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Thierry Roche, régisseur lumière : “Le monde du spectacle est rempli de moments inoubliables”

Élodie Pochat 30 novembre 2020
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© LESIK OLEKSANDR

Thierry Roche revient sur sa carrière pour nous éclairer sur son parcours professionnel. Il a travaillé pendant plus de 30 ans dans le monde du spectacle vivant, du cinéma et de l’événementiel en exerçant les différentes fonctions de régisseur lumière, technicien lumière, machiniste et éclairagiste.

En quoi consiste le métier de régisseur lumière ?

Le régisseur lumière est responsable du bon déroulement de l’éclairage d’un spectacle ou d’un événement. Il peut exercer son activité dans les secteurs du cinéma, du spectacle vivant (danse, musique, théâtre, opéra), de la télévision et de tout autre événement nécessitant une mise en lumière. Il travaille avec une équipe de techniciens lumière (électriciens de scène). Concrètement, il réalise et dirige le montage de l’équipement lumière (les projecteurs), se préoccupe du réglage lumière, suit la conduite lumière pendant le spectacle et intervient lors du démontage. La conduite est pour lui ce que la partition est au musicien. Le régisseur lumière est sous l’autorité du directeur technique et du régisseur général. Il doit posséder une culture générale artistique ainsi que des connaissances scientifiques et techniques telles que l’optique, la colorimétrie, l’électronique, l’électricité et l’image.

Qui crée la lumière ?

C’est l’éclairagiste qui est appelé pour créer la lumière sur un spectacle ou un événement. Il participe alors aux répétitions encore dépourvues d’effets techniques et imagine un plan-lumière qu’il propose au metteur en scène ou au chorégraphe. L’éclairagiste assiste donc à toute la création du spectacle jusqu’à la dernière répétition. Il travaille en collaboration avec le régisseur lumière qui va s’assurer d’avoir à disposition tout le matériel nécessaire ainsi que d’une équipe de techniciens conséquente selon le volume de travail. Une fois satisfaits de leur travail, l’éclairagiste et le régisseur lumière écrivent la conduite sur laquelle est indiqué le type de projecteur, le filtre, la température qu’il faudra utiliser à chaque moment du spectacle. Cette conduite est ensuite enregistrée sur un jeu d’orgue à mémoire électronique. Le jeu d’orgue est l’équivalent de la console de mixage pour le son. Une fois la conduite finie, l’éclairagiste signe la lumière et son travail est fini : il peut passer à un autre projet.

Comment avez-vous appris votre métier ?

Un peu par hasard : je collaborais déjà avec des associations culturelles mais sans avoir imaginé que je sauterai le pas un jour. Je côtoyais des comédiens qui m’ont proposé de remplacer au pied levé leur régisseur lumière pour faire le festival d’Avignon, même si je ne connaissais encore rien aux techniques du spectacle vivant. J’ai commencé à m’intéresser de plus près à leur travail et à force de discussion, je les ai donc rejoints sur leur projet. Nous avons fait cela pendant un mois. C’était une compagnie de théâtre et ils m’ont proposé de continuer. J’ai fait quelques cachets, tournées avec eux. Ensuite, ils ont fusionné avec une autre compagnie et je n’ai pas suivi. Je suis alors allé faire un stage pratique. À la fin, mon directeur de stage m’a proposé de travailler pour le festival Radio France qui m’a embauché. À partir de là, tout s’est enchaîné.

Pour quelles productions avez-vous travaillé ?

J’ai d’abord travaillé pour des compagnies de théâtre et de danse, parfois en tournée. J’ai longtemps collaboré avec les festivals de la région Occitanie (Montpellier danse, radio France pour la musique, Cinemed pour le cinéma) et dans les salles à Montpellier comme l’Opéra Berlioz, l’Opéra Comédie, le Corum, Le Zénith, l’Arena, le Parc Expo, le domaine d’O, et pour les compagnies de la région. Tout au long de ma carrière, j’ai côtoyé des univers aussi divers que l’opéra, le hip hop et le classique. J’ai apprécié la danse contemporaine comme la danse classique, le théâtre de boulevard comme les grands classiques. Il m’est également arrivé de travailler sur quelques tournages de films, lors de congrès et conférences mais aussi dans des musées. La liste n’est pas exhaustive. On peut faire de tout en lumière.

Dans quoi avez-vous préféré travailler ?

Difficile à dire… Avec le recul on a tendance à ne se souvenir que des bons moments et des rires même après les coups de galère qui nous sont arrivés. Le monde du spectacle est rempli de moments inoubliables avec des rencontres éphémères mais ô combien enrichissantes. On peut y vivre des moments magiques d’intense émotion : quel bonheur quand le rideau se lève ! J’ai aussi bien aimé la petite compagnie qui offre un spectacle de qualité que la grosse production aux énormes moyens. On peut rêver de tout ! Pour moi, il n’y a pas de hiérarchie à respecter, pas de code à suivre. Ce qui compte, c’est le ressenti du public et des acteurs du spectacle, comédiens comme techniciens.

Dans quel type de salle préfériez-vous travailler ?

J’ai tout aimé. J’ai travaillé aussi bien dans des petites structures que dans des grandes salles, de jour comme de nuit. Chaque lieu semble différent mais la finalité reste la même : le rideau doit se lever et show must go on !

Comment le métier de régisseur lumière évolue-t-il, selon vous ?

De nos jours, tout va très vite au niveau technologique et la lumière se robotise de plus en plus. C’est pourquoi rentrer les conduites dans les jeux d’orgue, ce qu’on appelle encoder, devient un métier à part entière : on est alors pupitreur. Ce dernier devient un programmeur qui pourrait ne plus avoir à lever les yeux de son jeu d’orgue. La création et la créativité semblent céder le pas à une surenchère technologique. On oublie peut-être que la lumière n’existe que par ce qu’elle éclaire. Ce que je conseillerais, c’est de retourner voir des tableaux. On peut apprendre la direction lumière dans les musées car c’est en peinture qu’a été inventé le clair-obscur par exemple. Les musées peuvent être sources de nouvelles créativités.


Propos recueillis par Élodie Pochat

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