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Salon de Montrouge, Camille Sauer et Anne-Sarah Bénichou

L’homme sans aveu, sculpture participative. Bois, métal, peinture, Camille SAUER, 2018 © André An, Adagp.

La 64e édition du Salon de Montrouge ouvre ses portes au public à partir du 27 avril jusqu’au 22 mai afin de présenter le travail de jeunes artistes de la scène contemporaine, nous en avons rencontré une, Camille Sauer, ainsi que la galeriste Anne-Sarah Bénichou qui l’accompagne sur ce projet.

A-S + C : Pouvez-vous me raconter votre parcours ?

Portrait d’Anne-Sarah Bénichou, © Jean Picon

A-S : J’ai ouvert la galerie il y a trois ans, et j’ai eu un triple cursus lettre / histoire de l’art et école de commerce. J’ai ensuite eu plusieurs expériences en galerie d’art moderne et contemporain et en maison de vente chez Christie’s.

Installation permanente de Camille Sauer, Station F, 2018 © André An, Adagp.

C : J’ai commencé par une école d’architecture et design dans le sud de la France. Puis je suis venue sur Paris pour faire une année de prépa et intégrer l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris.

A-S : Votre rencontre s’est effectuée lorsque Camille a été sélectionnée par le Salon de Montrouge, pouvez-vous nous dire quelques mots à propos de ce rdv annuel ?

Moi c’est la 3e année que je fais partie du jury, depuis qu’Ami Barak et Marie Gautier ont repris la direction du salon. C’est réellement aujourd’hui un tremplin permettant aux jeunes talents de la scène française d’être confronté et présenté aux institutions et aux galeries.

A-S : Comment départage-t-on autant de dossier (2000) pour en arriver à 50 sélectionnés ?

Il y a une 1re sélection qui est faite par la direction du Salon avec l’équipe de Montrouge qui sélectionne la moitié des dossiers, c’est réellement difficile de départager tout ces talents. Ensuite les dossiers sont répartis par binômes au comité de sélection (10 personnes) qui les regarde attentivement. Il y a ensuite un vote et une réunion collective où l’on en discute tous ensemble.

C : Quel projet leur avez-vous soumis, pouvez-nous le décrire ?

J’ai transmis mon portfolio. Je prépare un projet qui s’intitule I like society and society likes me. Il regroupe une œuvre vidéo, une installation interactive et une performance que je réaliserai de manière ponctuelle. Ce projet traite du statut de l’artiste et de sa condition au sein du monde et de la société. C’est également un clin d’œil à l’œuvre de Joseph Beuys qui s’intitule I like America and America likes me. Il y aura en premier lieu la vidéo. Elle donne à voir l’artiste qui se questionne sur sa propre position face au monde. Je suis partie de cette idée que l’artiste était un animal social… mais pas que. Et c’est ce « pas que » qui est essentiel. En marge de cette vidéo qui tournera en boucle, je me mettrai au travail par la performance. Pour ça, j’ai réalisé un costume de société que je porterai et qui est constitué de trois plateaux de jeux. Il y a ainsi l’idée que l’artiste s’expose et engage une réflexion par le biais de son costume social et devient le support de l’œuvre. 

Extrait de la vidéo I like society and society likes me, 2019 © Camille SAUER, Adagp.

Il y aura également une sculpture interactive « L’homme sans aveu » qui sera mise à la disposition des spectateurs. Cette oeuvre c’est l’histoire d’un pion hors échiquier, celui du marginal illégitime, de l’artiste. Il interfère avec une partie d’échecs en cours pour y introduire du hasard. J’aime l’idée de faire de l’espace d’exposition un espace de travail. Du coup, Comment être au monde ? Comment être en société ? Que suis-je capable de créer ? Qui suis-je finalement? C’est tout l’enjeu de ce projet. 

Vous vaincrez sans convaincre, sculpture participative. Bois, métal, peinture, Camille SAUER, 2018 © André An, Adagp.

C : Dans vos créations on retrouve des couleurs (noir et rouge) très récurrentes, pourquoi ce choix / ce besoin ?

Pour des questions symboliques avant tout, c’est à la fois la pulsion de vie et la pulsion de mort, et il y a aussi du blanc pour tout équilibrer. J’y vois aussi la notion de musicalité. Durant l’Antiquité, la présence de notes rouges pouvaient à elles toutes seules bouleverser une partition de musique. Le rouge et le noir, c’est aussi en politique, l’anarchisme avant et après la commune. 

L’homme sans aveu, sculpture participative. Bois, métal, peinture, Camille SAUER, 2018 © André An, Adagp.

A-S + C : Comment se fait-on connaitre aujourd’hui en tant qu’artiste / galeriste ?

C : Je ne pense pas qu’il y ait de formule gagnante. La première question à se poser c’est, quelle est la posture qui me correspond? Est-ce que je suis ok avec ma propre politique? Est ce que ce que je fais est suffisamment réel pour moi? Ensuite il y a l’endurance et la créativité. Et puis, il faut insister par dessus tout. Insister et rester suffisamment curieux et libre. En fait tout est lié à la condition qu’on se construit pour exister. C’est cette condition qui contribue à la valeur de notre travail.

