Rencontre avec Florence Bamberger, directrice artistique et artiste
Du métier de directrice artistique pour une marque de prêt-à-porter à illustratrice de couverture de livre, et j’en passe, Florence Bamberger touche à tout. Elle fait dialoguer ces différentes formes d’art dans son atelier parisien. Aujourd’hui, elle nous parle de son parcours, de son travail et de ses inspirations.
Comment vous définiriez-vous ainsi que votre travail ?
Je suis directrice artistique indépendante, illustratrice et artiste. Mon travail prend différentes formes : celle d’un concept créatif décliné en une charte, d’une illustration pour une couverture de livre, d’une œuvre peinte, d’une céramique…
À l’origine de mes créations, je suis toujours animée par l’envie de partir d’un concept original, avoir une inspiration précise, pour leur donner vie sous une forme choisie. La couleur et l’esthétique sont très importantes à mes yeux.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Après un bac scientifique, j’ai décidé d’explorer ma passion pour l’art et d’en faire mon métier. Je suis partie à Londres à 19 ans, étudier pendant trois ans au Central Saint Martins College of Art and Design. J’y ai découvert des disciplines plus manuelles comme la sérigraphie, la reliure, ou encore la céramique. Je suis ensuite rentrée à Paris pour compléter ce cursus par un master en direction artistique à l’ESAG Penninghen. Les deux enseignements de ces deux écoles étaient si différents et complémentaires que la transition, bien que non-évidente au départ, m’a ouvert de nombreuses voies !
Pour mon diplôme, j’ai réalisé un grand livre illustré sur les marques, un sujet qui m’intéresse beaucoup, accompagnée de l’affichiste Michel Bouvet. Après mes études, j’ai alterné entre salariat et activité free-lance. Ma dernière expérience comme salariée fut d’être la directrice artistique de la marque de prêt-à-porter Chacok de 2014 à 2018. C’était passionnant ! J’y ai découvert la mode et j’ai pu appliquer mes connaissances en graphisme, notamment en dessinant tous les prints.
Vous vous exprimez à travers l’illustration, le collage tout comme la céramique. Pourquoi avoir choisi ces différentes formes d’expression ?
J’aime explorer des techniques différentes pour ajouter des cordes à mon arc et m’ouvrir des possibilités de collaboration. L’illustration digitale me permet de réaliser des projets plus commerciaux, et ce, sur de multiples supports. J’ai eu une période “collage” lors de ma première grossesse. Une série a été exposée à l’Hotel Pont-Royal à Paris ainsi que deux grands formats ont été créés pour l’Hôtel Bel-Ami, lui aussi à Paris. J’en ai également réalisé pour une édition de Gazette & Yvette, une exposition éphémère qui a eu lieu à l’Hôtel de l’Industrie à Paris. La peinture sur papier me plaît énormément, et j’espère pouvoir exposer ces créations en parallèle de la céramique, car j’aime beaucoup faire dialoguer les deux.
Quelles sont vos inspirations ?
Elles sont très variées : les couleurs de l’art moderne avec Picasso, Matisse et bien sûr David Hockney, mais aussi les formes organiques et les jeux de matière de Jean Arp, les couleurs de Bacon, le dessin de Cocteau et Léger, les céramiques de Peter Schlesinger, la direction artistique de Peter Knapp ou Bea Feitler…
Vous confectionnez également de subtils vases en céramique inspirés de tableaux d’artistes. Quelle est votre relation à la matière ?
J’ai découvert la pratique de la céramique et plus particulièrement du modelage en janvier 2019. J’avais envie d’exercer cet art que j’apprécie tant, notamment à travers la connaissance de l’œuvre de Picasso, qui m’éblouit.
La céramique me détend. Le fait d’avoir les yeux sur de la terre et non sur un écran me fait voyager dans un autre temps. Le temps de la céramique étant plus long, elle invite à une certaine méditation. Elle me permet d’élaborer une pièce, du début à la fin, avec beaucoup de liberté, de dessiner une forme, puis de la décorer. Dans la mode, je dessinais parfois des formes de vêtements que les stylistes devaient assagir.
Avec la céramique, tout est possible !
Au cours de ces dernières années, vous avez participé à de nombreux projets avec de grandes marques comme Diptyque, Hermès, Pierre Hermé… Lequel vous a le plus marqué ?
Ils m’ont tous passionnés, car les problématiques et les contextes sont à chaque fois différents. Je me souviens avoir reçu pour le projet d’Hermès une malle pleine de superbes objets à devoir dessiner de visu. Ce fut un vrai challenge, lors duquel je m’imaginais retourner à l’école, à dessiner des natures mortes.
Depuis quelques années, vous avez débuté votre carrière en free-lance, répondant à de multiples projets. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier et dans l’idée de travailler seule ?
Bien que ce statut soit parfois stressant, il me permet une grande liberté. Et cela, ça n’a pas de prix !
Où aimez-vous travailler ?
J’aime travailler dans mon atelier, en dehors de chez moi, pour être entourée de mes créations en cours et de mes livres. Aussi, il me permet de “laisser reposer” le work in progress, sans que cela ne dérange autour de moi !
Qu’est-ce que l’art apporte à votre vie ?
Il m’apporte du souffle, de la joie. Une certaine hauteur, telle une grande fenêtre par laquelle je contemple le monde qui m’entoure pour le réinventer à ma façon.
Le confinement vous a-t-il orienté vers de nouvelles perspectives ?
Le confinement m’a permis de réaliser mon site web que je devais faire depuis longtemps. J’en profite également pour me replonger dans mes livres d’art et pour réfléchir aux projets futurs.
Plus d’informations sur son travail, sur son site & Instagram.
Propos recueillis par Marie Coindeau-Mattei
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