Godard et la Nouvelle Vague
“Le film de demain m’apparaît donc plus personnel encore qu’un roman individuel et autobiographique (…) les jeunes cinéastes s’exprimeront à la première personne et nous raconteront ce qui leur est arrivé (…).”
François Truffaut
Qu’est-ce que la Nouvelle Vague ?
Ce qu’on appelle “Nouvelle Vague” est le mouvement créé par de jeunes avant-gardistes qui, adolescents sous l’Occupation, découvrent le cinéma à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
En 1936, l’idée d’Henri Langlois de conserver et protéger les bobines de films donne naissance à la Cinémathèque française : un organisme pour la préservation et diffusion du patrimoine cinémato-graphique. C’est à partir de cette nouvelle institution que se crée la “Nouvelle Vague”.
François Truffaut précise : “Nous sommes les enfants de la guerre et de la cinémathèque.” La revue Les Cahiers du Cinéma est créée après la Seconde Guerre mondiale par un petit groupe de critiques cinématographiques intransigeants, dirigé par Hervé Bazin. Les plus célèbres : François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Éric Rohmer, Jacques Rivette. Pour eux, le cinéma est un art et non un divertissement. Ils célèbrent des auteurs comme Hitchcock, tout en attaquant Jean Delanoix, et se lancent à leur tour dans la réalisation selon leurs propres critères. Leur but : rendre compte de la vie quotidienne de la jeunesse sociale des années 1960, génération de l’après-guerre, de la guerre d’Algérie, de l’américanisation. Leur thème principal : la révolte. C’est une certaine indépendance, disparue à la naissance d’Hollywood qu’ils veulent retrouver.
Et Godard ?
Le travail, la contestation, la politique c’est la règle de trois de Jean-Luc Godard. Au début des années 1950, il écrit des critiques dans les Cahiers du Cinéma. En 1959, il sort son premier long métrage, À bout de souffle. Soixante ans plus tard, il a réalisé 150 films.
En 1964, Godard décrit son impact : “Nous avons fait irruption au cinéma comme des hommes des cavernes dans le Versailles de Louis XV”. Il est souvent considéré comme le cinéaste français le plus radical des années 1960 et 1970 ; son approche des conventions cinémato-graphiques, de la politique et de la philosophie fait de lui sans doute le réalisateur le plus influent de la Nouvelle Vague française. Son œuvre est en elle-même une contestation du cinéma traditionnel : il se soucie peu de la narration, aime les collages et travaille la forme avant tout.
Son cinéma est politique car il ne cesse de questionner son époque. Il observe le monde et mêle parfois fiction et documentaire comme dans Le livre d’images. Il travaille avec les plus grands acteurs : Anna Karina, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Brigitte Bardot et bien d’autres encore.
Très cultivé, il use de références : musicales, cinématographiques, artistiques ou même philosophiques. Ses films rendent hommage au cinéma et à son histoire. Ils expriment aussi ses opinions politiques : il était un lecteur avide de philosophie existentielle et marxiste. Pour lui, “l’essentiel ce ne sont pas nos sentiments ou nos expériences vécues mais la ténacité silencieuse avec laquelle nous les affrontons”.
Avec son premier long métrage, À bout de Souffle, Godard impose un nouveau cinéma, en rupture avec la tradition. Ses films sont eux-mêmes une critique du cinéma traditionnel. Il n’hésitera pas à provoquer par l’appropriation d’actualités brûlantes : la guerre d’Algérie ou bien les révoltes de mai 1968. Il s’attaque aussi à des sujets plus quotidiens mais tragiques, comme la prostitution dans Le Mépris. Il exploite ainsi les rapports humains qu’il observe dans le monde et exprime vivement ses opinions.
“La photographie c’est la vérité, et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde”.
Zoé Lunven
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