“Bleu” : le premier EP solo de Benjamin Cotto sort aujourd’hui
Bleu : 35 ans, cinq titres. Il a tout fait : paroles et musiques. Spectres et refrains. Il a travaillé avec son ami, arrangeur et réalisateur, Giacomo Lecchi D’Alessandro. Antoine Gaillet et David Mestre, à la réalisation et au mix également conviés. Ce disque, il le travaille au corps et à l’âme depuis deux ans. Deux ans et toute une vie pour être tout à fait précis.
“J’aime cette couleur, j’aime le bleu de la mer, du ciel, dans les yeux d’une femme. Et la plupart des femmes pour lesquelles j’ai écrit ces chansons ont les yeux bleus.”
Benjamin Cotto n’ignore pas que c’est le chemin qui compte, que les chimères et le désir n’abdiquent jamais. Cette capacité à écrire des chansons à la fois ambitieuses et simples, lumineuses et crépusculaires, comme dans les années 70, est assez saisissante. Comme si Benjamin avait retrouvé la sauvagerie et la pureté de l’enfance, quand les limites à l’imaginaire n’existent pas encore. Quand Lilly Wood and the Prick débutait… Benjamin apeut-être voulu se prouver, se (re)trouver. Sans filet et avec une certaine ferveur.
“Je voulais avoir à nouveau les mains dans le cambouis, faire tout tout seul. Me mettre en danger. Comme aux débuts de Lilly Wood, quand on créait dans cette chambre de bonne. Retrouver une spontanéité, une instantanéité.”
Grave et beau. Anecdotique et éternel. Bleu offre un autre tempo, un autre rythme, une autre temporalité. À l’opposé de la peur et de l’accélération de particules que la société actuelle offre comme unique échappatoire à ses locataires.
Et même si Benjamin Cotto a creusé ses entrailles et un certain passé, la nostalgie n’est ici presque qu’une excuse. Ce n’est vraiment pas un disque rétroviseur. C’est un disque d’horizon. Furieusement vivant, un disque de l’instant. Entre velours et aube nacrée. Une proximité s’installe sans attendre. Le Grand Bleu, premier single, accompagné d’un court métrage réalisé par Benjamin, prend par la main. C’est un voyage immobile, un trip jamais acide, une déambulation d’éclipse. Dans Bleu, il est moins question de dauphins que de sirènes, d’auto-fiction que d’épopées des sentiments. D’apnée que de cœurs en quête. Chez Cotto, la musique est au centre de tout. Son nombril est un passage, jamais un terminus. Il y a des ponts, des introductions, des envolées, des fins, des thèmes, des strates, des choses qu’on pensait réservées à un illustre passé. Et puis, dans ce disque, il y a le cinéma.
Benjamin est de ces hommes qui ont besoin de vivre une histoire pour pouvoir ensuite la raconter, avec des notes ou des images. Provocation. Narration. Incarnation. Il reconnaît être un flâneur. C’est ainsi qu’il convoque les muses, qu’il ravive ce qui n’est plus. Il déambule, dans les rues et les souvenirs. Il croise les époques et les sentiments. Un disque assurément très proustien. Il cultive ce rapport quasiment accidentel à la création et c’est heureux. Ses chansons n’en sont que plus belles, indomptables, accueillantes, magiques. Profondes et aériennes. Paradoxales, comme toutes les bonnes chansons. Il y a des peintres que des montagnes, des villes, des fleurs obsèdent. Chez Benjamin Cotto, sur ce disque, ce sont les femmes, indéniablement. Elles sont plusieurs à chanter à ses côtés : Marine Quéméré, Margaux De Fouchier, Manon Leloup, Sarah Bouakline Le Scouarnec…
Il y a Marilou. Dans le court-métrage Le Grand bleu, il y a deux actrices, Lou Lampros et Marie-Ange Casta. Cette chanson, c’était un peu un fantasme. Ces deux filles-là, Benjamin les a aimées et désirées et les a mélangées pour qu’elles ne fassent plus qu’une seule personne. Rive, c’est le souvenir d’une ex, avec qui Benjamin marchait dans les rues de Paris. Une fille qu’il trouvait sublime. Depuis Que Tu n’es Plus Là, Benjamin le reconnaît volontiers, est un hommage à Barbara. Encore une histoire amoureuse. Les souvenirs, d’un été peut-être… Tu Danses plonge avec délice dans l’italo-disco ! Benjamin est dans une boîte de nuit et observe intensément une femme. Mi-groove mi-lubrique, impeccable !
Toutes ces chansons, c’est d’abord au piano que Benjamin Cotto les a façonnées. Sur un Wurlitzer qu’il a acheté pour l’occasion. Benjamin Cotto est un admirable collectionneur de fantômes. Et il y a sa voix. Grave et secrète, celle d’un ogre et d’un conteur. Une voix mythologique. Force et faiblesse mêlées. Il parle-chante, talk-over. Ce n’est pas un énième disque troupier de post-crooner au narcisse brûlé, non, mais bel et bien plutôt celui d’un homme qui préfère les songes, l’élégance, l’amour quand il ne triche pas, quitte à chialer des larmes de sang. On tourne les pages de Bleu. On plonge sans crainte.
[Source : communiqué de presse]
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