir tout seul. Alors que non, c’est une erreur. Il faut prendre conscience que parfois, pendant trois semaines on ne va rien écrire et c’est difficile de l’accepter. Surtout que l’on travaille pour nous, personne ne nous attend. Il faut se débrouiller seul. Quand un réalisateur dit qu’un film a pris cinq ans à faire, ce n’est pas cinq ans 8 heures par jour, c’est que parfois pendant des mois, ils n’ont rien écrit. Personnellement, j’ai mis trois ans en tout à écrire et faire ce travail d’investigation. J’ai passé des heures à la Cinémathèque, à faire des recherches. J’ai surtout appris ma méthode à moi, mon moi scénariste.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui nous lisent ?

Que le vrai talent dans ce métier, c’est de ne jamais désespérer. Il faut aussi avoir un mentor, une source d’inspiration, chercher leurs interviews et écouter ce qu’ils ont à nous dire. Si on aime Tarantino par exemple, il suffit d’écouter quelques interviews pour se rendre compte qu’il a galéré ! Il était vendeur dans un vidéo-club pour avoir des films gratuits. On s’aperçoit qu’il n’y a pas de réussite sans galère.

Propos recueillis par Hiba Bennani

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