La DJ Barbara Butch : féministe, lesbienne, grosse… Et alors ?
Cette talentueuse artiste s’illustre sur la scène électronique depuis de nombreuses années, mais c’est grâce à son activisme que l’on entend parler d’elle, depuis peu. Son objectif : créer un espace de fête “safe”, décomplexé, pour tous.
Sa musique
Inspirée par les grandes figures de la musique électronique telles que Jennifer Cardini ou Arnaud Rebotini, elle a toujours su que la musique était son élément. Sa référence ? Le Pulp, club lesbien mythique de Paris, qui a fermé en 2007.
Sous son pseudonyme, Leslie Barbara Butch aime s’amuser en mixant : mélanger les genres, intégrer de la variété ou un morceau pop à un set techno… Ces incongruités séduisent les amateurs de musique. Ajoutez à cela une fibre très engagée pour la cause féminine et toutes les minorités, quelles qu’elles soient (LGBTQIA+, travailleu.r.s.es du sexe, personnes atteintes de handicap etc.) et vous obtenez la recette de son succès : sa musique est faite pour tous.tes !
Ses combats
Mais, avant tout ça, le monde de la musique était-il fait pour elle ? Dans une interview chez Konbini, Barbara Butch dénonce : “Le plus handicapant – en tout cas pour faire ma place – ça a été le fait que je sois grosse, parce que dans la société, les gens n’aiment pas les gros”. D’ailleurs, elle explique dans un talk-show inclusif signé Dr Martens et Trax, que certaines cabines de mixage n’étaient pas à sa taille et qu’elle ne pouvait donc pas mixer convenablement, ou encore qu’elle se faisait refuser des programmations sous prétexte qu’elle ne collait pas avec l’”image voulue”.
Cela n’a pas pour autant découragé la jeune DJ de 38 ans, qui dit vouloir “être partout” et renverser les dictats imposés aux femmes.
Selon elle, pour changer le regard sur la société, il faut passer par la culture. En plus de sa musique, son arme principale : les réseaux sociaux, notamment Instagram.
D’emblée, assumer sa sexualité a créé un élan d’acceptation auprès de la communauté lesbienne, qui voit en elle une artiste engagée, épanouie, qui ne lâche rien. Mais sa notoriété ne fait que croître et auprès de publics moins ciblés. Barbara Butch ne cesse de le répéter : “Les minorités sont en réalité la majorité”. Elle diffuse donc des revendications auprès du plus grand nombre. De façon décomplexée, et par des discours d’empowerment, elle prône la liberté et l’inclusivité de tous types de corps.
La grossophobie
Cela passe évidemment par son combat contre la grossophobie, un combat de tous les jours. La polémique de février 2020, concernant la couverture Télérama pour un article intitulé Pourquoi rejette-on les gros ? l’a d’ailleurs fait connaître plus largement. Elle avait fièrement reposté la photographie, où elle posait nue, sur son compte Instagram, post qui s’était fait d’office censurer, bien que non explicite. Sur Facebook, la publication a également été aussitôt supprimée... Suite à la déferlante de reposts outragés et de soutiens, notamment de la part de Virginie Despentes, l’artiste a finalement pu garder sa photographie sur son compte Instagram. Elle a mis en lumière l’algorithme qui calcule le pourcentage de peau visible dans les publications, ce qui incrimine automatiquement les personnes grosses. Cette visibilité lui a donc permis de gagner une sacrée bataille !
Dénoncer, faire avancer, tous ensemble
Barbara Butch prêche l’amour, la tolérance et le partage. Dans le Journal Des Femmes, elle déclare : ” Je voudrais qu’on développe un élan de solidarité. Je suis pour la convergence des luttes, et je voudrais qu’on apprenne à écouter l’autre, à lui donner la parole, à le regarder et à ce qu’on construise des choses ensemble”.
Avec le concept de “l’appart’ chez moi”, elle a donc créé sa propre soirée de mix, en live, chaque samedi (sur Instagram ou directement sur la plateforme principale). Grand succès pour ce concept voué à perdurer au-delà de la période de confinement ! Pour Barbara Butch, c’est effectivement un bon moyen de transporter la fête chez des personnes atteintes de handicap ou en situation de précarité, des agoraphobes…
Décidément, cette artiste, qui a su remarquablement s’imposer, n’a pas fini de nous épater !
Esther Costes
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6 documentaires pour mieux comprendre la musique électronique, d’Enora Bariou
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