Étienne Piketty du label Pain Surprises : « Ici, c’est une nouvelle collaboration avec une autre forme d’art. »
Pour la première fois cette année, le Champs-Élysées Film Festival, festival de cinéma indépendant français et américain, qui s’est déroulé du 18 au 25 juin dernier, donnait carte blanche à cinq labels indépendants. Cinq labels, soit cinq playlists élaborées au préalable, qui ont tour à tour animé le rooftop du festival entre chaque showcase. Pour l’occasion, nous nous sommes entretenus avec Étienne Piketty, co-fondateur de Pain Surprises, jeune label indépendant parisien dont la playlist a été diffusée dimanche 23 juin, soit le même jour que le concert de Claire Laffut.
Est-ce que tu peux commencer par présenter Pain Surprises ?
Pain Surprise, c’est un label que j’ai monté avec des amis il y a cinq ans. Aujourd’hui, on est 3 à s’en occuper principalement. Moi, c’est Étienne, Petit Prince et Jacques [ndlr : deux des artistes du label] […].
Comment est-ce que vous définissez votre ligne artistique et choisissez vos artistes ?
Et bien, c’est très simple. Souvent, ce sont des potes de potes qu’on nous présente ou des artistes aux univers super forts. On cherche vraiment des gens qui ont des messages à faire passer […]. On cultive un peu la différence. On aime les personnalités à part et on ne cherche pas le concept pour le concept.
Comment avez-vous été approchés par la directrice artistique et événementiel du Champs-Élysées Film Festival, Justine Lévêque ?
Je ne sais même plus … Ah, ce n’est pas très sexy comme histoire mais je crois qu’on a juste reçu un mail, auquel on a répondu. Elle [la directrice artistique] s’est intéressée aux labels parisiens indépendants qui ont de la visibilité en ce moment […].
Quelle a été votre réaction ?
En général, quand on nous propose des trucs comme ça, on regarde un peu ce que c’est. On trouvait le projet intéressant : un festival sur les champs, c’est rigolo. Puis, pour être honnête, le ratio travail/visibilité était avantageux, donc on a accepté. Tout n’a pas besoin d’être compliqué dans la vie.
Comment avez-vous effectué votre sélection pour cette playlist ?
Sur la playlist « NEW RELEASES » sur Spotify, tu trouveras tous les morceaux qu’on veut mettre en avant. Pour dimanche, l’idée, c’était de retracer toute l’histoire de Pain Surprises, du premier morceau qu’on ait sorti, avec Jaberrocky (« Photomaton ») […], parce que c’était un gros morceau qui a eu du succès, jusqu’à la collaboration entre Jacques et Agoria, « Scala », etc. Il y a aussi des morceaux très cool comme Miel du Montagne et Petit Prince, ou un plus expérimental comme Salut C’est Cool, Jacques, Petit Prince, etc.
Votre playlist sera diffusée dimanche, soit le même jour que le showcase de Claire Laffut, autrice-compositrice-interprète, mais également artiste-peintre et plasticienne. Que penses-tu de ce choix ? Est-il en accord avec les artistes de votre label selon toi ?
[…] Sa musique ne correspond pas vraiment à mon univers mais je trouve toujours ça plus intéressant, un.e artiste qui touche à tout. Ça montre que la personne a des choses à raconter. Je trouve ça bien, car la musique, ça s’arrête quelque part […]. Aucun artiste de notre label ne fait que de la musique. Par exemple, les artistes Salut C’est Cool font aussi des expositions, qui touchent à des formes d’art comme le ready man et le dadaïsme. Quant à Jacques, il fait en sorte que sa musique ait un message […]. Par exemple, sur son premier disque « Tout est magnifique » [Ndlr : son premier EP sorti en février 2015 chez Pain Surprises], il utilise des objets de tous les jours, comme une casserole, pour en sortir des sons nouveaux et les sublimer. Et oui, la casserole n’est pas qu’un objet pour faire des pâtes […]. Il fallait juste s’en rendre compte.
Un peu comme Marcel Duchamp et sa fameuse « Fontaine » (1917), finalement.
C’est ça […].
Quel est votre positionnement par rapport aux autres labels indépendants sélectionnés (à savoir Because Music, Cracki Records, Entreprise et Pan European Recordings) ?
On est exactement dans cette zone des labels qui font tout tout seuls, à l’inverse de. Contrairement à certains labels comme Pan European ou Cracki, qui sont parfois en deal avec des majors, on fait tout tout seuls, on ne fait appel à aucune maison de disques. Parmi tous ces labels, on est peut-être les plus indépendants. Mais, ce sont tous des labels avec qui on s’entend très bien, avec qui on a déjà collaboré sur certains projets, et dont on respecte les artistes. Par exemple, Flavien Berger, qui est chez Pan European, a participé à l’album des Salut C’est Cool et a d’ailleurs fait un feat avec eux [Ndlr : « On ne peut pas revenir en arrière », extrait de l’album « Maison » sorti en 2019].
Qu’est-ce que cela fait d’avoir intégré la programmation musicale de ce festival de cinéma indépendant ?
C’est assez intéressant car cela casse les barrières. On est content de pouvoir côtoyer d’autres formes d’art. C’est ce qu’on fait, nous, dans le label, car quand tu es un label de musique, tu fais tout à la fois : de la vidéo, de l’image, du spectacle vivant, … Donc, ici, c’est une nouvelle collaboration avec une autre forme d’art.
Et le fait d’être un des cinq premiers labels à avoir eu carte blanche ?
On oublie jamais sa première fois.
Propos recueillis par Laura Gervois.
À découvrir également sur Artistik Rezo : Champs-Élysées Film Festival : liberté, découverte, partage de Léna Wattez
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