L’actualité d’Ismaël Joffroy Chandoutis, lauréat du prix ICART Artistik Rezo 2019
Artiste et cinéaste, Ismaël Joffroy Chandoutis explore une pratique cinématographique qui s’étend jusqu’au champ de l’art contemporain. Ses œuvres questionnent la mémoire, le virtuel, la technologie et les espaces intermédiaires entre les mondes, entre les mots.
Peux tu nous en dire plus sur le Prix ICART Artistik Rezo ?
Le Prix ICART Artistik Rezo est un prix qui offre une dotation de 3 000 € et la possibilité d’exposer à Éléphant Paname. L’exposition a eu lieu en novembre dernier et à cette occasion, j’ai présenté une nouvelle œuvre vidéo, Mindstream et plusieurs œuvres existantes, notamment Swatted et Ondes noires. Pour Ondes noires, on a travaillé le film de manière étendue : en plus du film, j’ai créé une série photographique qui se découvre muni d’un casque audio et dans lequel est diffusé des dramatic radio.
Dans quel contexte as-tu créé tes premiers films ?
Ondes noires et Swatted sont deux films qui ont été produits au Fresnoy. On peut trouver dans cette école des artistes d’horizons très différents : des architectes, des danseurs, des cinéastes, des photographes, etc. L’idée est de réfléchir aux nouvelles technologies au sens large, c’est à dire autant sur le plan technique qu’artistique.
Où tes films sont-ils diffusés ?
Ils ont été diffusés à l’international via des festivals d’art et de cinéma mais ils ont aussi été exposés en galerie et dans des musées : Fondation Cartier, Total Museum en Corée ou encore au Centre Pompidou… Et pour les festivals ça a été un peu partout mais dernièrement ça a été surtout aux États-Unis où Swatted a bien marché.
Ondes noires a plus touché l’Europe et l’Asie. Pour Swatted, je pense que le film a une thématique qui est vraiment très ancrée dans la culture américaine. Pour Ondes noires, la dimension écologique peut expliquer la bonne réception en Europe.
Tes deux premiers films ont connu un succès international. Comment l’expliques-tu ?
C’est vrai que mes deux films ont eu un certain succès. Peut-être parce que ce sont des sujets extrêmement contemporains. Et en même temps, le traitement est assez plastique, intérieur et sensitif.
Quelles sont tes influences artistiques ?
J’ai vraiment des influences de tout horizon. Il n’y a vraiment pas de frontières pour être inspiré et faire un film. En peinture : Richter, Bacon. En art vidéo, je dirais Peter Burr, un artiste qui travaille des patterns visuels avec des moteurs de jeux vidéos. Romain Champalaune aussi ; c’est un photographe qui fait autant des séries photos que des vidéos. Son dernier film, c’était Vie & Mort d’Óscar Pérez. Un chef d’œuvre. Et je dirais aussi l’artiste chinois Xu Bing qui a travaillé à partir d’images de vidéosurveillance.
Comment vois-tu ton avenir artistique ?
Pour la suite j’ai plusieurs projets en cours, notamment des projets de films autour du hacking. Mais ce qui m’intéresse, c’est d’étendre ma recherche à d’autre médiums. Je pense en particulier à la photographie et à la performance.
As-tu des événements à venir ?
Je prépare une conférence-performance sur la figure du hacker qui aura lieu le 18 janvier 2020 au CENTQUATRE-PARIS. Je parlerai des swatters qui ont inspiré Swatted et j’ouvrirai ensuite sur mes projets à venir, notamment un film autour d’un hacker roumain que j’ai suivi quelques mois et qui a hacké des millions de comptes. J’évoquerai aussi mes recherches autour du deepfake, une technique populaire qui recrée l’apparence ou la voix de l’être humain grâce à l’intelligence artificielle. C’est une techno devenue grand public qui perturbe les élections et créée des formes de chantage ou de cyber-harcèlement sur des célébrités ou des gens moins connus…
J’ai aussi d’autres expositions : une qui aura lieu eu Fresnoy en février et une autre bientôt à Paris.
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