Le Miracle du Saint Inconnu, une fable burlesque contemporaine
Alaa Eddine Aljem, réalisateur marocain, vient de sortir son premier film. Une belle découverte d’ailleurs sélectionnée en compétition à la Semaine de la Critique de Cannes 2019.
D’origine marocaine, Alaa Eddine Aljem commence ses études de cinéma à l’ESAV Marrakech puis à l’INSAS de Bruxelles en Master Réalisation, Production et Scénario. Il réalise plusieurs courts métrages de fiction dont Les Poissons du désert en 2015, récompensé du Grand Prix du Meilleur court-métrage, Prix de la Critique et du Scénario au Festival national du film marocain.
Le Miracle du Saint inconnu est son premier long métrage. C’est le récit des mésaventures d’un voleur qui cherche à récupérer son butin. La colline où il avait caché sa fortune est devenue un lieu de culte. Sa mission s’avère donc bien plus compliquée que prévu.
Comment Alaa Eddine Aljem a-t-il eu l’idée d’un tel scénario ? Comme pour tous ses travaux, son point de départ a été une situation absurde qu’il a souhaité exploitée. Ici, le sac d’argent pouvait générer une action intéressante et permettre de développer un rapport d’ambiguïté. Concernant les personnages, ils sont tous des archétypes de la société marocaine. Sauf le voleur, un charlot (référence aux films de Charlie Chaplin), car c’est le personnage central qui subit tout s’en rien en tirer.
Une fable burlesque
Le réalisateur insiste bien sur ces mots pour qualifier son film de « fable burlesque », tout d’abord par les codes utilisés, ceux des contes, des fables. Son récit est parabolique. La narration est portée par les actions et non par les paroles. Le genre burlesque est destiné à faire rire le spectateur par des gags visuels fondés essentiellement sur un comique de geste, d’action et de mimique.
Trois ans ont été nécessaires pour faire aboutir le projet. Il a fallu beaucoup de temps et de moyens pour réaliser ce qu’il avait en tête : mélange de genres et de tonalités, ainsi qu’un montage complexe : « Il n’est pas si facile de lier comique et contemplatif », précise le réalisateur.
Le choix de l’humour
De plus, le poids de la religion dans une société représente un sujet délicat. Selon Alaa Eddine Aljem, « il existe deux options pour le traiter : de manière frontale, ce qui risque de faire polémique et expose le film à la censure ou bien par une approche plus respectueuse et pudique, l’humour. Il n’est pas question de se moquer des gens, mais bien des situations. Cela permet au film d’être vu par tout le monde, ainsi que par un public sensible sans forcément se sentir pointé du doigt. »
Une démarche maline qui a permis au film de voyager et d’être aujourd’hui diffusé dans nos salles. Un film à ne pas manquer pour l’originalité du scénario et son traitement, ainsi que la beauté des images.
Je vous recommande fortement d’aller le voir si vous souhaitez être plongé dans de beaux décors marocains et rire le temps d’une séance.
Propos recueillis par Léa Bouchier Di-Benedetto
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