Rencontre avec Hanna Ouaziz – Fondatrice de H.ART et directrice de la Teodora Galerie
Avocate de formation, Hanna Ouaziz est une jeune femme de caractère. Fondatrice de l’agence artistique H.ART et directrice de la galerie d’art contemporain Teodora, elle se fait intermédiaire entre les idées des artistes et tout type de public. Son but ? Soutenir les talents et divulguer la beauté dans le monde.
Vous avez un parcours non conventionnel : avant de devenir agente et galeriste, vous avez étudié le droit. Cela fait 5 ans depuis votre premier projet artistique : la monumentale Réserve Malakoff.
J’ai adoré mes études de droit mais j’ai toujours été passionnée par l’art. Le droit permet de structurer la pensée et également d’aider les autres. Pendant mes études à l’école d’avocat, j’avais déjà en tête un autre projet en accompagnant la création d’une galerie d’art à Londres. Après avoir porté la robe noire pendant quelques années, l’envie d’aider à la création a pris le dessus. C’est pourquoi j’ai décidé fin 2015 de me consacrer entièrement à la création de ce qui allait devenir la “Réserve Malakoff“, un événement éphémère consacré aux cultures urbaines et réunissant une cinquantaine d’artistes. Grâce à Jean Marc Vibert, un propriétaire passionné et désireux de transformer son hangar, nous avons pu donner naissance à un site culturel exceptionnel et vivant que j’ai aimé porter, animer et défendre. Avec l’agence H.ART, je poursuis cette démarche : agir dans le cadre des projets urbains sous différentes formes en réinventant les usages et la façon d’occuper ou d’habiter nos territoires. En 2017, le LAB 14 a vu le jour dans cette idée : la transformation d’un immeuble de bureau en espaces d’expositions et de résidences d’artistes dans le 14ème arrondissement de Paris.
Vous avez commencé comme curatrice pour le cycle Human Being dans la Galerie Guigon, en 2018. Depuis 2019 vous avez pris la direction de la Teodora Galerie, au cœur du “Carré rive droite”. Votre travail de galeriste prend beaucoup de temps et la programmation a été intense tout au long de l’année 2020.
La programmation de l’année 2020 a été très riche et passionnante. Le cycle SUBSTANCES qui a duré 4 mois m’a permis de traiter différentes notions à la fois philosophiques ou scientifiques au travers du travail des 19 artistes invités. Ensemble, on s’est interrogés sur la substance des choses, des êtres, du temps, de l’espace, à la découverte du concept même de matérialité, de matière. Cette période a été très dense avec l’organisation d’ateliers et de conférences.
Ensuite, j’ai invité cinq grandes figures de la peinture contemporaine dont le travail s’inscrit dans une volonté de Mémoire : Marc Duran, Alexander Deanesi, Gilbert Petit, Léo Caillard et, bientôt, André Cervera. Chacun d’eux mélangent passé et présent et ravivent notre mémoire collective et les mémoires qui traversent le monde ainsi que les cultures.
Comment avez-vous vécu la période 2020 ?
Avec la COVID, il a fallu réinventer le rapport aux autres, au temps. Il fallait répondre à l’envie des collectionneurs et du public de renouer avec les rapports humains et avec les artistes tout en étant contraints par la distanciation sociale. 2020 a néanmoins été une année très riche qui a permis de concrétiser plusieurs projets pour l’agence.
En octobre, par exemple, H.ART, en collaboration avec notre artiste Benoît Dutour, a organisé un événement féerique, “Danses Nocturnes”, dans le cadre de la Nuit blanche 2020. Cet événement, qui s’est déroulé Place des Vosges, a émerveillé un large public désireux de trouver des espaces d’évasion et de rêve dans ce contexte de crise. C’était inespéré mais nous l’avons fait !
En outre, avec H.ART, nous avons travaillé sur différents projets concernant Paris, ses banlieues, ses infrastructures. Par exemple dans l’appel à projet “Imagine Pleyel” notre action a vocation à raconter une histoire esthétique et artistique mais aussi sociale au sein d’une gare : l’idée centrale est que si le public ne va pas vers l’art, c’est à l’art d’aller vers le public. H.ART fait également partie des lauréats pour l’appel à projet “PARTAGE TON GRAND PARIS”, avec l’événement “Hétérotopia : les espaces rêvées du Grand Paris” du duo d’artistes numériques Neon Minuit. Les artistes s’approprient Paris et sa banlieue afin de créer une esthétique et une mémoire commune. Je collabore également, en parallèle, avec la plasticienne Elsa Duault sur un mouvement artistique appelé “Les nouveaux danseurs”, ayant pour but de réunir des artistes contemporains du monde entier ayant une démarche alliant matière et nature.
Depuis le mois de janvier, j’organise une série de conférences sur Microsoft Teams pour présenter les artistes avec lesquels je travaille et leur univers.
D’autres projets sont en cours mais je garde la surprise pour la suite !
Dans quel état d’esprit affrontez-vous le futur ?
Franchement, je me nourris de la pensée stoïcienne de laquelle j’ai envie d’apprendre une façon de vivre. Elle nous enseigne quelques leçons plutôt actuelles. Comme le disait Epictète, le but est de “Rendre parfait ce qui dépend de nous et prendre les autres choses comme elles viennent”.
Plus d’informations sur le site Internet de H.ART et de la Teodora Galerie
Propos recueillis par Violagemma Migliorini
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