Les graffitis pourris ont un livre !
Se faire remarquer tout en restant inconnus et ne pas se faire prendre, telle sera l’ambition de l’auteur pour ces anonymes et pour lui-même. Ces messages de rue, forts, frappants, directs, drôles, accessibles à tous, traduisent une impulsion, une humeur, une constatation ou une revendication.
Eux, qui n’avaient pas vocation à être durables, sont ici mis au premier plan. Nommés « pourris » dus à leur forme brute, mais aussi pour l’absence de volonté du simple geste décoratif, car, en réalité, seul le message compte ici.
Tout d’abord, considérée comme du simple vandalisme, cette pratique subversive et risquée car répandue sur les ponts, les hangars, les tunnels et les métros, est ici rassemblée dans cet ouvrage. Et comme de nombreux artistes de street art, l’auteur ne signera pas non plus et laissera uniquement la matière être au premier plan.
Mais, l’art est avant tout politique. De tous temps, les artistes ont encensé ou au contraire, dénoncé les dérives des gouvernement et des puissants. Le graffiti est par là-même très souvent présent pour révéler des choses légères ou graves, il trouve évidemment les murs de la rue comme vecteur idéal pour être vu par le plus grand nombre. La rue est son premier moyen d’expression, comme cela devrait être également le premier lieu d’exposition de l’art en général.
Paradoxalement, aujourd’hui, l’art urbain tend à se développer dans les galeries, tandis qu’il disparait de nos rues. Or, dans de plus en plus de grandes foires, l’art se trouve à l’extérieur, il doit être vu par tous et ne surtout pas être caché, ni réservé à une élite. Il y a donc une dimension militante dans ce que choisit de montrer l’auteur : écarter toute censure et défendre l’opprimé qui, rarement, a l’opportunité d’afficher ses pensées et convictions.
Ainsi, on conserve des traces de l’éphémère et quel meilleur moyen pour donner vie à tous ces anonymes….
Texte de Philippine Fuchs
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