« Kirina », l’épopée mandingue, chantée et dansée pour et par tous
Imaginé et chorégraphié par Serge Aimé Coulibaly, un opéra chorégraphique mandingue met la marche à l’honneur, sur des airs sublimes signés Rokia Traoré. La vedette mondiale de la chanson malienne, les musiciens et les danseurs accueillent des dizaines de marcheurs amateurs. Ancrée dans la légende, cette marche vers l’avenir arrive à La Villette.
Une épopée, une pièce en marche, des chants mandingues dans des paysages mythiques : le récit fondateur de la bataille de Kirina réunit, huit siècles après les événements, le chorégraphe Serge Aimé Coulibaly et l’écrivain philosophe sénégalais Felwine Sarr. Ensemble ils ont ré-imaginé les effets de cette bataille du 13e siècle, épopée fondatrice du royaume mandingue. « Mais nous faisons finalement une pièce sur le monde actuel », insiste Coulibaly.
C’est d’autant plus vrai que le plateau est occupé, outre les neuf danseurs de la compagnie Faso Dance et les six musiciens et chanteuses sous la direction de Rokia Traoré, par quelques dizaines d’amateurs. Et on ne transforme pas aussi simplement des citoyens d’aujourd’hui en Malinkés d’il y a huit siècles. Quand les batailles font rage, les peuples se mettent à marcher. Sur le plateau, ils marchent en cercle, comme toute personne perdue dans le désert. Ils traversent le plateau, d’est en ouest, d’ouest en est, tels des migrants épuisés.
« Kirina » fait le lien entre la mémoire collective en Afrique de l’Ouest et la quête actuelle d’un avenir consolateur. Entre un peuple qui marche et l’histoire en marche, entre Sundjata Keita, le fondateur du Mali et Moïse. Ces liens se font par la musique, le désert et le corps. L’univers musical de Rokia Traoré, incarné par quatre musiciens et deux chanteuses, fait résonner les paysages mythiques jusque dans nos villes. Cependant, « Kirina » ne ressemble pas à un concert chorégraphique. L’amplitude est celle d’un opéra dansé.
Serge Aimé Coulibaly envoie les solistes de sa compagnie Faso Danse dans des combats qui se veulent symboliques ou métaphoriques. Les solos de Sayouba Sigué en guerrier et seigneur de la mort, sont à couper le souffle. Ce danseur « étoile de Ouaga », ici également assistant à la chorégraphie, travaille avec Coulibaly depuis douze ans. « La marche reprend. Loin de Kirina. Aux corps elle cède la parole. Elle part de Ceuta et Melilla, d’Agadès… » écrit Felwine Sarr. Arriveront-ils à vous entraîner dans leur marche ?
Thomas Hahn
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