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Xavier Chevalier : “Je vois la course automobile non comme une performance mais comme un médium”

© Xavier Chevalier

Rencontre avec l’artiste et régisseur Xavier Chevalier. Selon lui, la vie est semblable à une course automobile, avec sa ligne de départ et sa ligne d’arrivée. Xavier vit et travaille à Annecy, en Haute Savoie. Son art est une réflexion sur le temps, sur la place de l’homme dans le monde et son rapport à l’autre et à la société.

Bonjour Xavier, peux-tu te présenter et nous parler un peu de ton parcours d’artiste mais également de celui de régisseur ?

Je m’appelle Xavier Chevalier. Je suis tout d’abord le fils d’un artiste, Jean-François Chevalier. J’ai dès mon enfance baigné dans le milieu de l’art. Je me suis orienté vers l’école des Beaux-Arts de Strasbourg. Je me suis un peu formé moi-même, me rendant compte que derrière le travail d’un artiste il y avait un ensemble de personnes intéressantes et compétentes qui les accompagnaient dans le développement de leurs travaux. C’est de cette façon qu’en tant que stagiaire, j’ai assisté techniquement des artistes. Cela m’a permis de toucher à divers matériaux, d’être en phase avec leurs travaux et également de pousser la porte de musées, d’en rencontrer des directeurs. Je me suis alors dit que j’avais envie de travailler dans une structure culturelle de type musée et c’est comme ça que de fil en aiguille, je suis arrivé à mon métier actuel qui est régisseur principal d’une fondation d’art contemporain, la Fondation Claudine et Jean-Marc Salomon.

Penses-tu que ton travail, par sa polyvalence, est complémentaire à ton œuvre ?

Effectivement, assez rapidement j’ai compris que travailler pour d’autres artistes, comprendre leur travail, entrer dans leur univers en tant que régisseur et acteur de l’ombre, était extrêmement enrichissant pour continuer à animer et croire en mon travail plastique personnel.

Quelles sont tes influences, tes inspirations ?

La fascination pour la culture alternative punk DIY et l’admiration pour la peinture romantique. Mon inspiration première serait une sorte d’hybridation entre la Beat Generation et le mouvement Fluxus.

Comment définirais-tu ton travail artistique ?

La recherche d’une sorte d’absolu. En toute humilité, le plaisir de développer une réflexion sur le temps, sur la place de l’homme dans le monde et son rapport à l’autre et à la société.

© Xavier Chevalier

Quel est selon toi le lien entre une course automobile et l’art contemporain ?

La course automobile est mon moyen d’expression. Il s’agit pour moi de parler d’un geste, d’une attitude pendant un temps donné dans un contexte. La voiture de course est mon outil de travail, qui métaphoriquement, file sur une feuille tel un pinceau.
J’entends la vie comme un challenge perpétuel telle une course ponctuée de moments “fast”, de moments glorieux, de moments semés d’embûches tels un parcours, une route, un défilement de paysages, d’où la contradiction de la phrase “Live Fast, Fast Live” que j’utilise. Je vois la course automobile non pas comme une performance mais comme un médium. C’est mon rapport au monde et au paysage, une manière singulière et décalée de land art.

En ce moment tu travailles sur un projet artistique, Trompe l’Œil , en collaboration avec ton père, Jean-François Chevalier. Peux tu nous en parler davantage ?

Les notions de projet et de partage ont toujours été importantes dans mon travail artistique. Trompe l’Œil fait suite au projet Piloter une aquarelle, qui était déjà une collaboration avec mon père. Comme je l’expliquais précédemment, c’est une façon de mettre en parallèle mon travail de régisseur et d’artiste puisqu’il s’agit de reproduire l’image du travail d’un autre sur la voiture et de participer au prochain rallye des Bauges en tant que pilote et artiste. Le tableau choisi et réalisé par mon père est pour moi une sorte de camouflage contemporain qui fait écho à ma volonté de transformer le paysage en œuvre d’art et l’œuvre d’art en paysage pour tromper l’œil. “Être paysage” c’est pour moi se rendre compte que l’être humain pourrait être comparé à un motif de camouflage qui apparaît et disparaît sans cesse, le temps d’une vie.

© Xavier Chevalier

Ton travail est une réflexion sur le rapport au temps. Dans le contexte actuel, comment le conçois-tu ?

La vie est une sorte de sablier qui coule où l’on est perpétuellement confronté à la question à la fois de notre rapport au temps et à un environnement. Jusqu’au bout d’une vie, il faut se battre contre le temps dans une logique de maîtrise de soi. Le 1er août 2018 marque dans le temps le début d’une performance dessin intitulée WAIT & SEE, qui s’inscrit dans le cadre du projet Trompe l’Œil. Il s’agit de compter le temps jusqu’en octobre 2021, date du rallye des Bauges auquel je participe. Je me suis inventé une artefact sous la forme d’un pochoir laissant apparaître le mot “wait” (ndlr : “attendre” en anglais) réalisé au stylo chaque jour, quelque soit le lieu et le contexte.

Appréhendes-tu cette course qui sera finalement l’aboutissement de trois années d’attente ?

Oui, bien sûr. Le jour de la course sera un grand moment d’émotion puisqu’il s’agira d’emmener jusqu’au bout du parcours ce tableau qui est très important pour moi. L’image du tableau, tel un camouflage contemporain, apparaîtra et disparaîtra sans cesse dans le paysage, tel le parcours d’une vie. Cette course c’est l’inconnu de ce que sera demain, l’enthousiasme de faire exister quelque chose pendant un temps donné.

Que souhaiterais-tu pour 2021 ?

Voir apparaître de belles choses qui nous resteront en tête. “Wait & see”… Attendons de voir ce que nous réserve cette nouvelle année.

© Xavier Chevalier

Retrouvez toutes les informations du projet Trompe l’Œil  sur le site internet de Xavier Chevalier .

Propos recueillis par Rebecca Chevalier Bartoloni

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