0 Shares 4121 Views

Rap, Toulouse et nuances de bleu : Zinée en 5 questions 

16 novembre 2021
4121 Vues

C’est l’une des révélations rap de ces deux dernières années ; à l’occasion de sa venue à Montreuil pour le festival Les Femmes s’En Mêlent, lors d’une soirée exceptionnelle aux côtés des chanteuses Sônge et Coeur le 20 novembre prochain, Artistik Rezo vous présente la jeune rappeuse en 5 questions. 

À 24 ans, Zinée collabore déjà avec des noms du rap comme Ojo ou M le Maudit. Côté productions personnelles, la rappeuse a su affiner sa plume au sein de la 75e Session et le label Low Wood dans lequel elle a sorti son EP, Futée (novembre 2020) et sa mixtape, Cobalt (juillet 2021).

Qui est-elle ? 

Elle se prénomme Lisa mais tout le monde l’appelle Zinée comme Zinédine, surnom né de la passion de son père pour le ballon rond. La jeune rappeuse est née en 1997, l’année de L’Ecole du Micro d’Argent, qu’elle écoute avec son père quand ce n’est pas la Fonky Family, Oxmo Puccino ou la musique flamenco que lui passe sa mère à la maison. Zinée, c’est donc une base solide en rap, avec son originalité et sa créativité qu’elle n’a pas peur de montrer ou de remettre en question : “il y a quand même une notion de nuance à instaurer entre ma musique et ce que je suis dans ma vie, confie-t-elle. C’est vrai que j’ai beaucoup d’idées et que je suis très je m’en foutiste sur énormément de choses, mais je me préoccupe de ce que les gens peuvent penser de moi et de ma musique”. Pourtant, ce n’était pas le premier chemin que l’artiste a emprunté. Après avoir passé quelques mois dans une formation destinée au cinéma, c’est vers le rap que Zinée se tourne : “Je suis intéressé par différentes formes d’art mais j’ai laissé la musique prendre une grande place, je ne regrette pas mon choix.” Et elle a bien raison.




D’où vient-elle ? 

Zinée a grandi à Toulouse, elle assiste à son premier concert là-bas (celui de Diam’s, à moitié un hasard), file des coups de main au Bikini, salle de concert très fréquentée de la ville rose, rencontre deux ou trois amis dans l’univers musical local : “J’y ai passé 18 ans, j’y ai appris énormément de choses, vécu les plus beaux et les pires moments de ma vie” raconte-t-elle. Pourtant, malgré cet attachement, l’artiste voit ses opportunités limitées et part chercher du travail à Bruxelles, puis finalement à Paris en 2018. Alors vendeuse dans une friperie de la capitale française, Zinée rencontre par l’intermédiaire d’un manager et du rappeur Michel, un des membres phares de la 75e Session, Sheldon. Alors qu’elle plaisante sur le caractère assez artisanal des ses freestyles enregistrés sur Snapchat, le producteur voit en elle un futur talent à développer : “C’est un humain incroyable, c’est grâce à lui que j’ai compris ce que je voulais faire de ma vie, tout simplement.”

Que fait-elle? 

Les projets de Zinée sont un ensemble de musique que l’on peut entendre, que l’on peut voir et même ressentir. Loin du trip sous LSD que vous commenciez peut-être à imaginer, la rappeuse sait amener son auditorat dans des ambiances parfois rudes, nostalgiques, douces, planantes et surtout, transporter n’importe qui dans son monde grâce à de multiples références et une façon très maligne d’afficher des images, des couleurs dans sa musique. “C’est un truc que j’ai depuis petite, j’ai appris il y a pas longtemps que ça s’appelle la synesthésie, explique-t-elle. C’est le fait d’associer des couleurs à des émotions, de la musique, un caractère, une date…” C’est d’ailleurs par cette interprétation très visuelle de ses ressentis que la rappeuse a nommé sa première mixtape Cobalt, qui définit aussi bien une nuance de bleu d’un matériel utilisé dans des armures ou pour la chimiothérapie. Une couleur où se cachent des sujets très lourds, un peu comme dans les textes de l’artiste. 




Avec qui ?

Derrière sa voix plutôt aiguë et discrète, qui balance pourtant des flows solides et percutants, se joue les mélodies de Sheldon. Avec son producteur qui lance le rythme, Zinée choisit les ambiances et pose ses couplets, un vrai travail d’équipe : “J’écris souvent des punchlines sur mon téléphone de façon décousue et je laisse aller à la structuration quand on construit réellement la musique.” Une collaboration entre amis qui ne manque pourtant pas de rigueur, car l’artiste n’hésite pas à rappeler le caractère “pointilleux” de son producteur. À l’origine de ces deux premiers projets, ce duo vertueux n’a pas fini ses tours de magie. 

On l’écoute où ? 

Après la mixtape et le succès que cela lui apporte (programmée dans plus de cinq festivals en France depuis la rentrée de septembre), on aurait pu imaginer que l’artiste accélère en vue du premier album. Au contraire, Zinée prend son temps : “Je réfléchis par la suite pas à pas. Je travaille sur un format EP avant de travailler sur mon premier album.” Une mesure qui promet donc de futurs projets encore plus maîtrisés et des concerts en attendant, pour nous faire gentiment patienter. La rappeuse partagera d’ailleurs la Marbrerie ce samedi avec d’autres artistes féminines : “J’ai archi hâte d’y être ! J’aime beaucoup la scène et ça me fait super plaisir de jouer à Montreuil ! J’ai entendu parlé de Songe et Cœur, j’ai hâte de voir leurs prestations !” Sans hésitation, Zinée est l’une des artistes à ne pas louper lors du festival Les Femmes S’en Mêlent

Gaëlle Magnien

Articles liés

“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
Agenda
26 vues

“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14

L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....

La Scala présente “Les Parallèles”
Agenda
38 vues

La Scala présente “Les Parallèles”

Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
111 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...