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5 albums à écouter en 2020

Loïck Piovesan 24 avril 2020
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En ces temps de confinement, voici 5 albums sortis en 2020 qui méritent toute votre attention : du rap new-yorkais de KOTA The Friend à l’énigmatique premier album éponyme de Yuzmv, vous trouverez ici une sélection d’artistes à (re)découvrir.

1- La vie augmente Vol.3 d’ISHA : “J’vis de la musique comme Ennio Morricone”

C’est en voyant le film de son oncle Ngangura Dieudonné Mweze, La vie est belle, qu’ISHA est marqué par la locution “La vie augmente”. Signé chez Parlophone, le rappeur bruxellois a ainsi abandonné son alias historique Psmaker, pour assumer son véritable prénom. Aujourd’hui, cette rencontre a donné naissance à une trilogie, initiée en 2017 et qui s’est conclue en février 2020, avec la sortie de La Vie Augmente Vol.3.

LVA 3 témoigne du nouveau statut de l’artiste sur la scène rap francophone. Il n’est plus seulement la référence de rappeurs belges à succès comme Caballero & JeanJass mais il fait à présent partie de cette vague belge qui déferle sur le rap francophone. Ce nouveau paradigme est marqué par la multiplication des collaborations sur ce projet, que ce soit PLK, Dinos ou Sofiane Pamart : des artistes très présents sur la scène rap actuelle.

ISHA montre une évolution dans son style : là où son style brut a pu limiter son public, il dévoile ici des morceaux plus accessibles comme Magma, ou comme Boulot/Baobab. Il n’en perd pas pour autant son écriture brute mais l’allie parfaitement à des prods qui bouncent d’avantage et une direction artistique plus ouverte. Il propose aussi des morceaux dans lesquels il démontre à nouveau sa qualité d’écriture, proposant un monologue doux et poétique face à la mort dans Coco ou encore un récit colonial vu d’un œil naïf dans Les magiciens.

“Ils ont pris l’or et les diamants, ils ont laissé le livre magique”

On retrouve aussi des morceaux très bruts, à l’image de Décorer les murs, sublimé par le piano de Sofiane Pamart, qui conclue l’album et qui permet à ISHA de réaffirmer sa détermination.

“La voisine sait que j’ai les nerfs qui lâchent, taper sur les murs et gueuler dans la douche”

ISHA travaille à présent son prochain album et se prépare à sa tournée des salles francophones dès septembre, sauf imprévu bien sûr.

Pour les amateurs de talent ou d’émotions brutes.

2- Libre de Seyté : “Les étoiles chantent et la lune fait mes backs”

On reste sur la scène belge avec l’EP Libre de Seyté, sorti le 3 avril 2020. Héritier d’un rap acoustique, entre poésie et variété française, Seyté apparaît sur la scène rap au sein du collectif La Smala, aux côtés d’artistes comme Senamo ou Rizla. Néanmoins, il développe aussi sa carrière en solo dont il dévoile ici le 4ème projet, deux ans après avoir publié La vie est belle.

Seyté reste un artiste populaire surtout parmi les amateurs : bien que signé chez Back In The Dayz, il ne bénéficie pas du même succès que ceux avec qui il a fait ses classes (Caballero, JeanJass, Roméo Elvis). La faute sans doute à une fidélité absolue à une certaine idée du rap et à une présence médiatique qu’il modère.

“J’ai passé l’aprem à faire des stories Instagram et c’était incroyable”

Seyté continue sur les bases de La vie est belle et alterne textes affutés et chant. Il ne manque pas de rendre hommage à l’héritage des monuments de la variété française dans Une chanson. Au travers de Pauvre Monde, il rappelle également son attache au rap engagé, aujourd’hui relégué en grande partie à l’underground.

“Un jour, on payera cher pour c’que les hommes te font, pauvre monde”

Armé de sa guitare, il autoproduit de nombreux titres de l’EP et collabore sur deux morceaux avec El Chileno et Rizla. Ce projet est une autre démonstration de la maîtrise de Seyté dans l’exercice du guitare-voix, dans un style toujours entre performance acoustique et lyrisme old school. On retrouve ce combo parfaitement exécuté sur La petite voix.

Il pose aussi sur des productions plus boom bap comme Pas à nous, qui rappelle forcément le style de l’époque La Smala ou encore certaines de ses collaborations avec Mani Deïz. L’ambiance Amérique latine que l’on ressent tout du long, par la direction artistique du projet, est notamment confirmée dans les clips dévoilés par l’artiste, qu’ils soient tournés à Córdoba ou dans un semblant de village vide à Ohain.

Pour les amateurs de poésie ou de guitare.

3- Lyrics to GO Vol.1 de KOTA The Friend : “I remember rapping Palm Tree for 50 heads”

Vol n°2, direction New York. KOTA the Friend est un artiste de Brooklyn. Il a revitalisé la scène new-yorkaise en mêlant ses passions pour le rap, la photographie et l’art plastique. Indépendant convaincu, il a d’ailleurs monté son propre label, FLTBYS, dans lequel il cumule encore différentes casquettes. Cette liberté permet à KOTA d’initier une direction artistique entièrement adaptée à l’ère actuelle, d’Instagram et des réseaux sociaux, à travers des vidéos courtes, très stylisées. C’est donc après avoir dévoilé de nombreuses capsules sur YouTube qu’il a publié le 20 janvier, la compilation Lyrics to GO Vol.1.

