Bruises : “On vient d’une génération qui n’a pas besoin de se limiter”
De la new wave au trip-hop, Bruises réinvente les codes de la pop. Rencontre avec Adah Dylan, adepte de la pensée progressiste et de poésie, et de Max Sokolinski, compositeur et producteur multi instrumentaliste, qui forment le duo. Zoom sur leur premier EP : Sexymental, à l’esprit onirique et dansant.
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la musique ensemble ?
Max : On s’est rencontré grâce à une amie musicienne commune. Je savais qu’Adah chantait ; elle savait que je produisais et que je composais. Nous n’avions pas forcément l’idée de faire un projet ensemble et ça s’est fait un peu par hasard, lorsqu’Adah est venue chez moi et qu’elle a commencé à chanter sur une de mes mélodies. Notre premier morceau est né ainsi. Puis, de façon évidente, on a voulu former un groupe.
On sent beaucoup d’influences dans vos musiques, notamment de la new wave. Pourquoi en intégrer dans vos rythmiques ?
Max : Mixer plusieurs ambiances différentes permet d’apporter de la modernité. Aujourd’hui, on peut littéralement tout faire, du rap à l’électro et plein d’autres choses. On vient d’une génération qui n’a pas besoin de se limiter, et on souhaite vraiment profiter de cette liberté pour faire quelque chose d’original.
Adah : On n’a pas d’influences particulières, mais on écoute des groupes comme New Order, Tame Impala ou bien encore Massive Attack. On aime des genres différents, du trip-hop notamment, et au final nos influences se sont faites de manière inconsciente et naturelle.
Quel titre de cet EP avez-vous pris le plus de plaisir à écrire ?
Adah : Personnellement, j’ai aimé écrire tous les morceaux de cet EP, mais puisqu’il faut en choisir un, je dirais “Time Travels”. Il nous a pris beaucoup de temps et quelque de chose de magique s’est produit, car il est venu comme par un rêve. C’est un morceau qui parle beaucoup de notre époque, des changements actuels, de l’insécurité et d’espoir, car il n’est jamais trop tard pour changer les choses. C’est pour cette raison que j’ai aimé écrire ce morceau.
Max : Moi, je dirais “Tender Storm” parce que c’est un morceau un peu plus léger que le reste. Très fun même, et plus dansant. Il nous est resté en tête pendant deux semaines.
La passion est l’un des thèmes récurrents de cet EP. Dans Sexymental, vous décrivez « un sentiment d’attraction intense qui s’accompagne d’une perte de rationalité ». Cette définition transcendantale correspond-elle à l’idée que vous vous faites de l’amour ?
Max : On croit beaucoup à l’amour et à la fusion. La passion nous semble à double tranchant, c’est-à-dire qu’on peut s’abandonner, mais aussi littéralement se perdre. Le tout est quand même plus fort que la somme des parties.
Adah : La passion donne une raison de vivre. Souvent, elle nous fait souffrir, mais c’est aussi ce qui forge notre caractère. La vie serait très triste si on n’avait pas une passion, quelle soit amoureuse ou artistique. La création et l’amour sont d’ailleurs indissociables.
Vous créez un univers onirique et mystérieux. Est-ce votre moyen de repenser notre monde ?
Adah : Absolument ! Ca fait partie de notre envie de faire de la musique. Je pense effectivement que la musique peut changer le monde. C’est important qu’on parle de notre époque et de ce qu’on vit.
Max : Je suis peut être un peu moins optimiste sur le pouvoir de la musique à changer le monde, mais si au moins on pouvait changer notre monde. C’est la raison pour laquelle on veut se créer un univers personnel, une espèce de bulle à nous. On parle de notre génération, de nos attentes, des choses qui nous inquiètent. Nous exprimons aussi la tentation de la dualité : créer en réponse à ces temps très anxiogènes, mais proposer une échappatoire, avec une ambiance où l’on puisse s’amuser, danser et faire la fête. On ne veut pas larmoyer, nous apitoyer sur notre sort, ni dire qu’il n’y a pas d’espoir.
Pourquoi faire le choix de chanter en anglais ? Est-ce une manière de rendre vos textes plus universels et accessibles ?
Adah : Je suis née à Paris, mais je suis à moitié Américaine et Autrichienne. Donc, j’ai plutôt eu l’anglais comme langue maternelle et j’écris plus naturellement en anglais, même si je ne suis pas contre le principe d’écrire en français. Je pense que l’anglais reste une langue universelle, comme la musique. Idéalement, j’aimerais qu’un maximum de personnes puisse entendre et comprendre notre musique.
Max : J’habitais à Los Angeles avant d’habiter à Paris. C’était donc aussi un choix assez naturel. C’est d’ailleurs générationnel de se dire que l’anglais est la langue universelle. Certes il y a des gens en France, ou ailleurs, qui ne comprendront pas forcément nos textes. Mais on ne peut pas plaire, ni faire plaisir à tout le monde ! On souhaite avant tout faire les choses sincèrement.
Propos recueillis par Émilie Couturier
Vous pouvez retrouver Bruises sur :
Sexymental est disponible sur toutes les plateformes de streaming
Sortie complète de l’EP le 15 mai 2020
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