Le festival Scènes du 6 : « une sorte de prolongement naturel du 6b »
Lieu incontournable de la création et de la diffusion artistique à Saint-Denis, le 6b accueille prochainement son tout premier festival d’arts vivants. Espace aux identités artistiques plurielles, c’est le spectacle vivant qui est mis à l’honneur du 21 au 23 novembre. Clyde Chabot, metteure en scène et résidente au 6b, ainsi qu’à Verrières-le-Buisson, nous offre un avant-goût d’un projet riche et ambitieux, reflet d’un véritable engagement collectif.
Le festival Scènes du 6 lance sa première édition. Qui sont les personnes à l’origine de sa création et quelles sont les raisons qui les ont poussés à l’organiser ?
L’envie de réunir les artistes du spectacle vivant autour d’un même projet existe depuis très longtemps. Reconnu pour ses festivités, le 6b recèle d’artistes du spectacle vivant. Il s’agit donc de mettre en lumière une partie de ce qui existe secrètement au sein du lieu.
Cette envie est devenue une réalité grâce à un concours de circonstances. Cinq artistes des arts vivants se sont réunis en juillet dernier au 6b : Estelle Bertin, Mathilde Gourdol, Jackson Thélémaque, Anissa Zaoui et moi-même. En mai dernier, j’ai eu le plaisir de prendre part, avec d’autres artistes du 6b, à un cabaret organisé par Estelle Bertin, également résidente au 6b. L’organisation de ce cabaret aux propositions éclectiques (textes, chorégraphies, concerts), nous a permis d’entrevoir la possibilité de concrétiser notre envie commune de mutualiser nos projets respectifs. Ma collaboration avec Jaeseon Moon, chorégraphe coréen, qui avait accueilli notre installation participative internationale à Séoul en 2014, et que j’ai eu le plaisir d’accueillir en 2013 au 6b, nous a manifesté son désir de revenir.
Les prémices du festival se sont alors esquissés. Une quinzaine de structures ont peu à peu pris part à l’organisation du festival. 17 propositions artistiques en résultent.
Combien de temps a duré la préparation du festival ?
L’organisation a débuté en juillet, puis elle s’est poursuivie les mois suivants au cours de réunions. Nous avons disposé de très peu de temps, mais cela n’a pas joué en notre défaveur car cette envie naturelle de nous rapprocher a permis une belle coordination. Estelle Bertin et Mathilde Gourdol ont travaillé ensemble sur certains projets artistiques et ont largement œuvré à l’orchestration de toutes les propositions qui auront lieu dans les différents espaces du 6b. Les spectateurs pourront ainsi profiter pleinement des propositions artistiques, puisqu’aucune des manifestations ne se chevauchent.
Les structures du 6b ont-elles collaboré ensemble pour produire certaines performances ?
Oui, comme la compagnie d’Estelle Bertin (Compos Sui) et la compagnie des Papillons Dans Le Ventre qui collaborent déjà régulièrement pour des spectacles jeunes publics. Le spectacle On se voit demain a été créé par les artistes des deux compagnies. Yslande et Guileinne Bossé collaborent pour le spectacle avec l’artiste Jackson Thélémaque. Dans l’ensemble, les artistes du 6b travaillent fréquemment ensemble sur différents projets.
Qu’est-ce qui distingue ce festival des autres festivals de spectacle vivant ?
Chacune des structures ayant participé au projet a sa propre identité. Il y en a pour tous les goûts et tous les styles. Les artistes du 6b sont vraiment différents. Ce qui nous relie : notre engagement, notre volonté de toujours interroger le monde et nos relations aux autres, au politique, à l’intime. Ces spécificités artistiques prennent forme de façon tout à fait diverse. Le 6b, c’est comme une sorte de miracle : les artistes ne se reconnaissent pas dans une esthétique ou une orientation spécifique et pourtant, l’engagement, la passion, le plaisir d’être dans ce lieu et de le faire vivre par le prisme du spectacle vivant nous permet de donner vie à ce festival.
Il y a beaucoup de représentations qui s’adressent au jeune public. Avez-vous mis en place des partenariats avec des écoles du territoire afin de les inciter à assister à ces performances artistiques ?
Des écoles du territoire ont effectivement répondu présentes et ce sont des établissements avec lesquels nous avons déjà tissé des liens auparavant. Cette démarche s’inscrit dans le prolongement de l’investissement du 6b sur son territoire, une implication tout au long de l’année. Le 6b encourage largement la venue des écoles en leur proposant des visites guidées d’exposition, des rencontres avec des artistes ou encore des ateliers de pratiques artistiques. Le bâtiment est donc régulièrement fréquenté et nous souhaitons proposer toujours plus d’activités et d’ouvertures culturelles.
Pouvez-vous affirmer que le 6b est pleinement intégré à son territoire ?
Le 6b propose aux dionysiens un accès permanent à des expositions d’art contemporain collectives. Dix expositions sont organisées chaque année, ce qui permet aux visiteurs de rencontrer directement les artistes. La programmation du 6b est riche et variée et son accès est gratuit. Des stages et des ateliers artistiques pluridisciplinaires sont régulièrement organisés et des espaces de travail, des salles de danse, mais aussi des studios (de répétition, de photographie), des salles de projections sont mis à la disposition de tous, à des prix défiants toute concurrence et ce, tous les jours 24h/24. Une quarantaine de résidents sont des habitants de Plaine commune. Le 6b et ses résidents sont également très présents lors des manifestations municipales. Enfin, nous nous inscrivons dans l’aménagement futur du quartier en pérennisant un équipement culturel local et en expérimentant des nouveaux modes de fabrique. Ainsi, le 6b contribue à faire rayonner la ville de Saint-Denis.
Propos recueillis par Marie Dibe
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