L’art devant la mort de George Floyd
Le 25 mai dernier, le monde entier découvrait en vidéo la mort de George Floyd, Afro-Américain de 46 ans, asphyxié à Minneapolis sous le genou d’un policier blanc. Depuis, actions politiques collectives en tout genre sont nées dans le monde entier, dénonçant les bavures policières et plus généralement, le racisme systémique. Retour sur quelques interventions d’artistes qui ont mis leur art au service de ce mouvement.
En France, le meurtre “au second degré” (c’est-à-dire non prémédité) de George Floyd a mis en lumière un cas similaire. Celui d’Adama Traoré, mort des suites d’un plaquage ventral le 19 juillet 2016, le jour de ses 24 ans, lors de son arrestation par trois policiers à Beaumont-sur-Oise. Quatre ans plus tard, l’enquête est toujours ouverte et Adama Traoré est devenu le symbole d’une lutte contre les violences policières.
1) JR
Dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 juin, l’artiste JR a collé, avec des élèves de l’école de cinéma Kourtrajmé (créée par le réalisateur Ladj Ly), une fresque en noir et blanc, de près de 40 mètres de long sur les murs d’un bâtiment place Jan-Karski, dans le 10ème arrondissement de Paris. Elle comprend deux yeux, appartenants respectivement à Adama Traoré et à George Floyd, séparés par une fissure. Œuvre militante mais aussi hommage, la fresque du street-artiste a été inaugurée ce mardi 9 juin, en présence de la sœur de la victime française, Assa Traoré.
2) Banksy
Le 6 juin dernier, c’est l’artiste de rue britannique Banksy qui a publié sur son compte Instagram une œuvre en réponse aux événements. Il s’agit d’une silhouette noire, encadrée près d’une impressionnante bougie de veillée funèbre mettant le feu au drapeau des États-Unis. Métaphore d’un pays en révolte suite à cet événement médiatisé ?
Toujours sur sa plateforme préférée, il a proposé de modifier la statue en bronze d’Edward Colston. Marchand d’esclaves du XVIIème siècle, une œuvre en sa mémoire a été arrachée de son socle et jetée dans le canal de Bristol par des manifestants antiracistes le 7 juin dernier. Originaire de la ville, l’artiste masqué propose de récupérer la statue et d’y ajouter les manifestants, décrochant la statue. Il nous a même offert un croquis qui illustre son idée :
3) Combo Culture Kidnapper
Avec une fresque en face d’un commissariat de police de Grenoble, le street-artist parisien Combo a rendu hommage à George Floyd et Adamé Traoré. Réalisée à l’occasion du “Grenoble Street Art Fest”, la fresque représente deux hommes arborant, via leurs tee-shirts, les slogans antiracistes d’hier et de demain : “Black Lives Matter” (nom du mouvement né en 2013) et “I can’t breathe” (derniers mots de George Floyd avant de mourir asphyxié).
4) Jorit
L’artiste italien Jorit a apporté son soutien au mouvement avec une fresque étonnante, réalisée dans le quartier populaire de Barra à Naples. Martin Luther King, Malcolm X, Angela Davis, George Floyd et… Lénine y sont représentés. Des larmes de sang semblent couler des yeux des cinq protagonistes. Si l’ancien président du Conseil des Commissaires du peuple de l’URSS s’est largement inspiré des idées marxistes, pouvant être qualifiées d’anticolonialistes et antiracistes, difficile de l’associer aux trois icônes des droits de l’Homme avec qui il partage la fresque. Maladresse ou provocation ?
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