Rencontre avec Vincent Berhault, nouveau directeur de la Maison des Jonglages
Vincent Berhault a succédé le 2 janvier 2020 à Thomas Renaud à la direction de la Maison des Jonglages à la Courneuve. Artiste jongleur lui-même, metteur en scène, il s’agit pour Vincent Berhault de sa première direction d’une structure artistique et il ne manque pas de projets.
Pouvez-vous exposer brièvement votre parcours ?
Je suis artiste jongleur, j’ai fondé et dirigé pendant les 20 dernières années la Compagnie les Singuliers.
Je possède également un parcours universitaire tourné vers les sciences, puisque j’ai obtenu un diplôme de socio-ethnologie. Je suis fortement intéressé par les axes possibles entre l’art et les sciences.
Je connaissais déjà très bien la Maison des Jonglages et le Centre Jean Houdremont de la Courneuve, dans lequel je m’étais produit.
Quelles sont vos envies quant à cette nouvelle direction ?
Dans un premier temps, je vais mettre en place le festival Rencontre des Jonglages, dont la programmation a été établie par mon prédécesseur, festival qui sera reporté en raison de l’actualité, au cours de l’automne 2020.
Je vais aussi m’occuper de la programmation de la Rencontre des Jonglages pour l’année prochaine.
Je tiens à mettre en place une transversalité des disciplines. Dans la relation art/sciences humaines, l’idée est de mettre en lien des binômes comme un chercheur et un artiste ou un anthropologue et un jongleur sur une résidence de 4/5 jours, pour la restitution d’une œuvre collaborative à la sortie, qui pourrait être présentée au Festival Rencontre des Jonglages en 2021.
J’ai réellement envie d’œuvrer pour la relation sport/art du jonglage en vue des Jeux Olympiques de 2024, qui vont concerner particulièrement la Seine-Saint-Denis.
Donc il y aura la mise en place de laboratoires donnant lieux à des débats et à des réflexions avec les chercheurs mais aussi de nombreux projets d’actions culturelles sur le territoire avec les artistes et les acteurs du milieu sportif.
J’aimerais aussi renouer des liens du milieu amateur et professionnel dans le jonglage, les amateurs ayant une approche ludo-sportive du jonglage, alors que les professionnels sont plus dans l’écriture.
Quels publics souhaitez-vous attirer par votre programmation ?
Je suis évidemment attaché au public Courneuvien et au public environnant. L’action culturelle passe par un contrat de ville avec la Courneuve.
Le festival Rencontre des Jonglages est principalement destiné à ces publics, mais il est vrai qu’un travail sur la circulation des publics serait une bonne chose avec tous les partenaires du festival en ile de France. J’ai également envie, de travailler avec les écoles d’art, de mettre en place des partenariats nouveaux.
La Maison des Jonglages possède le label de scène conventionnée d’intérêt National Art et Création jonglage(s). Quelle importance apportez-vous à cette reconnaissance ?
J’y apporte une grande importance. Ce label est accordé à la Maison des Jonglages depuis 2015. Nous sommes donc soutenus par la DRACet nous travaillons pour pérenniser ce soutien. (Il est important de le rester).
La Maison des Jonglages est la seule scène conventionnée dédiée au jonglage au Monde. Elle est unique au monde et possède des principes uniques.
En effet, la Maison des Jonglages est une structure qui accueille 50 compagnies par an. C’est un énorme soutien à la production. D’ailleurs, nous envisageons de créer un magazine ou une revue qui mettre l’accent sur les diverses missions de la Maison des Jonglages et sa place dans le tissu culturel francilien et national.
Vous avez évoqué un contrat de ville. Comment appréhendez-vous les prochaines élections municipales ?
Nous avons de très bons rapports avec la Mairie. Monsieur Poux, maire actuel d’ailleurs, soutient l’implantation, à l’année, de la Maison des Jonglages au Centre culturel Jean Houdremont et grâce à cet accueil on peut mettre en oeuvre, en collaboration avec le théâtre, le festival Rencontre des Jonglages.
La Mairie de la Courneuve est donc très impliquée et nous soutient tant financièrement que logistiquement.
le report de la 13e édition du festival Rencontre des Jonglages aura au cours de l’automne 2020. C’est un festival unique en Europe.
Quelle définition pourriez-vous nous donner du jonglage, car l’amalgame est souvent fait avec le cirque ?
On parle d’arts du jonglage. Il est vrai que le jonglage est une discipline du cirque. Son histoire quant à elle n’est pas forcément liée au cirque, je prends pour exemple les années 20 où le jonglage apparaissait dans les films muets, les cabarets et le music-hall.
l’idée étant celle du jongleur troubadour. On est assez proche du burlesque aussi. La jonglerie est donc très chorégraphique. Elle comporte son propre univers.
Enfin, Vincent Berhault, que souhaiteriez-vous que l’on retienne de votre direction de la Maison des Jonglages ?
Que mon équipe et moi avons renouvelé les esthétiques, titillé les frontières du genre.
J’aimerais qu’on retienne mon envie de transversalité, de coupler la jonglerie avec d’autres pratiques artistiques, sportives, scientifiques.tout en gardant cette colonne vertébrale du jonglage.
Enfin j’espère faire en sorte que le jonglage soit réellement et de façon pérenne, considéré comme un art.
Propos recueillis par Caroline Guidi
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