Kiki Smith à la Monnaie de Paris, une carte blanche exceptionnelle
Une centaine d’œuvres de l’artiste Kiki Smith ont investi les murs de la Monnaie de Paris pour notre plus grand bonheur. L’exposition inédite est à voir jusqu’au 9 février 2020.
Pionnier, engagé et harmonieux, le travail de Kiki Smith invite à la fois à l’introspection et à la contemplation du monde qui nous entoure. Au fil des salles, le public découvre les thèmes abordés par l’artiste : organe, peau, corps, animaux, nature et univers. Du microscopique au cosmologique, Kiki Smith met des images sur ce que nous ne saurions voir : notre existence au sein du cosmos ou encore notre lien étroit avec la nature.
L’art de Kiki Smith s’inscrit également dans une démarche féministe, comme illustré par Pyre Woman Kneeling. Avec cette sculpture l’artiste s’attaque au sujet des procès fait aux femmes accusées de sorcellerie pendant la Renaissance ayant conduit à des dizaines de milliers d’assassinat. Puissantes et en chair, les femmes de Kiki Smith ne sont pas objectifiées par un regard masculin.
Le parcours, pensé par l’artiste elle-même sous le commissariat de Camille Morineau, rend hommage à la large palette de médiums qu’elle maitrise : sculptures, tapisseries, cire, dessins et gravures sont au cœur de cette rétrospective. Par leur intermédiaire, Kiki Smith parvient à créer des œuvres pleines de sens, sans jamais tomber dans le superflu ou l’inaccessible. Sleeping, Wandering, Slumber, Looking About, Rest Upon (2009) qui ouvre l’exposition n’invite à rien d’autre qu’à déambuler parmi des sculptures géantes de femmes et de moutons dispersées dans le Salon Dupré.
Au sein de cet univers, l’artiste navigue et s’inspire de ces expériences personnelles aussi bien que de références culturelles et spirituelles. Ainsi, la religion catholique, dans laquelle elle a été élevée est prédominante à travers l’image de la Vierge Marie. L’importance de cette figure s’explique également par le lien qu’elle voit entre religion et art: « it’s one of my loose theories that Catholicism and art have gone well together because both believe in the physical manifestation of the spiritual world ».
L’artiste s’inspire également de son enfance et des contes qu’on lui a lus. Avec Rapture, elle représente une femme naissant d’un loup, clin d’œil au Petit chaperon rouge. Son intérêt pour les héroïnes de contes et son désir de montrer le lien fort entre femme et animaux a été insufflés par la découverte d’un tableau représentant Sainte Geneviève, patronne de Paris, entourée de loups et de moutons.
Ce qui frappe dans cette exposition inédite, c’est la capacité de l’artiste à réconcilier les contraires et à faire dialoguer des éléments habituellement montrés en opposition. C’est ainsi que féminin et masculin, religieux et profane, enfance et âge adulte se répondent avec harmonie tout en provoquant des émotions diverses chez le spectateur.
Agathe Pinet
Articles liés
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...
La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...