Rencontre avec Liv Del Estal : “La musique c’est des sensations et un parcours de rencontres”
La jeune chanteuse et actrice Liv Del Estal nous présente sont nouvel album “Ma vie en vrac” ainsi que son parcours.
Peux-tu nous décrire ton parcours ?
J’ai un parcours d’autodidacte. Je n’ai pas suivi de formation musicale en particulier, je pense ne pas être très scolaire dans ma vie. Je dirais que c’est plus des sensations et un parcours de rencontres. Je crois dans l’importance d’une rencontre, à deux chemins qui se croisent au bon moment, à ces personnes qui font partie de ton parcours parce que ça a matché très fort. C’est ce qui s’est passé pour “Ma vie en vrac”.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique ? Est-ce un déclic ? Est-ce une rencontre ? Est-ce que ça a toujours fait partie de toi ?
La musique, ça a toujours fait partie de moi. Je sais que mes premiers souvenirs de moi qui chante c’est des souvenirs de l’enfance, un rapport inconscient, primaire et spontané vis-à-vis de la musique. Je ne chantais pas pour me donner en spectacle ou pour qu’on me regarde, pour qu’on me voie. J’ai eu une enfance assez solitaire, j’étais réservée, donc quand je chantais c’était des moments avec moi-même pour raconter des histoires aux doudous avec lesquels je jouais ou pour moi-même. En fait, je ne m’en rendais pas compte. J’ai ensuite senti qu’il était plus simple pour moi de chanter mes émotions, c’est d’ailleurs ce que je faisais naturellement petite et je n’ai jamais eu envie d’arrêter.
Quelles ont été tes inspirations pour ton EP « Ma vie en vrac » ?
Quand tu me poses cette question, j’ai tout de suite envie de te dire : les gens que j’ai aimés et que j’aime et que j’aimerai. Une chanson c’est des fragments de discours amoureux, c’est comme les pages d’un journal intime qu’on ouvrirait dans le désordre. Ensuite, musicalement parlant, j’ai été influencée par la chanson française et des textes qui racontent des histoires comme Aznavour et Édith Piaf qui sont mes préférés. Ensuite, à la maison on écoutait de la musique italienne comme Paolo Conte ou Luigi Tenco. L’Italie est tellement présente avec toutes ces émotions musicales. C’est toujours une question qui me plait, mais paradoxale, parce qu’il y a beaucoup de choses de la chanson française qui sont dans la mélancolie, il y a quelque chose de dramatique qui me parle, mais il y a ce truc un peu plus solaire qui existe si fort par d’autres chants et d’autres manières devant la musique qui est plus celle de l’Italie. Je me retrouve aussi dans la musique brésilienne. Et il y a des artistes comme Stromae, Lana Del Rey ou Feu Chattrerton, qui sont des personnes qui m’inspirent beaucoup dans la poésie. J’écoute aussi de la musique classique. En fait, je suis assez plurielle. Je pense que ce qui est drôle c’est qu’aujourd’hui je fais de la ”Pop” … et je n’en écoutais pas forcément, voire pas du tout. Donc, je me dis qu’on n’écoute pas forcément la musique qu’on fait, mais que la faire nous fait du bien. Et je m’en suis rendu compte après, en parlant avec gens quand on me disait “Ah, mais tu viens de la Pop”, au début ça me faisait bizarre parce que je ne viens pas de là.
Tu es l’auteure de tes chansons. Est-ce que tu as une méthode pour écrire ?
J’ai remarqué que c’est d’abord des mélodies qui tournent dans la tête et qu’ensuite j’écris, c’est souvent dans ce sens-là. Ça peut être avant de m’endormir, en marchant, en lisant en discutant, en regardant un film… mais il y a d’abord une mélodie. Et après je me dis que j’ai envie d’y déposer des mots et je démarre souvent d’un détail, d’un petit quelque chose qui m’a marqué dans la journée. C’est aussi très important que les sonorités des mots, des textes chantent. C’est un amour des mots que j’ai par le théâtre, parce que j’aime beaucoup ça et parce que j’ai été plongée dedans toute petite, donc je pense que ça vient de là. Et il y a l’imagination qui ramène toujours son grain de sel à l’histoire, évidemment. J’ai remarqué aussi que j’arrive à écrire que lorsque l’émotion est derrière moi. Quand je vis un fort moment de joie, de tristesse ou de peur, il me faut toujours un moment de recul pour pouvoir écrire. Je dis souvent que je suis une amoureuse du sentiment amoureux, comme on peut l’entendre dans “Ma vie en vrac”, je tombe amoureuse de plein de choses et il faut que j’aie traversé cet amour pour pouvoir écrire dessus.
