Ardif et ses « Mechanimals » : le street artist du safari urbain
Les œuvres d’Ardif jalonnent les rues de Paris et ne passent pas inaperçues ! Architecture mécanique et animaux fusionnent en une parfaite synthèse qui surprend le public par son naturel.
Qui êtes-vous, Ardif ?
Un street artiste français, basé surtout à Paris mais je travaille aussi dans d’autres pays.
D’où vient l’idée des « Mechanimals » et quelles sont vos sources d’inspiration ? Pourquoi ce mélange entre animal et architecture mécanique ?
J’ai une formation d’architecte et à un moment je me suis intéressé aux possibles hybridations entre nature et architecture. Après, j’ai fait plusieurs recherches graphiques, des croquis et petits dessins. Et un jour, un peu par hasard, j’ai eu l’idée d’articuler mécanismes et animaux. Je suis parti d’un chat que j’ai arrêté à moitié et puis j’ai imaginé la suite de l’animal en mécano-architecture (un mélange entre architecture et machinerie). Comme le lien me plaisait, j’en ai fait quelques-uns pendant plusieurs semaines et j’ai décidé d’aller les coller dans la rue.
En effet, je trouvais que son identité graphique était identifiable au sein du microcosme parisien. Depuis, ça fait plusieurs années que je développe cette thématique et que je la fais évoluer, en mettant de la couleur, en cassant la symétrie. Le but est de faire dialoguer architecture, mécanique et nature, en street art. C’est un équilibre à trouver, y compris dans notre façon de voir le monde.
Quel message voudriez-vous justement transmettre ?
J’aime bien l’idée que ces créations ouvrent l’imaginaire des gens. Le street art permet à chacun d’avoir sa propre interprétation. Mais si j’ai un message, ce serait celui-ci : trouver l’équilibre entre travail, technologie et respect de l’environnement, patrimoine naturel. Il ne s’agit pas de vivre à l’âge de la pierre, mais d’arrêter de détruire ce qui nous nourrit, ce qui nous abrite. Pas de façon agressive ! En créant un dialogue entre nature et technique, en variant les échelles, en libérant les imaginaires. Mon travail traduit une quête d’harmonie, en fait. Mes dessins essaient d’inspirer cela, aussi.
Vous portez donc un grand intérêt pour l’écologie ?
À mon humble échelle, évidemment. Aujourd’hui il est pratiquement impossible de ne pas être intéressé à la cause. Après, chacun intervient à sa façon. Moi j’ai l’impression de n’avoir aucun poids, mais je me dis que par la transmission d’un imaginaire, par le street art, par la culture, il y a moyen de sensibiliser les gens. C’est donc ce que j’essaie de faire.
Pourquoi avez-vous choisi les animaux pour représenter la nature, et non pas l’homme ou les plantes, par exemple ?
Tout d’abord, avec l’animal, j’ai une gamme infinie en termes de formes, couleurs, textures. Ensuite, je trouve que l’animal a une forte portée symbolique. Il suffit de penser aux animaux totem ! Comme certains ont peut-être perdu un rapport à cette faune, mon but est de la ramener en ville, de créer une sorte de safari urbain. Je veux offrir, au public des métropoles, l’occasion de se retrouver nez à nez avec des espèces auxquelles il ne pense pas forcement, qu’il a même peut-être oubliées. C’est pour cette raison que je ne me limite pas : insectes, oiseaux, mammifères, poissons…
Vous n’avez donc aucune préférence ?
Tout animal mérite un intérêt et une visibilité, un éclairage.
Selon quels critères choisissez-vous vos spots ?
C’est variable. Je ne m’impose rien et suis assez souple sur cette question. Par exemple, des noms de rues avec des noms d’animaux, comme la « Rue du Renard ». J’ai aussi collé un cœur anatomique à la « Rue de l’École de médecine » ; c’était un clin d’œil assez facile ! Et puis, il m’arrive parfois d’avoir des commandes pour des endroits spécifiques. Sinon, dans certaines villes, je me demande si elle a une histoire particulière avec un animal, de façon à dédicacer l’endroit, en quelque sorte. Mais, la plupart du temps, je pars avec une série de collages et j’improvise. Je ne me fixe pas de règles, ni d’objectifs particuliers.
Quels projets pouvez-vous nous dévoiler ?
Il y en a beaucoup, surtout en termes d’expositions. Je devais participer à l’ Urban Art Fair à Paris, l’Art Up ! à Lille… J’ai un projet de solo show en juin au Cabinet d’amateur à Paris. Je dois aussi faire le Pow Wow ! de Rotterdam, en septembre, et puis je suis dans la line up du prochain FestiWall à Paris. À suivre donc !
Propos recueillis par Violagemma Migliorini
Plus d’infos sur Ardif : Page Instagram d’Ardif
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