À Chaillot, Stravinski revisité
Invité par Didier Deschamps pour une création à Chaillot, Thierry Malandain a souhaité associer à cette invitation Martin Harriague, chorégraphe associé au Malandain Ballet Biarritz depuis 2018. Ce dernier ayant choisi de travailler sur Le Sacre du printemps, l’idée de concevoir un programme Stravinski a pris forme avec, pour Thierry Malandain, une version de L’Oiseau de feu.
L’Oiseau de feu de Thierry Malandain ne raconte pas une histoire comme pouvait le faire la version originelle de Michel Fokine. Toutefois le chorégraphe conserve l’idée de mettre en scène une créature surnaturelle et salvatrice dans un univers esthétique qui rappelle le monde des oiseaux. Ainsi sous nos yeux, l’oiseau aux couleurs chatoyantes va se confronter à plusieurs univers passant d’un groupe sinistre tout de noir vêtu à un ensemble de danseuses aux robes acidulées, d’un mystérieux duo en gris à un ensemble blanc dégageant une plénitude bienveillante.
La danse de Malandain épouse avec fluidité la musique et notre oiseau virevolte d’un monde à l’autre. Pourtant, en se confrontant au mal tout en étant porteur d’espoir, il y perdra des plumes mais le ballet s’achève sur une note d’espoir avec le signe d’une renaissance.
Chorégraphier une nouvelle version du Sacre du printemps, s’est prendre le risque de s’inscrire à la suite de maitres tels que Pina Bausch ou Maurice Béjart. Alors qu’un pianiste joue les premières notes de la composition, un premier danseur s’échappe de la caisse de l’instrument, puis un deuxième, puis… C’est l’ensemble des artistes qui, évinçant le musicien, investissent ainsi la scène. Martin Harriague a choisi de conserver le fil conducteur de la cérémonie païenne qui colle comme une évidence à la partition. Sa danse puissante traduit bien les émotions de cette transe qui pousse le groupe, organisé autour de son gourou, à sacrifier l’une des leurs.
La version de Martin Harriague est sans surprise mais cohérente et menée tambour battant. Elle s’inscrit, sans rougir, à la suite de ses illustres prédécesseurs.
Stéphanie Nègre
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