Anne Claire Le Comte : “La comédie musicale est un moyen d’expression très libérateur”
Entretien avec Anne Claire Le Comte, actrice et chanteuse de comédies musicales à Londres. Dévouée, humaine et engagée, la franco-écossaise de 27 ans nous raconte ici son parcours.
D’où est née cette passion pour les arts vivants ?
J’imagine que cet attrait pour le spectacle vivant est ancré dans mes gènes. Ma famille écossaise m’a donné le goût de la comédie musicale anglo-saxonne. Petite, je regardais beaucoup de films musicaux comme La Mélodie du bonheur, film dont j’étais totalement fan puisque j’ai du le regarder une centaine de fois. Je me rappelle que Le Roi Soleil fut la première comédie musicale à laquelle j’ai assisté et cela m’a beaucoup plu.
Tu as d’abord fait une prépa littéraire, avant d’étudier le commerce à l’ESCE. Quel a été le déclic qui t’a finalement donné envie de suivre le chemin du spectacle vivant ?
Je me suis rendu compte que l’école de commerce ne me correspondait pas du tout étant donné que je suis très centrée sur mes émotions et mon corps, or ce monde commercial invalidait mes sentiments et m’empêchait d’exprimer ma créativité. Le monde du spectacle vivant était un appel viscéral fort et en suivant cet instinct, j’ai finalement trouvé ma place. Cela fait maintenant quatre ans que je m’épanouis pleinement dans cette voie.
Quels aspects de la comédie musicale t’ont séduite ?
Tout d’abord, j’ai rencontré Michael Pereira qui s’est avéré être une véritable inspiration pour moi. J’ai découvert son académie Broadway in Paris, dont l’aspect américain et l’exigence m’ont séduite. Le programme centré sur la danse m’a convaincue que c’était exactement ce qu’il me fallait et que cette formation me ferait énormément progresser. J’avais ce rapport à mon corps qui n’était pas évident mais les cours m’ont libérée et ont développé ma coordination. En ce moment, j’ai une préférence pour l’acting mais chaque discipline me plaît pour ses similitudes et ses différences qui m’apportent beaucoup. Selon moi, la comédie musicale est un moyen d’expression très libérateur qui me permet de transmettre un message à travers les personnages que l’on joue. C’est communiquer ou raconter une histoire et des problèmes de société que nous vivons tous. Avant, je considérais que la comédie musicale était surtout liée à la notion de divertissement. Je voulais faire rêver le public tandis que maintenant, j’ai envie de transmettre un message qui me tient à cœur !
Tu as étudié au Meisner Studio à Paris, comment définirais-tu la technique Meisner ?
Le but de la technique Meisner est de sortir l’acteur ou l’actrice de son mental, de manière à ce qu’il ou elle réagisse spontanément dans sa relation avec son partenaire de jeu. C’est une technique de jeu qui se concentre uniquement sur le moment présent.
Tu étudies actuellement à ArtsEd à Londres, quels sont les cours proposés dans le cadre de ton Master d’acting ?
On a plusieurs cours d’acting, ainsi que des cours de mouvement qui prennent en compte le corps. Ce que j’aime le plus dans notre cursus anglo-saxon, c’est qu’ils mettent l’accent sur le corps et la physicalité. Ils n’imposent pas une vision de l’acting, au contraire, ils se focalisent sur la découverte de chacun en tant qu’acteur. La formation se concentre sur l’individualité et sur ce qui te rend unique.
Comment prépares-tu une audition ?
C’est un long processus. Je vais d’abord lire la scène puis je vais faire des recherches concernant la pièce et son époque afin de m’imprégner de l’ambiance. Je vais essayer de comprendre le personnage à travers ses désirs profonds, ses motivations, ses besoins, etc. Mon objectif est de comprendre le personnage et ce à quoi il aspire sans le juger. C’est compliqué de s’approprier un personnage méchant tel un violeur puisqu’il faut comprendre la vision de ce caractère, son passif, et les motifs derrières ses actions. Il faut mettre de soi dans chacun des personnages que l’on s’approprie.
Quel est le rôle le plus intéressant que tu aies joué ?
Le Roi de France ! J’ai eu du mal à m’approprier ce rôle car j’ai dû faire un réel travail sur moi-même pour obtenir cette notion de pouvoir. Je me suis rendu compte à quel point il était difficile en tant que femme de s’approprier le pouvoir à 100%, c’est très intéressant par rapport à la question féminine. Cela m’a affectée et grâce à beaucoup de travail, j’ai réussi à cerner le personnage et cette notion de pouvoir justement.
Quels sont tes futurs projets ?
Récemment, on a eu une période de création de projet où l’on devait monter une pièce en équipe en 10 minutes, sur un thème qui nous tenait à cœur. J’ai trouvé cela fascinant. À l’avenir, j’aimerais créer afin de travailler en équipe et défendre un message. En mai, je vais également avoir un showcase où l’on va montrer notre talent et j’aimerais bien y décrocher un agent.
Propos recueillis par Montaine Matuzac
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