Il aborde des thèmes récurrents du rap, comme les femmes ou l’ego trip, qu’il conjugue à une tendance à l’art total avec des clips empreints d’une véritable inspiration photographique, au style identifiable, notamment par leurs sous-titres.

De l’ego trip de Can’t please everybody au lovely She, KOTA emmène son public dans une vibe chill qu’il maîtrise à la perfection. Un style épuré, ses capsules et leurs fameux sous-titres jaunes, KOTA The Friend est un artiste qui peut plaire autant aux amoureux du lyrisme qu’à des amateurs de variété ou d’ambiances acoustiques.

“Cracked a little smile and she throw me back the same look”

Sans surprise, il exprime son amour et son attachement pour Brooklyn dans New York with love. Il traite ensuite de sa persévérance dans la track Berlin, avant de se risquer à une comparaison avec Michael Jordan en évoquant son fameux Flu Game.

“I’m still the same fool, I’m still the same dude”

Il doit annoncer ce mois-ci son deuxième album, suite de FOTO, sorti l’année dernière.

Pour les amateurs de calme ou amoureux de la Big Apple.

4- ALT F4 de Swing : “Pas besoin de raison, ça vaut la peine”

On revient une nouvelle fois à la scène belge, avec le talentueux Swing. Après avoir fait ses classes au sein de l’Or du Commun, aux côtés de Primero, Loxley, ou de Roméo Elvis, Swing revient une nouvelle fois en solo. Il avait déjà publié Marabout en 2018 et avait connu le succès avec des morceaux comme Rivage ou Cercle. Signé chez La Brique, il a cette fois dévoilé début 2020, un EP de 7 titres, ALT F4, où l’on peut retrouver Angèle, Nemir ou encore Dune.

Ce projet montre l’évolution de Swing. Il se détache peu à peu du rappeur étiqueté ODC pour montrer l’étendue de sa palette artistique. Au travers de titres épurés, il développe toutes ses capacités vocales et son ambition d’exister en tant qu’artiste à part entière.

Il traite de thèmes divers comme le racisme dans N, les sentiments dans S’en aller où il accompagne Angèle dans des envolées lyriques, ou exprime encore ses doutes dans Brousse ou dans Gris. Il invite l’auditeur à le suivre dans une promenade envoûtante, au sein d’un univers voluptueux où cohabitent parfaitement rap et chant.

“Comment faire pour garder le fil ? Garder le bon, jeter le pire ?”

On retrouve également des producteurs de grande qualité sur ce projet, que ce soit Eazy Dew, De La Fuentes ou Twenty9, Swing s’est entouré de producteurs chevronnés et au sommet dans leur domaine. Le premier accompagne depuis de longues années la réussite de Josman quand le second est une référence de la scène belge, ayant joué un rôle important dans l’éclosion de Damso ou d’Hamza. Enfin, Twenty9 a produit récemment une grande partie du très réussi Taciturne de Dinos.

Avec ce projet, Swing prend le pari d’exprimer la forte évolution de son style, du rappeur de l’ODC vers un artiste complet, au travers d’un projet court et épuré.

Pour les amateurs d’introspection ou de magie lyrique.

5- YUZMV de Yuzmv : “J’comprends la vie comme roi des morts”

Yuzmv (prononcé Yuzma) est un artiste mystérieux qui a sorti son premier album éponyme le 27 février dernier. C’est en publiant de nombreux morceaux sur des plateformes comme SoundCloud que Yuzmv a réussi à rassembler un public fidèle, à travers des morceaux sombres, empreints de tortures amoureuses ou d’énigmes existentielles. La capacité de l’artiste perpignanais à raconter des histoires intimes a su lui créer son public, dans une période où le rap est davantage industrialisé.

Après avoir signé chez le label Play Two (Jok’Air, Michel), Yuzmv s’est penché sur la préparation de ce premier album. Artistiquement, il s’est depuis agi pour lui de quitter cette image d’artiste “SoundCloud” pour devenir un artiste complet, tant dans son image que dans sa musique. Il a toujours caché son visage, l’astuce passant dorénavant par des bandes recouvrant sa tête.

Yuzmv ne déroge pas à son habitude, abordant de nombreux thèmes puisés dans son intimité. Que ce soit les liens avec sa famille dans Mère ou dans Lenny, son futur dans Le Chemin, ou bien encore ses sentiments dans Qui ? ou dans Reine des enfers, Yuzmv multiple l’évocation des thèmes qui lui sont chers. La nouveauté pour l’artiste dans ce projet, ce sont les rythmes plus légers que le piano-voix habituel et des chansons moins personnelles comme Jet Lee ou Vagabond.

“Je cours comme un vagabond, j’crois qu’elle veut f*** avec Yuzi, je suis pas son copain”

Les productions que l’on retrouve sur l’album marquent une vraie évolution du style de Yuzmv. On découvre des sonorités plus légères, une capacité à sonner plus pop, parfois même club. Des ambiances auxquelles l’artiste n’avait pas habitué son public et qui démontrent l’étendue de sa palette.

Pour les amateurs de momies ou de mélancolie.

Loïck Piovesan

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