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Lek & Sowat – “J’aurais voulu être un artiste”

28 novembre 2019
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Lek & Sowat - Photo : Nicolas Gzeley

Depuis le mois d’août dernier, de larges lettres noires sur un fond de couleurs primaires courent le long des 140 mètres de la façade du centre Georges Pompidou à Paris. Sur les paroles d’une célèbre chanson de la comédie musicale Starmania, Lek & Sowat y questionnent avec malice la place du graffiti dans l’institution artistique en s’adressant directement au centre d’art qui les accueille aujourd’hui.

Avec le chantier de réfection de l’esplanade du centre Pompidou qui a débuté l’été dernier, le centre d’art accueille désormais ses visiteurs du côté de la rue du Renard, contraignant les équipes du bâtiment à déployer un imposant dispositif de voirie pour sécuriser l’accueil du public. Répondant à l’invitation de Sophie Duplaix, conservatrice en chef des collections permanentes du musée, c’est sur ce dispositif composé de larges blocs de béton surmontés de palissades anti-graffiti que les deux graffeurs se sont exprimés.

Lek & Sowat – Photo : Nicolas Gzeley

Après Claude Dubois, Nicole Croisille, Céline Dion, Lara Fabian et même Bernard Tapie, c’est au tour de Lek & Sowat de reprendre le refrain du morceau Le Blues du businessman, près de quarante ans après sa sortie. “Nous avions cette phrase en tête depuis longtemps et nous attendions un projet qui nous permette de l’utiliser à bon escient”, expliquent les deux artistes. “Ces paroles font sens pour la plupart des gens qui viennent visiter les expositions du centre Pompidou. Pour nous, c’est une manière de poursuivre notre questionnement sur l’institutionnalisation du graffiti.”

Lek & Sowat – Photo : Nicolas Gzeley

L’œuvre restera visible jusqu’à l’été prochain, accueillant ici et là les graffitis et affiches qui viennent s’y greffer, résistant tant bien que mal aux manifestations et autres scènes d’émeutes dont la capitale est parfois le théâtre. La palissade porte d’ailleurs quelques stigmates des événements du samedi 16 novembre dernier. “Dès le début du projet, les équipes du musée nous ont indiqué que cette partie du bâtiment était propice à toute sorte d’inscriptions sauvages”, précisent Lek & Sowat. “C’est la raison pour laquelle nous avons opté pour une typographie simple, qui crée des espaces pour éventuellement recueillir les graffitis inhérents à toute intervention dans l’espace public. Nous voulions que ce soit monumental, que cela s’insère au maximum dans le décor tout en respectant la nature même du lieu.”

Lek & Sowat – Photo : Nicolas Gzeley

“Lek & Sowat, j’aurais voulu être un artiste, 2019, peinture aérosol sur palissade anti-graffiti – 1,75 x 280 mètres, intervention in situ, centre Pompidou, Paris, copyright Lek & Sowat” : voilà ce que les visiteurs peuvent désormais lire de chaque côté de la palissade, soit 280 mètres de long. Au-delà du message, c’est avant tout une œuvre que les deux artistes ont réalisée ici. Une œuvre en forme de cartel. Car si, dans le graffiti, le nom est l’objet, ici le cartel fait l’œuvre. “Lorsque, il y a quelques années, nous avions fait don au Musée national d’art moderne de l’œuvre collective Tracés Directs, nous nous étions aperçus que le cartel est quelque chose de très codifié”, poursuivent Lek & Sowat. “C’est en quelque sorte l’interprétation scientifique d’une œuvre dans le langage de l’institution que nous avons mise au centre de notre intervention.”

Texte, photographies et vidéo : Nicolas Gzeley

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