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Poulain : “Je préfère faire passer un message de manière subtile”

Roxane Thomoux 12 mai 2021
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Le sommeil d'Endymion- Acrylique et huile sur toile - 74x92 cm - 2021

Rencontre avec Poulain, une artiste peintre issue d’une famille créative où chacun possède un univers artistique bien distinct. Immersion dans son monde poétiquement engagé, entre sujets sérieux et douceur.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Poulain, artiste peintre, je pratique la peinture à l’huile sur toile mais aussi la peinture acrylique murale. Je peins depuis toute petite, c’est dans mon sang. J’ai continué ma pratique de l’art à l’université, puis voulant approfondir mes connaissances en Histoire de l’art, j’ai étudié à l’École du Louvre. Ces dernières études ont été primordiales dans ma pratique car je me nourris de ce passé, que je combine à des références contemporaines.

Comment décririez-vous votre travail ?

Mon travail est figuratif, avec des couleurs pop. On y retrouve du végétal un peu naïf. Mes arrière-plans – qu’ils soient en aplat de couleur ou faits de végétaux – tranchent avec le personnage peint de manière plus classique. Mes peintures sont le plus souvent empreintes de mythologie, d’iconographie religieuse.

Lavement érotique du pied – Acrylique et huile sur toile – 55×46 cm – 2021

Quelles sont vos influences artistiques ? 

Je me sens influencée par beaucoup d’artistes, notamment Le Douanier Rousseau pour les végétaux, le pop art en général pour ses couleurs vives. Si on devait citer l’un des artiste de ce mouvement, pourquoi pas Martial Raysse que j’admire. Magritte me fascine énormément, même si ma peinture n’est pas vraiment surréaliste. Et chez les grands maîtres anciens, je me sens très inspirée par Ingres, Cabanel, Girodet… C’est cette peinture classique qui me transporte, cette touche lisse et fine. Au-delà de la peinture, mes goûts musicaux illustrent bien cette double temporalité dans mon art, parfois j’écoute Camille Saint-Saëns, et dans la même heure mon répertoire musical passe à du rap puis du rock.

Vos toiles représentent souvent des sujets très sérieux, des problèmes sociétaux contemporains. Vous mettez un point d’honneur à représenter ces sujets de façon presque poétique, pourquoi ?

En effet, je trouve ça parfois caricatural de montrer un sujet sérieux et j’aime que mes personnages soient silencieux, doux. Certains artistes arrivent très bien à représenter des sujets dits sérieux, mais je préfère évoquer la chose avec douceur, faire passer un message, un problème de société, de manière subtile. C’est peut-être l’influence des peintres anciens qui savaient donner plusieurs sens à leurs peintures, en y cachant des indices. Chez moi, ils ne sont pas forcément cachés mais il n’y a pas nécessairement dix flèches pointées dessus.

Naissance de Vénus – 2021 – Fresque murale pour Les 3 murs – Paris 10

La préservation de l’environnement est importante pour vous et cela se ressent dans votre processus créatif, pouvez-vous nous expliquer ? 

Oui, la préservation de l’environnement est importante à mes yeux et pourtant, je ne suis pas forcément le meilleur exemple tous les jours. Ce n’est pas facile de consommer proprement quand on voit tous ces emballages plastiques. C’est d’ailleurs cette surabondance d’emballages qui m’a donné envie de les représenter en peinture. Je n’en pouvais plus d’en voir autant dans la poubelle, alors c’était un moyen d’exorciser tout ça en peinture. J’essaie de mieux consommer, mais c’est aussi aux industriels d’arrêter de nous culpabiliser sur la pollution et de faire les efforts nécessaires pour réduire, voire arrêter le plastique. D’ailleurs, j’ai interpellé Coca-Cola à de nombreuses reprises dans mon art et ils ont fini par me répondre en m’invitant à une sorte d’atelier-conférence pour dédiaboliser la marque, la rendre plus sympathique, plus green… Bref, un “gentil” lavage de cerveau. J’essaie de préserver l’environnement à mon échelle, si je trouve des châssis à donner par exemple, parfois je le ré-entoile moi-même et ça me fait une toile neuve. Pour l’acrylique, je nettoie mes pinceaux dans un petit verre d’eau qui sera ensuite épongé à l’aide d’un tissu, et c’est pareil pour la peinture à l’huile. Cette fois, c’est de la térébenthine mais en très petite quantité donc à la fin, surtout pas dans l’évier non plus!

L’homme et le capitalisme – Acrylique et huile sur toile – 50x50cm – 2021

Question technique pour les amateurs de peinture : quels sont vos outils de prédilection ?  

J’ai été formée jeune à la peinture à l’huile, mais j’avais laissé cette technique de côté en venant habiter à Paris car vivant dans un petit espace, je ne trouvais pas possible de respirer les odeurs des vapeurs d’essence. J’étais donc passée à l’acrylique. Mais mon grand amour était l’huile et ça me manquait beaucoup. Il y a deux ou trois ans, j’ai décidé de m’y remettre mais différemment. Comme je cherche des fonds colorés et un aspect naïf dans mes végétaux, je préfère les réaliser à l’acrylique, dont je trouve la peinture plus vive, moins naturelle. Les personnages eux, sont peints à l’huile pour m’approcher encore plus de cette veine classique et creuser le fossé arrière-plan/premier plan. J’utilise également de temps en temps la feuille d’or. J’aime beaucoup le rendu qui se rapproche des icônes religieuses, il y en a d’ailleurs dans mon prochain tableau.

Quels sont vos projets futurs ? 

Ce prochain tableau, cité ci-dessus, sera présenté à L’expo des 150 à la Villa Radet à Montmartre, du 21 au 24 mai prochain. Je n’en dis pas plus, venez le voir ! Je devrais également réaliser prochainement un mural de 6 mètres de haut à Bordeaux, j’ai hâte mais c’est compliqué d’avoir une date sûre avec le Covid. En termes de nouveaux défis, j’aimerais aller encore plus haut sur les murs. J’ai passé mon Caces pour manœuvrer les nacelles élévatrices et j’espère avoir bientôt plein de commandes à grande échelle.

Retrouvez Poulain sur son site internet et son compte Instagram.

Propos recueillis par Roxane Thomoux

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