Ivannalys : “Les gens ont créé des idéaux de beauté que je trouve inutile en photographie”
Dans cette interview, on vous propose de repenser le nu à travers l’univers photographique de la jeune artiste Ivannalys. Ses photographies à l’allure cinématographique place l’humain, le corps, et le nu au cœur de sa création.
Bonjour Maëlys peux-tu te présenter en quelques mots ?
Alors j’ai 23 ans, je suis une Normande expatriée dans le nord de la France, à Lille. Je suis diplômée en photographie depuis 2018 et je suis photographe en free-lance.
Peux-tu nous décrire ton esthétique, ton univers photographique ?
Un peu difficile pour moi de me définir mais je travaille beaucoup les tons froids. Je fais peu de photo artificielle j’essaye d’avoir une photo “brute” sans trop de retouches et de “fake”.
Tu réalises de nombreux nus, qu’est-ce qui t’a inspiré cette pratique de la photographie ?
Je ne sais pas si quelque chose m’a inspiré précisément. Je pense que c’est une question d’affinité. On teste plusieurs choses quand on commence la photo. Certains vont préférer faire des photos de paysages, d’autres de reportage, moi c’est le nu !
Il paraît que tu passes parfois devant l’objectif, qu’est-ce que ça fait de se mettre « à nu » ? Qu’est-ce que cela t’a apporté ?
Ça m’arrive souvent lorsque je n’ai pas de modèle, je n’ai pas encore trouvé ma muse. Quand j’ai une idée mais pas le temps ni de personne avec qui le réaliser, je deviens mon meilleur modèle. C’est souvent plus efficace car je sais exactement ce que je veux. Ça m’a apporté un peu de confiance en moi aussi. J’aime bien faire ça. Même si en réalité j’adorerais avoir ma muse.
Aujourd’hui quelle est ta vision sur le corps, sur ton corps ?
Une vision bienveillante et parfois indifférente. Un corps peu importe son apparence… bah c’est un corps. Je ne cherche pas spécialement à aller au-delà. Il faut banaliser je pense tout ça et ne pas en faire des tonnes. Les gens ont créé des idéaux de beauté que je trouve inutile en photographie. Comme dit précédemment, j’aime ce qui est brut, vrai. Donc peu importe le corps d’une personne, ce n’est pas ça qui rendra ma photo plus ou moins réussie.
Y a-t-il un message que tu veux transmettre à travers tes photos ?
J’essaye toujours de raconter des histoires différentes dans mes photos. Je n’ai pas un message précis.
L’humain à une place centrale dans tes photographies, as-tu des muses ?
Hélas non.
Les corps que tu photographies sont souvent mis en scène en pleine nature, y-a-t-il une raison à ça ?
Je trouve que les paysages extérieurs apportent plus de choses dans l’esthétisme de mes photos. Et puis c’est plus logique. Un corps nu est dans son élément lorsqu’il est associé à la nature. On retire toute superficialité, toute création humaine.
On peut dire que tes réalisations sont de vrais tableaux, comment les réalises-tu ? Mise en scène, feeling, instant ?
Ça dépend vraiment, je n’ai pas de schéma type. Je pense que tout les photographes fonctionnent un peu sur tous les plans. Parfois une photo sera prise sur l’instant. Parfois on va créer au feeling. Puis parfois tout sera mis en scène et millimétré. Le plus souvent j’ai une idée de base et je fonctionne au feeling avec quelques éléments mis en scène.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait débuter dans la photographie de nu ?
Ce ne sont pas vraiment des conseils mais des mises en garde. Ne touchez pas vos modèles, ne les regardez pas avec insistance, ne les mettez pas dans des positions inconfortables (dans un froid trop extrême, devant des inconnus etc…). Procédez crescendo. Et posez nu vous-même. Je pense qu’avant de demander quelque chose aussi précis à un modèle il faut se mettre à sa place. Il n’y a que comme ça que la compréhension sera meilleure.
Comment gères-tu la diffusion de tes photos sur les réseaux sociaux comme Instagram ? As-tu déjà été confrontée à la censure ?
Instagram et Facebook censurent les images, oui. C’est largement discutable et ce sont des débats sans fins. J’ai arrêté de batailler et je censure. Dans tout les cas mes images non censurées sont visibles sur mon site. Les réseaux ne sont que des petites vitrines mais tout se passe surtout sur le site web.
Le mot de la fin ?
Merci beaucoup de m’avoir posé ces questions j’espère que j’y réponds correctement ! 🙂
Interview réalisée par Lou Vendé
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