Paul Ghattas : “Il faut s’adapter aux nouvelles tendances tout en restant fidèle à son concept”
Rencontre avec Paul Ghattas, jeune producteur d’événements techno sur Paris. Avec son collectif Seth, il organise les fameuses soirées Exodus qui lui ont permis de se faire une place sur la scène électro parisienne, actuellement en pleine explosion.
Comment es-tu devenu producteur de soirées techno ?
Au début, je sortais en soirée techno un peu comme tout le monde dans le milieu et je me suis dit, pourquoi pas moi ? J’ai voulu tenter l’expérience. C’était d’abord un simple délire avec des amis. J’ai décidé de faire une soirée test pour voir si le concept plaisait. J’ai donc mis en place le collectif Seth, qui a très vite pris. Près de mille personnes étaient présentes à la première soirée. J’ai compris qu’il y avait quelque chose à creuser, j’ai retenté l’expérience et j’étais lancé pour de bon.
Quelles sont tes missions au sein du collectif ?
Je dois prendre toutes les décisions nécessaires à l’organisation de l’événement comme la date, le lieu, le line up, la scénographie, le système son, le bar, etc. Je préviens ensuite les prestataires et on travaille ensemble pour essayer de fournir le meilleur rendu possible.
Qu’en est-il de la compétitivité dans ce milieu en pleine expansion ?
Avec les autres organisateurs de la scène techno parisienne, on se connait tous et on s’entend relativement bien. Généralement, avant de lancer un événement, on s’appelle et on se prévient pour éviter de faire une soirée à la même date. Après, il y a toujours une petite concurrence quand on tombe le même soir. Par exemple, il m’est déjà arrivé de faire un event en même temps que d’autres soirées connues comme Fée Croquer ou Possession. Cependant, la scène parisienne est bien assez large pour accueillir tout le monde donc il n’y a pas vraiment de souci de ce côté-là.
L’arrivée d’un nouveau public se ressent-il dans ton milieu ?
En effet, ce changement je le ressens avant tout au niveau des artistes. Par exemple, les artistes que je bookais il y a un an et demi ne vont pas forcément autant marcher qu’avant. Il faut s’adapter aux nouvelles tendances, tout en restant fidèle à son concept. Quand on fait une programmation, on choisit des artistes qui vont parler au public, un public qui doit être spécifique. Ainsi, la tranche d’âge lors de mes soirées tourne autour des 18-25 ans, pour une moyenne de 22-23 ans. Ceci dit, je peux maintenant me permettre de faire venir des artistes un peu moins connus grâce à l’image de marque de Seth, qui réussit à attirer. Au début, il fallait mettre en place un line up qui coûtait assez cher pour ramener le public, mais celui-ci connaît désormais le collectif.
As-tu un souvenir qui t’as particulièrement marqué au cours de l’une de tes soirées ?
Le moment le plus marquant pour moi s’est passé pendant Exodus II, une soirée organisée pour Halloween. J’avais eu un problème avec mon lieu initial à seulement quelques heures de l’événement et il a fallu trouver un nouvel endroit. Mon prestataire son et technique ne pouvait pas s’adapter à celui-ci et a dû annuler sa prestation. J’ai donc réorganisé la soirée en trois heures, c’est-à-dire trouver un nouveau prestataire son et lumière, ainsi qu’un lieu. Je me suis finalement retrouvé dans un gymnase à 20 km de Paris, à tout mettre en place à la dernière minute. Ça m’a vraiment marqué mais grâce à cet imprévu, j’ai acquis beaucoup d’expérience. Si je me retrouve face à une situation similaire dans le futur, je saurai m’adapter.
Peux-tu nous parler de nouveaux projets que tu aimerais mettre en place ?
Oui, bien sûr. Il y a donc le collectif Seth qui s’occupe de l’organisation et de la production des événements. Puis, il y a plusieurs déclinaisons, comme Exodus pour les soirées acid et indus, soit la techno plus classique. Je lance Anubis pour cibler un nouveau type de public, axé sur le gabber et la hardcore. Je différencie bien ce genre de soirées du projet Exodus pour éviter de mélanger les clients. Par exemple, si un fan de techno se retrouve dans une soirée Exodus où il n’y a que du gabber et de la hardcore, il ne va pas forcément aimer. Je dois donc mettre en place une nouvelle communication, un autre style, pour justement avoir différents publics sous la main. Je vais aussi lancer un autre concept qui va s’appeler Osiris et qui, cette fois, sera orienté house. L’objectif final, si j’ai des lieux qui me le permettent, serait d’installer trois scènes pour créer les soirées Seth avec une scène Exodus, une scène Anubis et une scène Osiris. Le but étant de faire comme un petit festival qui regroupe tous ces styles musicaux.
Plus d’informations sur la Page Facebook de Seth.
Propos recueillis par Camille Venin
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