Est-ce que la crise sanitaire a changé quelque chose pour toi ? Est-ce que tu as plus écrit pendant cette période ?
Ça n’a pas changé grand-chose pour moi. Tout ce temps m’a permis de rencontrer des personnes qui sont tellement essentielles, aujourd’hui, à mon travail, à la réalisation de mes chansons. Par exemple, Marlon qui est le réalisateur de ce disque, et avec qui j’ai encore envie de travailler longtemps, a été très important quand je l’ai rencontré il y a un an juste avant le premier confinement. On s’est tout de suite entendu et je sais que son exigence tout au long du travail me rend très prolifique. Avec Marlon, je vais loin, j’ai envie. Et c’est ce dont je te parlais tout à l’heure c’est les rencontres. Depuis, peu de temps je co-écris avec quelqu’un que j’aimais et que j’aimerai toujours, qui s’appelle Max, qui est auteur et artiste. En fait, pour entrer dans un processus de création il faut que je sois entourée de personnes en qui j’ai confiance. Je ne peux pas écrire et composer parce qu’on a prévu un rendez-vous avec des gens qu’on a fait venir, je ne fais pas partie de cette famille-là. Il me faut de la confiance. On est une équipe de trois, quatre et c’est génial !
Quelle a été ta première expérience avec la scène ?
Je pourrais te dire : une petite salle de spectacle dans laquelle j’ai commencé par faire des reprises à Paris… je pourrais te dire ça, mais, en réalité, la vraie première scène que j’ai faite et qui m’a marquée c’est mon audition à l’aveugle, et je ne serais pas là en train de te parler s’il n’y avait pas eu “The voice”. C’est une très belle expérience, une école très formatrice et même si ça va vite et que c’est un système de télévision. Je ne voulais pas le faire, j’ai été poussée à la faire. En même temps, j’ai perdu mon grand-père et il y a eu un tas d’autres choses qui m’a donné envie de le faire. Quand le jour de l’audition est arrivé, je ne m’attendais à rien et je pense que c’est une des sensations les plus fortes de ma vie. ”Panam Panam” reste, pour l’instant, mon plus beau souvenir de scène.
Tu es chanteuse et actrice. La musique et le cinéma ce sont deux domaines dans lesquels on est appelé à dévoiler ses sentiments et montrer ses émotions. Dans lequel de ces deux domaines exprimes-tu le mieux tes sentiments ?
Je pense que ça vient des deux. Je dirais que tout part du chant. Comme je te le dis je suis assez cinéphile, j’ai toujours aimé le cinéma c’est trop important pour moi, mais ce qui est spontané et ce que je porte en moi c’est le chant. Alors ça va dans ce sens : du chant à l’interprétation et de fait, du jeu. Mais je pense que les deux sont indissociables. Je ne me verrais pas chanter sans apporter quelque chose dans l’interprétation. Je pense que je raconte plus de choses en chantant et que j’ai beaucoup de choses à apprendre pour le jeu. J’ai envie de faire encore des projets, j’ai hâte d’en faire d’autres, si j’en ai la chance. En tout cas, je m’exprime plus facilement par la musique. Et c’est pour ça que le meilleur c’est quand les deux sont liés, quand l’interprétation épouse la chanson.
Pourquoi faut-il absolument acheter ton EP « Ma vie en vrac » ?
Parce que c’est génial d’être en vrac ! On a une idée du vrac comme quelque chose de désordonné, on se demande ce que ça veut dire, c’est désorganisé, c’est la catastrophe ! Mais je pense que dans cet EP on entend que ça peut être cool.
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