“L’État du Texas contre Melissa” de Sabrina Van Tassel – Au cinéma le 15 septembre
Melissa Lucio est la première femme hispano-américaine condamnée à mort au Texas. Accusée d’avoir tué sa fille de deux ans, cette mère pauvre et droguée, coche toutes les cases de la coupable idéale.
Pourtant, son histoire qui regorge de zones d’ombres, va se révéler bien plus complexe qu’elle n’y paraît…
Note d’intention de Sabrina Van Tassel, la réalisatrice
Rien ne me destinait à rencontrer Melissa. Jamais je n’aurais pu imaginer que nos vies allaient se lier de manière indéfectible.
C’est arrivé il y a quatre ans, alors que je réalisais un reportage aux États-Unis sur les femmes dans le couloir de la mort. Curieusement, l’histoire de Melissa était celle qui m’intéressait le moins. Je n’avais pas envie de raconter le cas d’une femme droguée qui avait maltraité sa fille de deux ans jusqu’à la mort. Rien ne pouvait excuser un acte pareil. C’était tout simplement abominable.
Quand je suis arrivée dans sa vie, sa famille lui avait plus ou moins tourné le dos. Je ne savais quasiment rien d’elle. En faisant des recherches, je me suis rendue compte que son histoire n’avait pas suscité un grand intérêt dans les médias. À peine quelques lignes dans un journal local. Un fait divers comme un autre. Pas suffisamment morbide pour les reconstitutions d’enquêtes criminelles à la télévision. Pas suffisamment touchante non plus. Le sort de Melissa n’avait provoqué aucune empathie. Elle n’intéressait personne.
Toutes les deux assises de chaque côté du parloir, le téléphone à la main. Le temps semblait s’être figé. Notre rencontre paraissait prédestinée.
Dans ses yeux, j’ai vu toute l’injustice du système judiciaire américain qui condamne les plus faibles pour s’en débarrasser. Là où tous ne voyaient en elle qu’une criminelle, j’ai vu une femme sacrifiée. Après une courte enquête, il paraissait clair que son histoire regorgeait de zones d’ombres jamais explorées.
J’ai eu envie de comprendre qui était cette femme, avec ses failles et toute la complexité de son histoire. Je voulais en faire un film, qu’elle soit coupable ou non. Un documentaire pour le cinéma, sans formatage, où la liberté de parole et de contenu serait totale. Où les non-dits et les silences seraient de vrais temps de narration. Où le récit des faits se ferait à travers l’image, par l’atmosphère qui s’en dégage. Un film sans artifice où nous n’aurions pas besoin d’explication. Où tous les éléments à charge seraient exposés dès la première image, de manière à ce que le spectateur se fasse sa propre opinion.
Un film qui peindrait aussi bien l’Amérique des laissés pour compte, que l’histoire d’une femme démunie et imparfaite, broyée par le rouleau compresseur du système judiciaire américain.
La réalité de ce pays, son paysage multiculturel et ses disparités sociales, je les connais bien. Réalisatrice franco-américaine, je parcours les États-Unis depuis 15 ans. J’y ai réalisé plus d’une Quand la machine judiciaire frappe, seul celui qui a de l’argent peut s’en sortir, même l’assassin que tout accuse. Tout est fait pour éviter le procès et payer au prix fort sa liberté.
À travers cette histoire, c’est un système tout entier que j’ai voulu confronter. Celui des juges et des procureurs qui, pour être réélus, ont besoin d’un quota de condamnations fortes, dont la peine de mort. Celui d’avocats commis d’office qui enchaînent les procès, sacrifiant leurs clients par manque d’expérience, d’envie ou manque de temps. Une justice à deux vitesses, où les pauvres ne sont pas entendus, coupables ou non.
C’est justement parce qu’elle coche toutes les cases de la coupable idéale que l’histoire de Melissa m’a intéressée. Parce qu’après des heures passées à enquêter sur elle, j’ai découvert beaucoup trop d’éléments qui n’avaient jamais été présentés à son procès. Parce qu’elle représente tout ce dont l’Amérique aimerait se débarrasser.
Il ne fait quasiment aucun doute que si Melissa avait été défendue comme elle aurait dû l’être, elle ne serait pas dans le couloir de la mort. Elle serait peut-être en prison. Peut-être pas…
Événement partenaire du Club Artistik Rezo
[Source : communiqué de presse]
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