Jauris Bardoux a.k.a. 99 dreaded : “Il faut apprendre à nager avant de plonger !”
Jauris Bardoux a.k.a. 99 dreaded
Ce photographe guyanais prometteur nous invite à découvrir son parcours d’autodidacte. Une passion qui s’est transformée au fil du temps en un véritable métier, mêlant intimité et sens du partage.
Peux-tu te présenter ?
Je suis né à Cayenne. Tout au long de ma jeunesse, j’ai jonglé entre Remire-Montjoly, Versailles, Vélizy et Matoury. Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique en Guyane, j’ai commencé une licence d’économie là-bas. Au bout de quelques mois, j’avais envie d’essayer autre chose. Ayant baigné dans un univers familial artistique, mon père étant musicien, j’ai alors suivi une licence de musicologie, d’anthropologie, de sémiologie et d’ethnomusicologie. J’ai ensuite décidé de partir en France où j’ai fait un BTS de commerce à Toulouse. Ces différentes expériences m’ont permis d’entrevoir une donnée essentielle dans mon métier : il faut savoir transformer la demande en offre.
De retour en Guyane, j’ai commencé à m’atteler à la photographie et à travailler avec des photographes locaux. Déçu de la difficulté d’accès à un milieu fermé, j’ai décidé de partir à Paris où j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde grâce à Ojoz, déjà ancré dans le milieu parisien de la photographie. J’y ai appris une info fondamentale : il faut savoir préparer le terrain avant de s’engager, apprendre à nager avant de plonger !
Comment ta passion pour la photographie est-elle née ? Quel a été le déclic ?
Mon grand-père était un photographe aguerri : il savait maîtriser les logiciels de photo et manier parfaitement les appareils photographiques. C’est là qu’est né mon intérêt pour ce médium. Avec du recul, je réalise que j’aurais dû profiter pleinement d’être à ses côtés pour en apprendre encore plus.
Plus tard, lors de mes études, j’étais en colocation avec un véritable photophile qui enchaînait tutoriels et podcasts sur la technique qui révélaient de précieuses astuces. Cette rencontre a stimulé mon intérêt pour la photo. À Toulouse, j’ai commencé par faire des portraits. De retour en Guyane, j’ai travaillé afin de pouvoir m’acheter mon premier appareil : un 7D Mark I, adapté aux zones humides.
En parcourant ton travail, on découvre des portraits de rappeurs, de chanteurs, de mannequins et parfois même d’humoristes. Comment choisis-tu tes sujets ?
Je n’ai pas véritablement de sujets de prédilection. Je crée des images de ce qui m’inspire : mes amis, la mode, le rap ou encore l’art. Je crois que pour produire quelque chose qui nous ressemble, il ne faut jamais s’éloigner de sa personne, de ceux que l’on aime. Lorsque je sors de ma zone de confort, c’est surtout pour savoir ce que je ne peux pas faire, ce qui ne me correspond pas. Ce que je veux, c’est capturer l’aura de mon sujet : une mimique singulière, une aspérité ou encore les signaux qu’il dégage. Je veux leur faire voir une facette d’eux qu’ils n’ont jamais vue, capturer ce qui, à mes yeux, fait d’eux ce qu’ils sont.
Et tes inspirations ?
La première, je le disais, c’est mon grand-père. Dans l’art, ce sont surtout les surréalistes qui m’influencent. Parmi eux, Leonora Carrington ou René Magritte, dont ma première série est directement inspirée. En photographie, je pourrais citer Ojoz, Annie Leibovitz ou encore Charles Clyde…
Le confinement a-t-il eu un impact sur tes activités ?
Le confinement a ralenti les choses. Le premier confinement a mis un point d’arrêt à mon travail, mais il m’a permis de me recentrer sur moi-même et m’a donné du temps pour gérer ma nouvelle entreprise. Maîtriser les aspects juridiques, administratifs, entrepreneuriaux prend du temps ! Le deuxième confinement, au contraire, a été très vivant, car les réalisations pour le monde du spectacle étaient autorisées. Je n’ai pas passé une seule journée chez moi !
Quels sont tes projets ?
Pour l’instant, je réalise beaucoup de commandes, de collaborations et de travaux en partenariat. En parallèle, je continue à me familiariser avec l’Autre en le photographiant à Glasgow, New York, Londres, Malte, Barcelone et Cayenne. J’aspire à développer ma démarche artistique, notamment en préparant une exposition. Un livre de photographies sur la Guyane arrive aussi prochainement.
Propos recueillis par Marine Stervinou
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