A-S : Je me permet de rebondir, je pense aussi qu’un jeune artiste pour se faire connaitre il faut une galerie. L’enjeu de ce Salon c’est aussi de trouver des relais de monstration du travail. En tant que galerie, je n’ai pas de recette non plus, de mon coté c’est passé par le fait de miser sur peu d’artistes mais des artistes de qualité, déjà renommés et installés. Je conçois chaque exposition comme je pourrais le faire si je dirigeais un centre d’art avec un réel travail sur le contenu.

Valérie Mréjen, vue d’exposition Lettres d’un inconnu, Galerie Anne-Sarah Bénichou, Paris, France, du 30 mars au 11 mai 2019, courtesy de l’artiste et de la galerie Anne-Sarah Bénichou

A-S : Comment choisissez-vous les artistes que vous exposez ? Vous avez une particularité de créer également des expositions collectives, comment cela se met en place ?

Le choix des artistes qui ont entre 35 et 90 ans se fait uniquement par affinité, sensibilité, et la qualité du travail.J’aime beaucoup faire des expositions collectives parce qu’une galerie n’est pas juste un lieu pour vendre mais aussi un lieu de construction de la scène contemporaine, de l’art contemporain et de la pensée sur qu’est ce que l’art. Quand je fais une exposition collective j’essai d’axer ça sur une thématique, et avoir une réelle réflexion.

Vue d’exposition « J’allai ce soir fumer une cigarette sur le sable au bord de la mer » avec Julien Creuzet, Miosa Echard, et Daniel Otero Torres, Galerie Anne-Sarah Bénichou, Paris, France, du 26 mai au 22 juillet 2018, © Daniel Otero Torres, courtesy des artistes et de la galerie Anne-Sarah Bénichou

C : Camille, vous avez un projet d’association appelé Interférences, pouvez-vous nous expliquer ce projet?

Oui bien sûr, Interférences est une association que j’ai monté avec Grégoire Prangé, co-fondateur de Jeunes critiques d’art qui est un collectif d’écrivains bénévoles qui cherche à développer une critique libre et engagée. Nous avions envie de donner du souffle à la culture et d’initier de nouvelles formes d’actions culturelles sur la scène contemporaine. 

Au sein de cette même association, une équipe est chargée de l’organisation d’un évènement annuel qui sera lancé en Septembre 2020 et qui s’appelle «la Nuit des Interférences ». Il s’agit d’un parcours de co-création dans le 13ème arrondissement de Paris, qui réunira une quinzaine d’artistes dans l’environnement urbain pour réaliser des interventions artistiques ponctuelles.

Une seconde équipe gère une boîte de production exécutive qui s’appelle Quelque chose de neuf (QQ29). Nous sommes partis du constat que beaucoup d’artistes attendaient le retour d’appels à projet ou étaient dans l’attente d’un financement pour passer à l’acte. Donc nous leur fournissons une forme de kit (assistance physique, technique, financement, com, presse…) pour permettre la bonne réalisation du projet. QQ29 organisera environ une dizaine d’évènements par an et complètera l’action de la nuit des interférences. Interférences, c’est aussi un moyen de réunir et de faire intervenir plus d’une centaine de professionnels dynamiques du secteur culturel, soit les acteurs culturels d’aujourd’hui et de demain. Par le biais d’interférences, on cherche à initier de nouveaux moyens pour entreprendre et faire de la culture.

A-S + C : Avez-vous des sorties culturelles ou évènements récents qui vous ont marqué ?

C : Pour moi, c’était aux Pays-Bas, il y a deux ans avec la grande exposition sur le mouvement de Stijl.

A-S : La dernière belle exposition engagée et poétique que j’ai vu est celle sur La Lune au Grand Palais. 

A-S + C : Quel sont vos futurs projets ? Expositions ?

A-S : De mon côté je viens d’ouvrir une exposition de Valérie Mréjen d’un projet conçu en 2018 autour d’une correspondance d’active entre un père et son fils en 1923. Une exposition immersive avec une vidéo, des oeuvres sur papier, des dessins… Le prochain grand évènement du printemps est le Paris Galerie Weekend qui regroupe 50 galeries qui ouvrent leur porte pendant un weekend, les 17 / 18 et 19 à Paris avec des rencontres, des évènements, des performances…. A cette occasion j’ouvrirai une exposition thématique de Bernard Venet autour de la ligne. Ses oeuvres dialogueront avec 4 autres artistes.

Bernar Venet, Courbe continue, 2018, acier coupé au chalumeau, 223 x 251 x 3,5 cm, © Jérôme Cavalière, courtesy Archives Bernar Venet, New-York, et galerie Anne-Sarah Bénichou

C : J’en ai plusieurs, voici les expositions à venir : 

Regarder le corps des femmes – Exposition collective / Immix Galerie
116 Quai de Jemmapes, 75010 Paris
Du 19 avril 2019 au 18 mai 2019

Composer le réel – Camille SAUER et Marion MOSKOWITZ / Galerie De l’OpenBach
8 Rue Jean Sébastien Bach, 75013 Paris
Du 27 mai au 1er juin 2019

Expositions des diplômés – Palais des Beaux-Arts
13, quai Malaquais 75006 Paris
Du 25 au 29 juin 2019

Exposition des félicités – Palais des Beaux-Arts
13, quai Malaquais 75006 Paris
Du 25 au 29 juin 2019

Interview réalisée par Mona Dortindeguey

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