Julien Malabry : “Avec Poltred, nous désirions fonder une galerie d’un genre nouveau, ouverte à tous”
Photographe désireux d’accompagner amateurs et professionnels dans leur maîtrise du huitième art, Julien Malabry nous raconte l’aventure de Poltred, véritable lieu de vie hybride consacré à la photographie, qu’il a fondé avec sa compagne Pauline en 2018.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Julien Malabry. Je suis photographe de formation mais j’ai aussi un diplôme en dessin d’architecture et en aéronautique. J’ai ouvert Poltred en 2018 avec ma compagne Pauline qui est quant à elle une amatrice avertie issue du monde médical.
Avant de fonder Poltred, j’ai exercé le métier de photographe durant dix-sept ans. J’avais un studio rue de Sèze qui s’appelait le 5.56 dans lequel nous faisions beaucoup de mode et de corporate. Puis nous avons décidé avec Pauline de créer un lieu dédié à la photographie. Initialement nous étions partis sur une galerie d’un genre nouveau. Nous voulions sortir de cette idée de boite blanche avec un bureau en fond de galerie et une personne disant vaguement « Bonjour » lorsque quelqu’un rentre. Avec Poltred, nous désirions fonder une galerie d’un genre nouveau, ouverte à tous. Nous voulions bâtir un lieu de vie dans lequel on pouvait se retrouver, exposer de la photographie d’art, accompagner des photographes amateurs et professionnels, organiser des rencontres… En deux mots, construire un lieu à notre image, bons vivants.
Comment l’idée de créer ce lieu s’est-elle concrétisée ?
Pauline était lassée de ces galeries “boite blanches” complètement impersonnelles où on retrouve dès la vitrine une forme de barrière élitiste face à laquelle on se dit “ça n’a pas l’air pour moi, je ne rentre pas”.
De mon côté, j’avais très envie de développer la partie agence et accompagnement de photographes. Initialement j’ai un CAP en photographie. Mais je me suis surtout formé sur le tas, que ce soit sur la partie administrative spécifique à la photographie, la partie juridique ou encore l’accompagnement des clients. Je désirais transmettre, aider des photographes à entrer dans le monde professionnel. Je voulais leur apprendre à se vendre et à mettre le juste prix sur une photographie.
Alors nous avons créé un lieu global avec une partie galerie et une partie agence. Dand la partie galerie nous vendons des œuvres d’art, c’est-à-dire des œuvres limitées à trente exemplaires tous supports et formats compris. Dans la partie agence, nous répondons davantage à des travaux de commande. Nous accompagnons aussi des amateurs comme des professionnels sur tous les aspects de la photo, de la prise en main d’un appareil au déploiement de la créativité. Nous cherchons à déconstruire les préjugés que l’on peut avoir sur la photographie.
Comment choisissez-vous les artistes photographes que vous exposez ?
D’abord nous faisons une veille quotidienne sur l’actualité de la photographie. Nous organisons des évènements tels que des lectures de portfolio. Nous recevons aussi un nombre très important de portfolio. A partir de là, nous marchons à l’affect. Si le travail nous plait et que nous sommes en mesure d’en parler, d’élaborer une médiation le concernant, alors nous nous lançons !
Pourriez-vous définir votre univers artistique ?
Il est très vaste ! Déjà parce que Pauline et moi n’avons pas les mêmes gouts en matière de photographie. De mon côté, j’adore la photographie d’architecture, la photographie minimaliste, très épurée et sobre. Pauline de son côté est plus attirée par la photographie onirique, en noir et blanc. Donc nous sommes ouverts à plusieurs univers artistiques.
Qu’est-ce que veut dire Poltred ?
C’est du breton ! Je suis breton et un peu chauvin. Ça veut dire «photographie de portrait». Le nom a été assez long à trouver. Nous souhaitions un nom qui soit accessible à tous, qui suscite des interrogations. Et c’est le cas à chaque fois ! Le nom devait incarner une marque, dans l’idée de déployer le concept de Poltred ailleurs en France et que les personnes puissent nous identifier clairement.
Vous organisez aussi des concours. Pouvez-vous nous dire en quoi ils consistent exactement ?
Le plus important est le concours one-roll dédié à la photographie argentique dans lequel les photographes réalisent une pellicule en 24 ou 36 pauses, voire moins. On dit souvent qu’un.e bon.ne photographe fait six bonnes photos sur une pellicule, alors on suit ce concept. Les photographes ont une pellicule pour s’exprimer. Ils ou elles doivent nous proposer une planche contact sur laquelle sont sélectionnées six images. Ce travail est accompagné d’une note d’intention qui nous explique ce que les photographes ont voulu faire pour nous permettre d’entrer davantage dans leur psyché. Ça nous permet aussi de prendre un contre-pied sur la consommation actuelle de la photographie dans laquelle on mitraille à tout va sans nécessairement réfléchir à ce qu’on fait.
Vous vous définissez comme maison de la photographie. Pourquoi ce terme ?
C’est un terme sur lequel nous étions très partagés avec Pauline, du fait de l’appellation « maison de… » qui a été très utilisée. Et en même temps, c’est un terme qui avait du sens pour nous dans la mesure où nous désirions fonder un lieu de vie dans lequel toute personne puisse se sentir chez elle. Pour la partie restauration, nous avons fait le choix de produits locaux et de qualité. Nous avons aussi des professionnels qui viennent pour organiser des réunions dans un lieu calme et baigné d’art comme des familles qui arrivent avec leurs enfants pour la pause goûter.
Avec Poltred, vous avez fondé une maison de la photographie assez hors-norme, un véritable lieu de vie hybride qui se différencie des galeries ou des agences de photographie traditionnelles par la variété des activités qu’il regroupe. Pensez-vous que ce modèle hybride, à une époque marquée par le déploiement des tiers lieux, correspond aux attentes des publics ?
C’est vrai qu’au départ, un certain nombre de personnes ont eu de mal à comprendre ce qu’était exactement Poltred. On a encore souvent des personnes qui nous demandent si elles peuvent venir voir l’exposition sans consommer. La réponse est oui, évidemment ! En fait, le tiers-lieu est très intéressant pour ce qu’il propose. Et en même temps il est assez complexe, puisqu’il nécessite une communication très claire et spécifique.
Site : POLTRED
Lieu : 54 CRS de la Liberté, 69003 Lyon
Retrouvez aussi la galerie Poltred sur ses pages Facebook et Instagram
Propos recueillis par Pauline Bonnemaison
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