Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité : une invitation à l’introspection
Le constat de la catastrophe écologique ne suffit pas, il s’agit de relever un défi ; “le plus grand défi de l’histoire de l’humanité” selon Aurélien Barrau, astrophysicien français, qui publie un essai sur l’avenir menacé de notre écosystème.
Et si le confinement était l’occasion de revoir ses priorités ? Reconsidérer son mode de consommation, adopter une vision plus globale de notre société moderne et prendre conscience de ses impacts sur notre maison à tous ; la Terre. L’urgence écologique est bien réelle, menaçante ! Elle frappe par son absence dans les débats publics, dans les écoles, dans nos comportements de consommateurs, dans nos vies en somme.
Un constat
L’an dernier Aurélien Barrau, astrophysicien et chercheur au CNRS, publie Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, un essai qui part d’un constat alarmant : les humains représentent 0,01% des créatures vivantes, mais ils sont responsables de 83% des pertes animales depuis les débuts de la civilisation. Les exemples de destruction massive par l’Homme ne manquent pas. Mille milliards d’espèces aquatiques meurent chaque année, c’est un anéantissement biologique. Toutefois, il y a dans ce court essai un message d’optimisme ; l’espoir d’une (r)évolution.
L’auteur s’exprime en tant que scientifique mais également en tant que citoyen, plus encore en tant qu’être vivant. Il s’adresse à la terre entière avec simplicité mais non sans gravité. C’est un appel à l’action individuelle et collective. Son deuxième chapitre intitulé “Des ébauches d’évolutions simples et urgentes” nous oriente vers cette (r)évolution. Les idées d’Aurélien Barrau n’ont rien de complexe et elles ne datent pas d’hier. En 2018, il signait un “Appel” dans Le Monde, qui rassemblait 200 signatures de personnalités publiques s’opposant à “un retour à la normale”. Depuis, rien n’a réellement changé, aussi bien au niveau politique, économique, que social. La catastrophe continue et le temps presse. Il n’y a pas de solution miracle, ni de retour en arrière possible mais nous pouvons, dès aujourd’hui, faire de l’urgence climatique notre priorité.
Changer notre perception
Plusieurs pistes sont évoquées dans l’essai d’Aurélien Barrau, à l’échelle individuelle d’abord, puis nationale et mondiale. Examiner notre façon de consommer, veiller à l’origine des produits que nous achetons, privilégier les transports en commun, sont des solutions que chacun d’entre nous peut adopter en sacrifiant un peu de son confort.
La nature a des ressources insoupçonnées mais pas inépuisables. À l’échelle mondiale, il s’agirait d’œuvrer vers une décroissance, c’est-à-dire produire moins et mieux. Cela relève de la responsabilité des grandes industries certes, mais également des consommateurs, sans qui ces entreprises ne peuvent perdurer. Changer le monde a un coût, c’est un effort pour l’homme et un investissement pour les États. La gratuité des transports en commun par exemple favorise l’abandon de la voiture et encourage la formation du tissu social, c’est une autre façon de vivre.
Vers une évolution profonde
L’inaction est une participation à la destruction. Montrer l’exemple est ce que nous pouvons faire de mieux. Ainsi s’établira, petit à petit, une pression sociale légitime autour de ceux qui persisteront à ignorer la catastrophe écologique et climatique. Pourquoi attendre que des mesures soient prises quand nous pouvons déjà participer à déconstruire un monde fondé sur le consumérisme ? Attendre que le changement s’opère dans nos institutions serait une erreur car nous sommes la plus grande institution qu’il existe.
“La nature ne relève pas d’un ministère, elle est le nom de notre monde.” Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, extrait, p.67
En tant qu’habitant de la Terre, nous sommes les seuls responsables de nos dégâts. Pour initier le changement, Aurélien Barrau suggère de remplacer le pouvoir d’achat par le pouvoir de vie, ce qu’il nomme la zoéthique (en grec ancien, zoe signifie la vie en elle-même). En ces temps un peu troubles, cette vision écologique peut devenir bien plus que “de bons réflexes”. Elle pourrait devenir une philosophie, une philosophie nécessaire pour les générations à venir.
Inscrire le changement
Le terme de (r)évolution est évocateur. L’évolution est la tendance naturelle de l’homme tandis que la révolution est politique. Conjointement aux organismes intergouvernementaux de protection de la nature, pourrions-nous exiger une déclaration universelle ? L’astrophysicien évoque l’idée d’une Déclaration Universelle des Droits de la Nature, que l’on peut entendre comme une déclaration de nos devoirs envers la planète. Pourquoi ne mériterait-elle pas sa propre existence ? C’est une suggestion qui marquerait un nouveau tournant dans notre civilisation et rétablirait une connexion entre la Terre et ses habitants.
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