L’Institut d’Esthétique : “Le corps est un incroyable outil de communication et de socialisation”
Créer, surprendre avec des actions directes et produire une émotion esthétique spécifique : le collectif de l’Institut d’Esthétique repousse les frontières de l’art et questionne s’il est possible pour celui-ci de créer des rapports directs au monde.
Quelques mots sur vous et ce que vous faites dans la vie ?
Tous les trois, nous nous sommes rencontrés il y a quatre ans et on a rapidement eu l’envie de travailler ensemble sur un projet à la croisée du monde de la beauté et de l’esthétisme. Haily travaille comme directrice pour une foire d’art vidéo à Lille et est commissaire indépendante, Emile est plasticien, avec une pratique portée sur la céramique et la performance, tandis que Vincent, plasticien, se concentre sur le prélèvement et l’étude géologique des roches.
Qu’est-ce que l’Institut d’Esthétique ? Quelle est l’idée derrière ce nom ?
L’Institut d’Esthétique est un collectif composé des artistes Emile Degorce Dumas, Vincent Voillat et de la commissaire Haily Grenet. Formé en 2016, ils posent des questions d’esthétique dans un institut d’esthétique.
L’Institut d’Esthétique a pour but de s’occuper de l’autre et de lui permettre de se retrouver, se réconcilier avec son image afin de lui montrer que cela peut lui apporter du plaisir, de la satisfaction et du bien-être. Pour nous, à l’Institut, le corps est un incroyable outil de communication et de socialisation, qu’il soit dit “normal” ou marqué par un quelconque stigmate. Résolument transdisciplinaire, à chaque invitation nous multiplions les collaborations avec d’autres artistes, musiciens, performeurs, réalisateurs et professionnels de la beauté, afin d’explorer l’univers de la beauté, du genre, de la représentation du corps et de soi.
Quels projets avez-vous réalisé depuis la création de l’Institut ?
Nous avons travaillé avec près d’une trentaine d’artistes. La plupart du temps c’était des créations. Depuis le début nous avons voulu collaborer avec des plasticiens et les faire réfléchir à des environnements où un soin esthétique pourrait être performé. Toutefois, dès le début, il était important pour nous que ces activations d’espaces puissent fonctionner de manière autonome, sans qu’un artiste ou une tierce personne soit nécessairement présent. Ce fut une grande contrainte, mais c’est ce qui a donné naissance à des environnements aux scénographies folles, avec une diversité de medium d’œuvres produites. Un même artiste pouvait produire un son, une vidéo, des sculptures et le tout formait son univers où il était possible de se faire poser des masques, poser des escargots, bronzer devant un menhir, poser des ongles, faire de la luminothérapie où encore expérimenter la mise en bière, du yoga…
Voici les lieux où nous avons été invités :
– Nuit Blanche 2016, commissariat Jean de Loisy
– Festival OVNi, 2016
– Glassbox Février-Mars 2017
– Résidence La Manutention, Palais de Tokyo, Paris Novembre-Décembre 2017, commissariat Vittoria Matarrese
– Festival Do Disturb, Palais de Tokyo, Avril 2018, commissariat Vittoria Matarrese
– Festival Alt_Copenhaguen, Copenhague, Mai 2018, invité par Heiwata
– Nuit Sonore Art et Thérapie, Centre Pompidou, 21 novembre 2019
D’où viennent vos inspirations, vos stimulations ?
Les inspirations sont variées, on va dire qu’on peut être influencés autant par Mika Rottenberg, Shana Moulton, Rachel McLean, Ryan Trecartin, Yarisal & Kublitz, Jake & Dinos Chapman, Génesis, Mike Kelley… Puis on a passé un nombre d’heures incalculables à suivre des influenceurs beauté et bien-être, à regarder des chaînes Youtube. On le voit avec les soins basés sur les masques, l’ASMR, le nail art, et surtout nous nous sommes rendus au Congrès esthétique et spa, rendez-vous annuel incontournable du secteur à la Porte de Versailles. Cet évènement nous a permis de voir à quel point la notion de charlatanisme et de croyance sont intrinsèquement liés et en jeu dans l’univers de la beauté.
Comment communiquez-vous, comment peut-on participer ?
Comme nos idoles, nous communiquons beaucoup sur Instagram. Nous avons eu la chance de travailler avec une scène d’artistes assez jeunes et tous issus de la même génération, ce qui, pour chaque projet, nous a permis de compter sur eux pour communiquer sur leurs propres réseaux. De plus, à chaque fois nous avons pu compter sur l’aura du lieu qui nous accueillait que ce soit à Glassbox à Paris ou, bien sûr, au Palais de Tokyo.
Lors de notre exposition à Glassbox nous avions un numéro de téléphone pour que les gens réservent leurs soins, autrement il suffit de venir les jours où les soins de l’Institut sont activés.
Quels projets pour le futur ?
On a reporté des invitations, et pendant le confinement on a surtout réfléchi à comment on pourrait prodiguer des soins sans toucher le public, dans la mesure où ce contact, cette proximité était un peu notre marque de fabrique. Cela ouvre de nouvelles perspectives pour s’ancrer dans un temps plus long, celui de l’exposition et moins celui du festival ou de l’évènement culturel.
Suivez les projets de l’Institut d’Esthétique sur leur compte Instagram
Propos recueillis par Eleftheria Kasoura
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