L’année 2020 en 5 films
Et si on essayait de résumer 2020 autrement que par le coronavirus ? Voici cinq films qui ont marqué l’année, tant par leur qualité artistique que par ce qu’ils nous disent de l’évolution fulgurante du secteur du cinéma.
- 1917, Sam Mendes
Après avoir été dévoilé fin 2019 au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, c’est au tour de la France de découvrir le dernier film de Sam Mendes le 15 janvier 2020. Porté par la promesse d’une prouesse technique, celle d’un film sans montage ou plus communément appelé “plan-séquence”, 1917 retrace l’histoire de deux soldats britanniques embarqués dans une mission suicide de vingt-quatre heures sur le front du nord de la France. Les deux jeunes soldats vont devoir braver les lignes allemandes pour délivrer un message aux officiers d’une autre division dont les hommes s’apprêtent à tomber dans une embuscade.
De par la réalisation en plan-séquence, Sam Mendes offre au spectateur une expérience immersive, ce dernier incarnant presque le troisième membre de l’équipe. Il est d’ailleurs possible de faire des rapprochements esthétiques et sensoriels avec le jeu vidéo dont 1917 explore largement les codes.
Avec ce film, Mendes rend hommage aux vétérans de la Première Guerre mondiale et notamment à son grand-père qui lui aurait raconté un jour l’histoire de ces deux soldats.
- Mulan, Niki Caro
Les remakes en live action des classiques de Disney se sont multipliés ces dernières années. Après Le Livre de la Jungle (2016), Dumbo (2019), ou encore Le Roi Lion (2019), c’est à Mulan que s’est attaqué le géant américain pour produire une réédition mêlant acteurs et images de synthèse. Nous retrouvons une fidèle retranscription du long métrage d’animation, à quelques détails près, comme par exemple le nom de Mulan, Fa dans la version de 1998, devenu Hua en 2020 afin de rester fidèle à la légende chinoise de Hua Mulan qui a inspiré cette histoire.
L’occasion était parfaite pour permettre à ceux qui ont grandi avec la guerrière de L’Empire du Milieu de redécouvrir cette histoire, et pour une nouvelle génération de se l’approprier. Mais la fermeture des salles de cinéma partout à travers le monde a forcé Disney à ajuster sa stratégie de sortie. En France, après avoir reporté la date à trois reprises, il a été décidé que le film sortirait en exclusivité sur la nouvelle plateforme de streaming Disney +. En privilégiant ainsi une vague d’abonnements sur sa plateforme plutôt qu’une traditionnelle sortie en salles, Disney signe ici un précédent historique, symbole de la forte mutation du secteur du cinéma.
- Tenet, Christopher Nolan
Initialement prévu le 14 juillet 2020 et après trois reports de dates, la France découvre finalement Tenet le 26 août 2020. Le maître du blockbuster mondial Christopher Nolan arrivait cet été avec la lourde mission de faire renouer le grand public avec les salles de cinéma. En effet, quand la quasi-totalité des distributeurs ont fait le choix de laisser passer un an pour présenter leurs grosses productions au public, ou bien décidé de les vendre directement aux plateformes de streaming, Warner Bros a souhaité maintenir la sortie de Tenet à l’été 2020.
Fidèle à lui-même, le réalisateur britannico-américain continue d’explorer les concepts les plus nébuleux du monde qui nous entoure. Après s’être intéressé au rêve dans Inception (2010) ou à l’espace dans Interstellar (2014), Christopher Nolan nous transporte ici dans une histoire aux ressorts temporels insaisissables.
C’est une plongée dans le monde de l’espionnage, 2 heures 30 haletantes, portées par un John David Washington ultra-charismatique qui doit sauver le monde à l’aide d’un seul mot : Tenet.
- Eté 85, François Ozon
La touche française de ce classement est apportée par François Ozon. Deux ans après Grâce à Dieu (2018), le réalisateur revient avec une histoire d’amour adolescente vécue sur les plages de Normandie au cours de l’été 1985. L’un des protagonistes sauve l’autre de la noyade lors d’une sortie en mer, de là nous assistons à une explosion de sentiments, une effusion de vie, une ode à la jeunesse.
Au-delà de l’émotion pure que dégage l’histoire d’Alexis et David, tout dans ce film réussit à nous transporter dans les années 80. Des clins d’œil à des films emblématiques de cette période comme La Boum (1980) de Claude Pinoteau, ou encore Stand By Me (1986) de Rob Reiner, à la réalisation en elle-même. En effet, François Ozon a fait le choix de tourner à la pellicule pour une esthétique d’époque des plus fidèles, nous transportant dans sa jeunesse, et dans celle de tous ceux qui l’ont vécue avec lui au cours des énigmatiques années 80.
- Mank, David Fincher
Entre les séries House of Cards (2013) et Mindhunter (2017), la décennie 2010 aura été marquée par des collaborations de haute volée entre Netflix et le réalisateur emblématique de Se7en (1995), Fight Club (1999) ou encore de The Social Network (2010). Cette union ne s’arrête pas là. En effet en novembre dernier, Fincher déclarait avoir lié son destin pour les quatre prochaines années au géant du streaming. Ainsi, le 4 décembre 2020, le monde accueillait le premier long métrage né de cette collaboration : Mank.
Mank est un diminutif pour Herman Mankiewicz. Son nom vous est inconnu ? C’est normal, c’est l’un des grands oubliés de l’histoire du cinéma. Comme pour tous les scénaristes, son nom n’est jamais parvenu aux oreilles du grand public, éclipsé par celui d’un grand réalisateur. Pourtant Mankiewicz est bel et bien l’auteur de ce qui est toujours considéré à ce jour comme le plus grand film de tous les temps : Citizen Kane (1941).
Fincher porte à l’écran, dans une esthétique d’époque parfaite comme à son habitude, l’histoire de cet auteur génial rongé par l’alcoolisme. Porté par un Gary Oldman au sommet de son art, Mank nous fait voyager dans le Hollywood des années 30 où nous découvrons un Orson Welles impitoyable pour s’attribuer le crédit du scénario et dans lequel nous partons à la découverte de William Hearst, le vrai Citizen Kane.
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