Leïla Huissoud : “Pour avancer, il faut prendre le temps de se vautrer”
Leïla Huissoud est une auteure-compositrice-interprète française. Passionnée par la poésie et la chanson, découvrez son univers et sa personnalité à travers son deuxième album, Auguste.
Qui êtes-vous ?
Je suis une jeune femme, assez attachée au fait de venir de nulle part. Je fais de la musique par hasard, j’aurais pu être esthéticienne ou boulangère. J’ai était assez oppressée dans mon milieu scolaire, je mangeais seule au self la plupart du temps, mais j’ai survécu et je me suis épanouie dans le cirque, c’est comme cela que j’ai découvert la scène. Après le bac, je suis allé à Strasbourg parce que cela avait l’air joli, et comme je ne connaissais personne c’était un bon moyen pour moi d’aller jouer dans la rue. Un jour Luc Arbogast, qui avait fait l’émission The Voice l’année d’avant m’a repérée, et m’a emmenée faire la première partie de sa tournée.
Quel était votre objectif, vos inspirations dans la conception du premier album ?
J’écrivais surtout des poèmes au début, et je n’avais pas vraiment conscience du fait que des gens allaient l’écouter. J’ai été bercée par Brassens, Moustaki, Barbara, puis confrontée à des chanteurs actuels comme Ben Mazue, mais cela n’a jamais été mon objectif d’être une prêcheuse du triste. Je le considère plus comme un journal intime, pas très intime…
Comment en êtes-vous arrivée au deuxième album, quelles ont été les décisions et rencontres importantes qui vous ont menées à Auguste ?
C’était surtout un constat, de regarder le premier album et de réaliser que je parlais surtout de moi. Je suis revenue à ce que j’aimais, le cirque ; j’ai visé le rouge, l’absurde, pris des sujets plus vrais, plus lourds pour essayer d’en faire des pots de fleurs. C’est donc les complexes du premier album qui m’ont menés au deuxième. La rencontre importante, c’est celle de Simon Mary, un super bon musicien avec qui je me suis bien entendue qui a fait tous les arrangements. Pour la scène j’ai voulu prendre un pianiste et un contrebassiste, Thibaud Saby et Sylvain Pourrat m’ont rejoint, et ces mecs-là sont devenus mes copains.
Quel est votre ressenti avant d’arriver sur scène ?
Cela dépend des soirs. Avant, tout tournait très vite du coup j’essayais d’être vraiment présente avec le public pour compenser. Depuis que je suis sur scène avec les garçons, il y a juste le plaisir de jouer.
Avez-vous une préférence entre enregistrer en studio et la scène ?
Je préfère la scène, et cela ne changera jamais. Je suis quelqu’un de plutôt impatiente, je préfère quand les choses s’enchaînent.
Comment vous écrivez vos morceaux ? Vous préférez écrire ou que l’on écrive pour vous ?
C’est du découpage et du collage de bribes de textes, et il faut parfois accepter d’en jeter certains. Sinon je tiens beaucoup à écrire oui, c’est ce qui me plaît le plus, être seulement une interprète ne n’intéresse pas vraiment.
Qu’est-ce que vous essayez de transmettre à travers vos morceaux ?
J’essaie de faire oublier la notion de jugement, en tirant vers quelque chose de léger, de faire accepter que l’on est tous seul avec nous-même, mais que cela n’a rien de personnel, parce que l’autre n’est pas mieux.
Quels seraient vos conseils pour un ou une jeune qui voudrait se lancer dans la musique, d’après votre expérience ?
J’ai fait beaucoup d’erreurs mais cela m’a menée là où je suis. Je n’ai pas été victime de machisme mais de plutôt de jeunisme, et j’aurais préféré prendre de la maturité plus vite. J’aurais aimé savoir que la bienveillance est ce qu’il y a de plus important. Pour avancer, il faut prendre le temps de se vautrer, de comprendre que l’on doit faire bien, pas vite.
Plus d’infos sur le site de Leïla.
Propos recueillis par Zacharie Mouillon
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