La rêverie avant-garde avec “Anne With an E”
Qui n’imaginait pas des dizaines d’histoires étant enfant, faisant marcher cette merveilleuse chose qu’est l’imagination ? Et si nous vous disions, qu’en plus de retournez à cette époque, il est aussi possible que l’imaginaire se mêle à des sujets de sociétés contemporains ?
Peut-être connaissez vous la série de livres Anne et la maison aux pignons verts, écrit par Lucy Maud Montgomery ? Netflix en collaboration avec CBC a décidé d’adapter ces livres en série, qui s’étend donc sur 3 saisons.
Pour contextualiser un peu, car il le faut bien : nous sommes sur l’île du Prince-Edouard (Canada), à la fin du XIXe siècle
D’un côté, nous avons une petite orpheline, débordante d’imagination, qui nous partage ses pensées et états d’âme dans de longs dialogues, qui n’a pas son pareil pour se retrouver dans des situations délicates et dont le plus grand malheur est d’être rousse, Anne (avec un e, c’est une question de vie ou de mort). De l’autre, un frère et une sœur dans la soixantaine, timides, un peu renfermés, à cheval sur les bonnes manières, trouvant indécents la moindre démonstration d’émotions, et très terre à terre, Matthew et Marilla Cuthbert. Ils souhaitent adopter un orphelin, afin d’aider Matthew à la ferme. Mais vous avez bien lu, c’est d’un garçon qu’ils veulent…
Or, en ce jour béni pour notre chère Anne, c’est elle qui arrive à Avonlea (le village où se situe l’histoire). S’ensuit alors de nombreux doutes, questionnements, aventures… qui durent 8 romans et 3 saisons.
Dans “Anne With an E”, c’est la différence qui est encouragée et soutenue
En effet, la série traite du racisme, de la communauté LGBTQIA+, du féminisme, de l’adoption et de la “différence”, entre autres. Nous rappelons que nous sommes ici dans les années 1890, par conséquent, la place de la femme est à la maison, la communauté LGBT n’existait évidemment pas et c’était alors illégal d’être gay ou lesbienne. Même si l’esclavage était aboli depuis une cinquantaine d’années, cela est également évident que les personnes de couleurs n’étaient pas traités comme des égaux. La différence était très mal vue, surtout dans les communautés fermières, comme c’était le cas d’Avonlea.
Vous pourriez alors vous demander à quoi cela sert de regarder une série pareille, qui donnerai à première vue envie de s’arracher les cheveux d’indignation ? Justement car celle-ci est pour l’égalité, la bienveillance, le respect, et surtout l’amour de l’autre, peu importe s’il n’est pas comme nous.
Cette série nous montre que c’est essentiel de se battre pour avoir le droit d’être nous, même pour nos droits fondamentaux. Si à l’époque c’était bien plus difficile qu’aujourd’hui, il existait déjà. Aujourd’hui, ce n’est pas plus facile, et il reste un long chemin à parcourir, qui ne sera pas sans obstacle, mais il ne faut pas renoncer. Comme le dit si bien Anne :
« Ce n’est pas ce que le monde te réserve qui est important, mais ce que toi tu peux y apporter. »
Sur un plan plus esthétique cette série est une merveille
Outre les habits, le mobilier et les maisons d’époque, les paysages sont à couper le souffle.
Les personnages sont tous différents à leur façons, et pourtant, la plupart s’accordent très bien. Les acteurs sont impeccablement choisis, et on n’aurait pas rêver mieux qu’Amybeth McNulty (Stranger Things, Morgane) en Anne, que Lucas Jade Zumann (Sinister 2, 20th Century Woman) en Gilbert Blythe et bien sûr, Geraldine James (Downton Abbey, le film) en Marilla et R.H Thomson (Royal Scandal) en Matthew. Un casting qui rend justice à cette merveilleuse histoire qui est celle d’Anne et de ses proches.
Et bien que, comme dit précédemment, la série diffère des livres, ce n’est pourtant absolument pas dérangeant, les deux apportant des choses différentes mais belles.
Une belle invitation à la rêverie, mais également celle à un monde meilleur et plus égalitaire.
Propos de Camille LAVAL
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