Jean Morel (Grünt) : “Si tu cherches à faire du clic, tu meurs”
Jean Morel fonde Grünt il y 8 ans, une webzine, une plateforme où l’on trouve des freestyles d’artistes, des entretiens ou encore des reportages immersifs. Rencontre avec ce passionné de musique.
Pour les personnes qui ne connaitraient pas Grünt, quel type de média est-ce?
Ça c’est une question à laquelle j’ai toujours du mal à répondre, parce qu’on ne s’est jamais vraiment posé la question de ce qu’on faisait en réalité. Tout a toujours été un peu fait à l’arrache, comme on pouvait, donc ça a un peu pris une forme qui part dans tous les sens. Ce qui fait notre identité c’est bien sûr les freestyles faits dans des apparts, les petites émissions de radio à l’époque… Pour te répondre de manière plus concise, Grünt est un format qui n’en est pas un, on est dans une forme amovible, et dès qu’on a une envie on essaie de se trouver un moyen d’être totalement indépendant afin de la réaliser librement. il n’y a pas de forme en tant que telle et c’est ça qui est cool. Mais si on doit résumer on est un webzine et une chaine Youtube.
Grünt c’est plein de formats différents (interviews, freestyles, mixtapes, reportages etc.). Pour toi, quel est le format le plus plaisant à réaliser ?
Je pense que le fait qu’il y ait beaucoup de formats c’est parce que j’ai une crainte de l’ennui, donc on ne s’interdit rien. Après je pense que ce qui me plaît le plus c’est de m’entretenir avec des artistes. Je n’ai jamais été artiste et j’ai une fascination pour les gens qui sont créatifs ; c’est un plaisir de parler avec ces personnes. Après il faut savoir que Grünt, c’est un groupe de copains donc il peut y avoir des envies et des inspirations différentes. Comme on n’aime pas tourner en rond, au fond on prend autant de plaisir à être sur scène à annoncer des concerts, que de parler avec un rappeur ou produire des documentaires, tout ça va de pair. C’est le côté Do It Yourself qui nous plaît.
Actuellement avec ton émission “Grünt confinement”, tu parles de beaucoup de sujets différents que ce soit de la littérature ou du cinéma. Après cette période, Grünt va-t-il de nouveau parler exclusivement de rap, comme avant ?
Je pense que le confinement a permis à Grünt de se déconfiner d’une certaine manière. Certes le rap c’est l’ADN, mais il y a tellement d’autres sujets intéressants et dont on parle entre nous, en privé. Avec “Grünt confinement” c’était justement l’occasion d’en parler. Ça nous a fait du bien car l’un nourrit l’autre d’une certaine manière ; si avec un rappeur tu parles d’autre chose que du rap, finalement tu enrichis encore plus la conversation et tu comprends davantage le personnage. Aussi j’ai cette impression que faire un média mono-format c’est réduire le public, alors qu’on sait que les gens passionnés par Grünt viennent chercher une certaine ouverture d’esprit. On veut s’adapter à notre public donc on est beaucoup dans l’échange, je ne veux pas être à l’image des autres médias où tu entends juste une personne parler. On veut davantage échanger avec notre public et donc aborder des sujets différents, quitte à fuir cette idée d’audience aussi. Si tu cherches à faire du clic, tu meurs.
L’esprit Grünt, c’est la passion avant tout ?
Globalement c’est ça. On a toujours tout fait de manière super débrouille ; ça fait 8 ans qu’on existe mais la mental de base ne bouge pas. C’est souvent du jour pour le lendemain, même pour un tournage. Pour le “Grünt tour” par exemple, le dernier jour on va rencontrer la nouvelle star du Maroc, le Grande Toto. J’ai reçu un texto à 5h du matin, ils étaient à Agadir, à 6h de là où on était. On avait un vol 48h après, mais on a fait l’aller-retour pour le voir, avant d’enchaîner avec notre vol : le Grande Toto dans son studio c’est une fois dans ta vie, donc il faut y aller. On est poussés par la passion.
Tu as toujours voulu mettre en avant les rappeurs avec du potentiel dans tes émissions. D’après toi, qui sont les rappeurs qu’on doit suivre aujourd’hui ?
Le rap est devenu tellement un business ces dernières années que je trouve que tu as un formatage des artistes qui est apparu ; j’ai l’impression que tout le monde fait le même projet, que chaque label veut signer des artistes urbains en espérant faire un gros coup, tu sens qu’on est vraiment dans la quête du tube plus que dans la création d’albums précis et concis. En ce moment je trouve qu’avec Bekar il y a quelque chose d’intéressant musicalement parlant ; lui dans 4/5 ans voire moins il va sortir un grand disque. Après je pense que le projet de Limsa qu’on a beaucoup soutenu va être formidable. Sinon il y a Moussa, c’est un mélange de RnB, chanson, rap : je trouve ça incroyable ce qu’il fait. J’adore aussi Capitaine Roshi et LMB. LMB a une identité musicale folle et le binôme des deux là c’est fou, j’en suis parfaitement convaincu.
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Propos recueillis par Corentin Bernard
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