Poésies mystiques et makams ottomans au Festival de l’Imaginaire
La musique classique ottomane s’est développée dans un environnement multiculturel qui a favorisé des échanges artistiques florissants entre les cultures byzantine, persane, arabe et turque. Formés par les grands maîtres du genre, Murat Aydemir, Ahmet et Ali Osman Erdoğdular illustrent la manière dont la poésie et la musique instrumentale s’entremêlent pour faire surgir l’essence du makam.
Fruit d’une longue histoire ancrée dans un environnement multiculturel situé au carrefour de l’Europe et du Proche-Orient et favorisant des échanges artistiques florissants entre les cultures byzantine, persane, arabe et turque, la musique classique ottomane reflète un système musical modal d’un grand raffinement incarné par le concept de makam. Chaque makam se définit par un ensemble de traits mélodiques tout en ayant un caractère et une couleur émotionnelle propres.
Pratiquée dans l’empire ottoman dès le XIVe pour se développer les siècles suivants à la cour des sultans, la musique savante ottomane renvoie à plusieurs genres vocaux et instrumentaux, organisés en suites (fasıl) dans le cadre de cycles rythmiques successifs (usul) ou de parties plus libres. Suivant un enchaînement codifié, les pièces instrumentales et les chants composés alternent tout en laissant place à des sections improvisées (taksim) où la voix se déploie progressivement, illustrant les mélismes et ornementations spécifiques à ce style vocal.
La tradition poétique et musicale ottomane doit énormément aux pratiques rituelles soufies du sema – concerts dansés spirituels — et du zikr (“commémoration”). Elle est intimement liée à la tradition mystique de la confrérie des Mevlevis, fondée au XIIIe siècle, et connue pour leur danse giratoire qui leur a valu le nom de “derviches tourneurs”. Les chants présentés comprennent ainsi des ilahi (hymnes) et des kaside (improvisation sur la poésie religieuse). Mystique de l’islam, le soufisme en est la principale voie de réalisation spirituelle.
C’est ce riche héritage musical et culturel que présentera le trio invité. Formés par les plus grands maîtres du genre dans la pure tradition orale de maître à disciple, Murat Aydemir, Ahmet et Ali Osman Erdoğdular illustreront la manière dont la poésie et la musique instrumentale s’entremêlent pour faire surgir l’essence du makam, une entité musicale dynamique qui doit toucher l’âme de l’auditeur. De sa voix puissante et expressive, Ahmet Erdoğdular interprétera les poèmes des célèbres poètes mystiques Rumi (XIIIe siècle) et Yunus Emre (XIVe siècle), dans une progression lente soulignant la large tessiture du chanteur et le caractère mélismatique du chant qui est ici vecteur d’émotions, tout en s’accompagnant du tambour sur cadre bendir.
Ahmet Erdoğdular est un des chanteurs turcs les plus connus pour son rôle dans la préservation du style de chant classique de la tradition musicale ottomane turque. Il s’est spécialisé dans la technique du gazel turc (improvisation), tandis que ses recherches académiques portent sur l’utilisation de la musique et de la poésie dans les formes de gazel de la fin de la période ottomane. Son frère Ali Osman a grandi à Istanbul où il a appris le ney, flûte oblique à embouchure terminale en roseau, auprès de leur père Ömer Erdoğdular, sous l’influence des maîtres Niyazi Sayın et Necdet Yaşar. Compagnon de longue date, Murat Aydemir est un joueur du luth à manche long tanbur de renommée internationale.
Événement partenaire du Club Artistik Rezo
[Source : communiqué de presse]
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