Cécile Davidovici : la broderie pour s’exprimer
Après avoir travaillé dans le milieu du cinéma, c’est dans la broderie que Cécile Davidovici trouve une nouvelle façon de raconter les histoires.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Cécile Davidovici, j’ai 33 ans, je suis une artiste née et basée à Paris et mon médium est la broderie.
Quel est ton parcours professionnel ?
J’ai fait des études de cinéma, milieu dans lequel j’ai travaillé pendant quelques années, d’abord sur des tournages puis ensuite pour mes projets personnels en tant qu’auteure/réalisatrice. Lorsque ma mère décède il y a quelques années, je réalise que je ne peux plus continuer à m’exprimer de la même manière. Mes histoires doivent prendre une nouvelle forme. Ça prend un peu de temps, je teste des choses pendant mon temps libre pour m’amuser, de manière inconsciente d’ailleurs car à l’époque je n’ai pas encore formalisé tout ça puis un jour, j’essaie la broderie… Mon amour pour ce médium est quasi immédiat. L’acte de pouvoir toucher ce que l’on créé, de pouvoir construire de mes mains m’apporte aussitôt ce qui me manquait.
D’où te vient cette passion pour la broderie ?
J’ai toujours aimé créer avec mes mains mais comme je le disais, la broderie est arrivée dans ma vie un peu par hasard et assez tardivement. J’ai lu récemment un article très intéressant qui soulignait le fait que les verbes : raconter, tisser et coudre, étaient synonyme dans presque toutes les langues. Impliquant ainsi que les histoires sont construites de fils qui s’entrecroisent. Cette idée me parle énormément et décrit ce que j’essaie de faire avec la broderie.
Combien de temps passes-tu en général sur une broderie ?
Cela dépend vraiment des projets. Les pièces de la série ”La saison des feux”, co-créée avec David Ctiborsky, m’ont pris au moins un mois par œuvre. Les récents portraits environ 2 semaines par œuvre. Ces dernières sont plus instinctives et je ne peux pas revenir dessus trop de fois sinon le rendu est trop lourd.
Que représente la broderie pour toi ?
La broderie comme un art a trop longtemps été sous-estimée et encore aujourd’hui, je vois très bien ce que les gens s’imaginent quand je leur dis que mon médium est la broderie. Ils pensent aux petites fleurs délicatement brodées sur de la dentelle, comme le faisait notre grand-mère dans le temps. Pourtant c’est un outil aussi riche que peut l’être la peinture et je pense qu’il a longtemps été uniquement considéré comme un passe temps car il était fait uniquement par des femmes et à l’époque, les femmes n’étaient pas artistes, ou du moins pas comme pouvaient l’être les hommes. Difficile pour ces femmes d’explorer leur créativité et de penser en vivre. Heureusement c’est en train de changer et je vois émerger de plus en plus d’artistes incroyables qui travaillent le textile.
En ce moment tu travailles sur une série de portraits, peux-tu nous en parler ?
Je viens en effet de terminer une série intitulée : Portraits of a constant dream. Ce sont des portraits féminins dont les visages en gros plan se dédoublent, sans indice d’époque. Ces visages sont presque deux fois le même, mais pas tout à fait. L’un est toujours plus grand. L’un est toujours plus présent. Ces femmes nous dévisagent mais se regardent vers l’intérieur, questionnant leurs contradictions, révélant leurs doutes. J’aime l’idée qu’on voit un peu de nous même en les regardant.
Peux-tu nous parler de tes projets actuels ?
La dernière pièce de ma série Portraits of a constant dream est actuellement exposée à Londres à la Galerie Daniel Raphaël. C’est une exposition qui me tient beaucoup à cœur car elle regroupe 25 artistes internationales femmes et non binaires, incroyables autour du thème de la vision de la femme. L’exposition a été curatée par la fantastique Mollie E Barnes, créatrice du compte Instagram She curates où elle met en avant les artistes femmes à travers des interviews.
Quelle est la plus belle de tes œuvres à tes yeux ?
Je ne sais pas si c’est la plus belle mais en tout cas c’est celle qui me tient le plus à cœur. Il s’agit d’une pièce de ma première série intitulées <<1988 (où j’ai brodé des captures d’écran de films VHS de mon enfance, filmés par mes parents) Sur cette œuvre, donc, on peut voir une mère enlaçant son enfant, tous deux assis sur un banc. Je l’aime sûrement parce que j’ai le sentiment d’avoir donné vie, de manière très personnelle, à une partie de ma relation avec ma mère. Et je sais aussi qu’elle a parlé à beaucoup de gens et j’aime l’idée qu’elle ait un côté universel.
Où peut-on acheter tes œuvres ?
J’ai un shop en ligne accessible depuis mon site www.ceciledavidovici.com et on peut aussi me contacter directement pour savoir si j’ai des œuvres disponibles qui ne seraient pas sur le site.
Retrouvez l’univers de Cécile Davidovici sur son compte Instagram.
Propos recueillis par Agathe Bourdeauducq
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